Aujourd’hui les critiques montent en Occident contre les sanctions mises en place après l’agression russe contre l’Ukraine, avec le vigoureux encouragement de la propagande du Kremlin. Ces sanctions, on s’en souvient, ont été adoptées afin « d’affaiblir la capacité du Kremlin à financer la guerre et d’imposer des coûts économiques et politiques évidents à l’élite politique de la Russie qui est responsable de l’invasion ». On nous dit ces derniers temps qu’elles sont inutiles, qu’elles ont plus nui aux économies occidentales qu’à l’économie russe. Qu’en est-il vraiment ?
Le FMI veut nous faire croire qu’en 2024, la croissance de l’économie russe devrait être supérieure à celle de la zone euro. On se demande sur quoi il se fonde, alors que le Kremlin a classifié nombre d’informations sur la situation économique, y compris, tout récemment, les données concernant le volume de la production et les exportations de Gazprom. Dmitri Peskov a justifié la restriction de l’accès aux statistiques économiques par la guerre hybride menée par les Occidentaux contre la Russie. De plus, on ne saurait comparer le PIB d’un pays en guerre avec celui d’un pays en paix : la production de chars et de missiles n’est pas la production de richesses. Comme à l’époque soviétique, il vaut mieux se fonder sur les observations sur le terrain et des indices qui peuvent en dire long. Ainsi, la production automobile s’est effondrée de 96,7 % en mai 2022, elle est maintenant inférieure à ce qu’elle était dans les années Brejnev ; la vente de voitures neuves a baissé de 60 %. Actuellement, l’industrie pharmaceutique connaît une crise grave. Les importations sont loin de compenser entièrement la baisse de la production, les substitutions aux importations ne fonctionnent pas aussi bien que veut nous le faire croire la propagande. L’embargo pétrolier et le plafond des prix seront « un nouveau choc économique qui pourrait réduire considérablement le niveau d’activité économique dans les mois à venir », selon les analystes de la Banque centrale russe (6 janvier 2023). Au total, en 2022, les Russes ont transféré à l’étranger 63,7 milliards de dollars (contre 5,4 milliards en 2021) : « Cela est sans précédent. Cela veut dire que la population a transféré une partie de son épargne, soit en espèces, soit en roubles, soit à l’étranger. Ce n’est pas très bon pour le pays et pour le système, car il s’agit d’une sortie nette de capitaux du pays », a déclaré l’économiste Mikhaïl Zadornov, ancien directeur de la banque Otkrytié.
N’oublions pas que le régime de Poutine était accoutumé à vivre sur un grand pied, il avait très tôt pris l’habitude de résoudre ses problèmes, et de réaliser ses desseins, en Russie et à l’étranger, en arrosant d’argent les parties concernées. La « verticale du pouvoir » poutinienne est une structure clanique qui tient grâce au partage du butin, au « raspil ». Ce sont les fameuses « agrafes » du pouvoir russe. Assécher les finances de Moscou c’est compromettre toute la pyramide du pouvoir du Kremlin, y compris les réseaux d’influence à l’étranger. Il est clair ces temps-ci qu’un Kadyrov s’inquiète du tarissement des flux financiers fédéraux : dans une interview récente le satrape de Grozny reprochait aux Occidentaux de ne pas avoir soutenu la Tchétchénie au moment où elle luttait pour son indépendance, puis justifiait son choix de collaborer avec la Russie en affirmant que la Tchétchénie ne pouvait être autosuffisante, elle avait besoin de subventions pour fonctionner (en janvier 2022 il s’est vanté que le centre fédéral versait 375 milliards de roubles par an à la Tchétchénie). Ces propos peuvent être interprétés comme un discret chantage sur Moscou au cas où le Kremlin s’aviserait de réduire les subsides à la Tchétchénie.
Il faut prendre en compte un autre facteur. À mesure que la Russie s’enfonce dans la guerre, les pressions pour une bolchevisation de l’économie vont devenir plus insistantes. Prigojine se taille déjà une belle popularité dans certains milieux en préconisant de « dékoulakiser » les riches. La dérive vers le « Kriegssozialismus » cher à Lénine ne peut qu’accélérer le dépérissement de l’économie russe.
