Marie-Christine Dalloz, la députée pro-russe

Marie-Christine Dalloz // France 3, capture d’écran

Dans les médias, dans l’édition, dans le monde politique, la présence de ceux qui combattent le « bellicisme » français au sujet de l’Ukraine, critiquent les soi-disant limitations de la liberté de la presse dans notre pays et aimeraient restaurer les relations de confiance avec Poutine, est de plus en plus visible. Constance Mercier revient ici sur le parcours de Marie-Christine Dalloz, députée LR, poursuivie depuis 2015 par la justice ukrainienne, et qui brigue sa réélection après que celle-ci a été annulée par le Conseil constitutionnel.

La députée sortante du Jura, membre des Républicains, vient de voir son élection annulée par le Conseil constitutionnel, au motif que son adversaire d’extrême droite, placé sous curatelle renforcée, était inéligible. L’élection partielle est fixée aux 30 mars et 6 avril.

Dalloz. Pour les étudiants en droit et les magistrats, le nom résonne comme une référence incontournable. Une maison d’édition vénérable, synonyme de codes, de jurisprudences et de rigueur juridique. Tout un héritage, incarné au XIXe siècle par le jurisconsulte émérite Désiré Dalloz, natif du Jura. Hélas, aucun lien de parenté avec notre députée jurassienne, qui, elle, semble entretenir un rapport beaucoup plus souple avec le droit. Surtout lorsqu’il est international.

En juillet 2015, elle se fait d’ailleurs une place dans le club très sélect des élus français partis en Crimée, région annexée par la Russie en violation du droit international. C’est ce que nous révèle Cécile Vaissié dans son livre précurseur Les réseaux du Kremlin en France. Bien sûr, officiellement, il s’agissait d’un voyage de « dialogue », euphémisme apprécié des diplomaties parallèles sulfureuses. Une simple visite de courtoisie, un dialogue avec l’occupant, en somme. En réalité, cette escapade était pilotée par Thierry Mariani, VRP zélé du Kremlin en France, accompagné de quelques autres figures habituelles de la droite souverainiste comme Jacques Myard, Nicolas Dhuicq, Jérôme Lambert, petit-neveu du défunt président Mitterrand.

mercier1
Marie-Christine Dalloz et d’autres membres de la délégation de parlementaires français en Crimée occupée, juillet 2015 // Euronews, capture d’écran

À Paris, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de l’époque, dénonce une « violation du droit international ». Mais à Kyïv, les autorités ukrainiennes sont encore plus remontées et, comme le révèle Le Progrès du 3 octobre 2015, décident de lancer des poursuites contre ces élus partis en territoire occupé. « On m’accuse aussi d’avoir utilisé une ligne interdite », se plaint la députée, en référence à un vol Moscou-Simferopol. Des poursuites sans conséquence, grâce à son immunité parlementaire.

Dans un souci de neutralité diplomatique, Marie-Christine Dalloz avait pris soin bien sûr de préciser qu’elle n’avait « à aucun moment fait de déclaration pro-russe ou pro-ukrainienne ». Bref, la Russie n’est pas coupable !

Néanmoins, elle a eu la délicatesse de soulever le poids de la situation économique : « Le budget français est déjà confronté au problème des deux navires de guerre, qui n’ont toujours pas été livrés », déplorait-elle. Poussée par son altruisme, elle s’était également inquiétée des sanctions contre la Russie, lesquelles, selon elle, « affectaient négativement l’agriculture française, qui a besoin d’exporter sa production vers la Russie ».

Ajoutons que, lors du vote à l’Assemblée nationale en faveur de l’accord de sécurité franco-ukrainien le 12 mars 2024, elle s’abstient, entraînant sa collègue LR du Jura, Justine Gruet, à l’instar des députés Rassemblement national, la France insoumise – soumise à Poutine – votant contre avec le parti communiste, toujours soumis à la Russie, lui aussi. 

Précisons aussi que Mme Dalloz est à l’origine, en octobre 2022, d’un amendement supprimant les avantages fiscaux des dons en faveur des associations de protection animale (Le Monde, 7 octobre 2022).

Au fait, un lointain prédécesseur, Edgar Faure, député du Jura des décennies durant, ministre sous tous les régimes, est présenté dans l’ouvrage d’un ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, édité en 2000 chez Calmann-Lévy, comme « un agent d’influence soviétique, puisque ses prises de position vont unilatéralement dans le sens des options de l’URSS », ce que, déjà, Thierry Wolton avait longuement démontré dans La France sous influence (Grasset, 1997).

Constance Mercier est un pseudonyme.

Quitter la version mobile