Venons-en aux critiques de fond formulées à l’égard des sanctions. L’une des plus sérieuses est celle selon laquelle les sanctions font en réalité le jeu de Poutine qui rêve de couper la Russie de l’Occident. Effectivement, depuis 2004 le régime poutinien se prépare à un affrontement avec l’Occident, sur le plan de la politique intérieure et celui de la politique étrangère. Écoutons Vladislav Sourkov, à l’époque l’idéologue en chef du poutinisme : « Le but principal de l’intervention [étrangère] est l’anéantissement de l’État russe. […] Nous devons tous prendre conscience que l’ennemi est à nos portes. La ligne du front traverse chaque ville, chaque rue, chaque maison… Et dans notre pays assiégé s’est formée une cinquième colonne de radicaux de droite et de gauche1 ». Cette citation date de… 2004. On y trouve déjà cette conception de la Russie comme une citadelle assiégée. Celle-ci dicte tout un programme politique qui sera méthodiquement mis en œuvre et qui culmine après le 24 février 2022. L’oligarchie tchékiste devenue régnante à l’avènement de Poutine est traumatisée par deux expériences récentes, la décomposition du parti sous Gorbatchev, l’état de dépendance économique de la Russie à l’égard de l’Occident sous Boris Eltsine. Elle pense que l’État doit avant tout être monolithique, compact, autosuffisant, car l’ennemi s’infiltre par la moindre fissure pour réaliser son projet de corruption et de démembrement. Pour cela le régime s’est d’abord assuré le contrôle des secteurs vitaux de l’économie, et tout en travaillant chez lui à parvenir à l’indépendance économique, il s’est efforcé de créer une situation de dépendance énergétique de l’Europe. Durant la période 2005-2007, Vladislav Sourkov formule le concept de « démocratie souveraine ». La « démocratie souveraine » est opposée à la démocratie libérale des pays occidentaux, la bête noire du Kremlin. La traduction dans la pratique de ce slogan consiste à se mettre en position de faire chanter l’Occident et de le menacer, et en même temps de mettre la Russie à l’abri des représailles éventuelles de l’« Occident collectif » en travaillant à l’organisation d’une « alliance du ressentiment », regroupant les pays dans lesquels il est possible de faire vibrer la corde anti-occidentale. On n’a pas vu chez nous que la logique d’expansion est inscrite dans le concept de « démocratie souveraine », ni que la Russie n’était une économie de marché qu’en surface. Pour le clan du Kremlin l’économie se réduit au contrôle de la rente par le groupe dirigeant, manne ensuite distribuée aux favoris du jour dans l’intérêt de la clique régnante. C’est une économie de prédation, qui explique l’obsession des dirigeants du Kremlin pour l’acquisition de nouveaux territoires. L’économiste Inozemtsev disait récemment que les hommes du Kremlin raisonnaient comme les princes au XVIe siècle. Seuls comptent à leurs yeux l’espace contrôlé et les populations annexées. Et plus la Russie se laisse happer par le mirage de l’autosuffisance, plus devient pressante son aspiration à recréer un empire peuplé de sujets soumis, un empire auréolé de territoires sous influence.
Le volet principal de la politique de Poutine après les élections de 2012 est la « nationalisation » des élites russes. Poutine veut rendre ces élites totalement dépendantes du pouvoir en les forçant de couper leurs liens avec l’Occident car, comme l’expliquera plus tard le journaliste Igor Moisseev, « dès que vous vous connectez mentalement à l’Occident, que vous y envoyez vos enfants pour y étudier, y achetez un bien immobilier et délocalisez vos actifs, vous êtes condamné à être un russophobe et un ennemi idéologique de la Russie. C’est inévitable. » L’annexion de la Crimée est un premier pas vers la création de cet empire tendant vers l’autosuffisance dont le président russe fait désormais son dessein. Mais attention : le grand espace sous hégémonie russe dont rêve alors le cercle du Kremlin comprend l’Europe, ce qui garantirait que l’expansion russe ne se traduira pas par une chute du niveau de vie et, bien plus important, par la fermeture de l’accès aux technologies militaires occidentales. En septembre 2015, Dmitri Medvedev réaffirme la vocation européenne de la Russie et plaide pour la création d’un « espace économique uni » sur le continent européen. Le Kremlin est encouragé dans ses vues par la faiblesse des sanctions introduites après l’annexion de la Crimée et notamment, par le fait que malgré l’embargo sur les exportations d’armes imposé par l’UE en 2014, trois pays européens ont vendu des armes à la Russie pour une somme de 350 millions d’euros, la part de la France s’élevant à 152 millions d’euros, notamment des bombes et des missiles. Tout cela va prodigieusement enhardir le président Poutine et le décider à défier les États-Unis par son ultimatum du 17 décembre 2021 puis, devant le rejet de ce dernier par les Occidentaux, par l’invasion de l’Ukraine. Le président russe est persuadé que les Occidentaux ne réagiront que de manière symbolique, qu’il aura le beurre et l’argent du beurre, l’Ukraine et la technologie occidentale. L’adoption de sanctions véritables, de sanctions qui font mal, c’est-à-dire de sanctions qui entravent les vecteurs de la puissance russe, les finances, l’énergie et l’outil militaire, est donc une très mauvaise surprise pour le Kremlin.
Un autre argument formulé contre les sanctions, lié au précédent, veut que loin de se révolter contre Poutine, les oligarques sont devenus encore plus dépendants de lui, maintenant que leurs actifs à l’étranger sont gelés ou menacés. Ceci est vrai dans l’immédiat. Mais tous s’accordent à constater que la désaffection de ce groupe privilégié à l’égard de son chef est profonde. Poutine rétrécit la base sur laquelle repose son pouvoir, et il aura beau doubler les fonds alloués aux siloviki, comme il est prévu de le faire en 2023, ou s’appuyer sur des groupes paramilitaires, il ne pourra indéfiniment compenser par la répression l’aliénation des grands bénéficiaires de son système. C’est ce qu’a montré la fin de l’URSS, causée en grande partie par la désaffection de la classe dirigeante. Certains notables russes dénoncent l’idéologie autarcique du « remplacement des importations ». Ainsi, Mikhaïl Zadornov a récemment déclaré : « Croire nous puissions tout produire nous-mêmes, même pendant un certain temps, relève bien sûr d’une illusion absolue ou d’un slogan politique. » En partie, la Russie pourra remplacer les logiciels importés, mais « nous n’avons jamais produit et ne pourrons pas produire certains équipements. Cela se traduira par un ralentissement du développement, y compris dans l’industrie pétrolière et gazière. » Même Sergueï Ivanov, un tchékiste proche de Poutine, membre permanent du Conseil de sécurité russe, a déclaré que la substitution des importations de « tout et n’importe quoi » était inutile et stupide, alors que tant de pays « amis » de la Russie ne demandaient qu’à la fournir. Aujourd’hui le tarissement des pétrodollars incite Poutine à se tourner vers les oligarques pour leur extorquer 250 milliards de roubles en contributions « volontaires ». Détail significatif, une première tentative en ce sens début février s’est heurtée à un refus. Du coup le gouvernement exige 300 milliards de roubles ! Il espère surtout contraindre les compagnies pétrolières à remplir les trous du budget. Or celles-ci profitent de l’embargo pétrolier de l’UE et du plafond des prix du pétrole russe pour vendre du carburant à des prix déclarés inférieurs aux prix réel, et planquent leurs bénéfices excédentaires dans des offshores à l’abri des autorités russes. La Russie vend 1,5 million de barils par jour à l’Inde. La différence entre le prix réel du pétrole et celui déclaré est estimée 1 milliard de dollars par jour, selon Bloomberg. Cet argent va aux transporteurs, ainsi qu’à de nombreuses sociétés intermédiaires créées pour contourner les sanctions, comme les Émirats arabes unis. Cependant, la Russie s’est constitué une « flotte fantôme » de près de 100 pétroliers, ce qui laisse des fonds entre les mains des entreprises russes.
Enfin faisons justice au troisième grand argument, mentionné plus haut, selon lequel les sanctions auraient affaibli les économies occidentales plus que l’économie russe. Là encore il faut réfléchir dans la durée : les pays occidentaux ont essuyé le choc de plein fouet en 2022, on peut dire maintenant que le sevrage à l’égard des hydrocarbures russes s’achève, alors que l’économie russe a encore à supporter le choc de la mise en œuvre de l’embargo gazier, du plafond sur les exportations de pétrole et de l’embargo sur les produits pétroliers. En janvier 2023, la Russie a accusé un déficit budgétaire énorme. Les dépenses ont augmenté de 60 % et les revenus ont chuté de 30 % comparé à janvier 2022. On nous dit qu’aucun blocus n’a jamais fonctionné. Mais il faut tenir compte de la spécificité du pouvoir russe, passablement indifférent à la condition misérable de son principal électorat, celui de la Russie profonde, et qui préfère voir les éléments les plus dynamiques et entreprenants de sa population quitter le pays plutôt que de risquer une fronde politique, mais pour lequel les instruments de projection de la puissance sont prioritaires. Déjà Barante, l’ambassadeur de Louis Philippe à Saint Pétersbourg à partir de 1835, notait avec finesse que le tsar était prêt à sacrifier l’amélioration matérielle de la condition de ses sujets si celle-ci devait amener un affaiblissement de l’autocratie : « Si le développement de la prospérité intérieure doit amener comme conséquence nécessaire une indépendance plus grande des sujets […], je crois l’empereur tout prêt à sacrifier l’accroissement commercial. Il voudrait que les marchands russes devinssent riches en restant humbles et en servile adoration du souverain2 ». Plus loin il résume l’éternel dilemme russe : « Le problème que l’empereur cherche à résoudre, c’est de développer en Russie le commerce et l’industrie, de façon à grossir le budget de l’État et à se montrer égal à l’Europe en se passant d’elle, mais de conserver en même temps l’obéissance, l’humilité, l’ignorance des marchands russes3 ». Ainsi l’obsession du contrôle policier pousse les dirigeants russes à préférer puiser leurs technologies à l’étranger plutôt que d’autoriser le climat de liberté indispensable à tout progrès. Si l’on parvient à déjouer les stratégies de contournement mises au point par le Kremlin, si l’on réussit à imposer aux compagnies étrangères la discipline qu’exigent les sanctions, l’embargo occidental menacera réellement le complexe militaro-industriel russe et donc, à terme, la politique de puissance de Moscou.
Certes, cela ne va pas sans difficultés. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine Dmitri Kouleba a accusé Auchan d’être « devenue une arme de l’agression russe ». Une enquête a révélé qu’Auchan fournissait des marchandises à l’armée russe dans les territoires occupés même après le 24 février. Il s’avère en outre qu’Auchan a collecté et transféré des données sur ses employés aux bureaux militaires de recrutement, même avant l’annonce de la mobilisation en septembre dernier, et que les employés d’Auchan ont reçu sur leur lieu de travail des assignations à se présenter. Mais si les Occidentaux entreprennent sérieusement de colmater les canaux des « importations parallèles » grâce auxquels le Kremlin se procure les éléments de haute technologie indispensables à ses missiles et ses chars, les sanctions deviendront insupportables, et la réaction politique ne tardera pas à se produire. On se souvient que la perestroïka gorbatchévienne est née du sentiment des dirigeants russes qu’ils étaient en train de perdre la course aux armements.
Surtout il faut évoquer une considération rarement prise en compte en Occident. Les sanctions peuvent avoir un salutaire effet pédagogique sur la population russe. Elles montrent que Poutine, loin d’être infaillible, s’est trompé lourdement. Loin de venir ramper à Moscou pour mendier la reprise des livraisons de gaz et de pétrole, comme le claironnait la propagande russe en 2021, les Occidentaux ont tenu bon et ont montré un front uni qui a estomaqué le Kremlin. Toute la conception cynique du genre humain que la propagande officielle avait inculquée pendant 20 ans aux Russes, selon laquelle les Occidentaux étaient vénaux et ne pensaient qu’à leur confort matériel, ne se drapant du prétexte de la défense des droits de l’homme et des valeurs européennes que par hypocrisie, toute cette conception a volé en éclats : les Russes ont pu constater que les Ukrainiens choisissaient de mourir ou de grelotter chez eux dans les ténèbres pour rester libres et que les Européens les aidaient sans compter pour cela même, et en raison de la distinction qu’ils faisaient entre le juste et l’injuste, le vrai et le faux. Autrement dit la fermeté sur la question des sanctions porte un coup de boutoir retentissant à tout l’édifice idéologique bâti par le régime poutinien, en rappelant que la liberté n’est pas un simulacre et un masque comme le prétendait l’arrogant Sourkov, même dans les sociétés de l’Occident dégénéré.
À force de critiquer les sanctions, l’Occident risque de négliger ou de sous-estimer le prodigieux atout qu’il a acquis au prix de tant d’efforts. Cet instrument devra être mis en œuvre à l’avenir quelle que soit l’issue de l’affrontement armé. Si la Russie s’empare de nouveaux territoires ukrainiens, elles devront être maintenues, voire alourdies jusqu’à ce que Moscou libère tous les territoires pris à ses voisins. On l’a vu, les sanctions compromettent le développement de l’outil militaire, de même que celui du secteur gazier et pétrolier, elles entravent les principaux vecteurs de la puissance russe. À partir de mars, la production de pétrole en Russie sera réduite de 500 000 barils par jour (ces derniers mois, la Russie produisait environ 9,8 à 9,9 millions de barils par jour), soi-disant pour soutenir les prix, en réalité faute d’acheteurs. Cette situation contraindra les dirigeants du Kremlin, les probables successeurs de Poutine, à faire des réformes pour obtenir leur levée, quelle que soit leur situation, défaite ou succès partiel. Ils tenteront dans un premier temps de donner le change par des concessions symboliques (la libération de Navalny et d’autres détenus politiques, par exemple).
C’est à l’Occident de ne pas se laisser berner, de tenir bon, et de ne lever les sanctions que lorsque la Russie aura démantelé la matrice autocratique de son régime, qu’elle sera devenue une véritable démocratie parlementaire, avec de vrais partis, un vrai fédéralisme, des libertés réelles, des médias exempts de propagande haineuse. On voit où nous a mené l’obsession de « ne pas humilier la Russie ». Les crimes commis sous Poutine ne doivent pas être balayés sous le tapis, comme l’ont été les crimes du régime communiste, avec le résultat que nous connaissons. Les Russes doivent comprendre que leur accès de folie nationaliste les a menés à une catastrophe historique telle qu’une surveillance de la communauté internationale devra être maintenue le temps qu’il faudra, comme ce fut le cas de l’Allemagne. Si l’Ukraine ne parvient pas à infliger une défaite militaire décisive à l’armée russe, la régression économique entraînée par le dispositif des sanctions mettra le nez des Russes dans le marécage où les a plongés leur « leader national ». Pour devenir de vrais Européens ils doivent connaître une évolution similaire à celle de la France et de l’Allemagne: les deux guerres mondiales les ont vaccinées contre le virus du chauvinisme et du militarisme, alors qu’en Russie la deuxième guerre mondiale a eu l’effet contraire. Afin d’imposer cette prise de conscience en Russie, hormis l’instrument militaire, nous ne disposons que de l’outil des sanctions. Ne l’abandonnons pas à la légère.
Études de lettres classiques, a séjourné 4 ans en URSS en 1973-8, agrégée de russe, a enseigné l'histoire de l'URSS et les relations internationales à Paris Sorbonne.