La mobilisation, un destin russe

Le philosophe politique russe Sergueï Medvedev vient de publier un livre, A War Made in Russia (Polity Press, juillet 2023), où il affirme que la guerre de la Russie contre l’Ukraine n’est pas une simple lubie de Poutine, mais le résultat de deux décennies de dégradation autoritaire et de ressentiment post-impérial, un point culminant du régime de Poutine et de l’ensemble de l’histoire impériale de la Russie. Avec l’autorisation de l’auteur, nous publions un chapitre de cet ouvrage en traduction française.

L’histoire se répète

« Nous pouvons le refaire! » rabâchait à l’envi la propagande russe depuis une bonne vingtaine d’années. En effet, l’histoire russe est revenue dans toute sa splendeur. Une première vague de mobilisation « partielle » a eu lieu en Russie, avec des images qui évoquent douloureusement les classiques de la littérature russe et du cinéma de guerre. Des foules d’hommes de tous âges — des jeunes et des moins jeunes, certains avec des cheveux blancs — habillés en civil, portant des sacs à dos et de pauvres valises, l’air bravache ou désemparé, accompagnés de parents et de proches, patientent devant un point de rassemblement ou bien attendent déjà sur le quai le départ de leur convoi. Des enfants pleurent, des femmes essuient leurs larmes en silence, les mobilisés fument et se passent une bouteille de vodka (beaucoup sont d’ailleurs ivres depuis déjà un moment), un orchestre joue laborieusement « Les adieux de la Slave »1, un prêtre bedonnant et barbu donne sa bénédiction en agitant une croix.

L’un après l’autre, sans se retourner, ils disparaissent dans la sombre embrasure du centre de recrutement militaire ou derrière la porte du wagon. Dans quelques semaines, quelques jours peut-être, vêtus d’un uniforme sommaire et armés de Kalachnikovs rouillées exhumées des stocks stratégiques, sans la moindre préparation ni le moindre entraînement, ils seront jetés « derrière la ligne », en Ukraine, postés dans des tranchées ou dans des véhicules blindés vieux d’un demi-siècle qui démarrent une fois sur deux, et iront tuer des Ukrainiens ou bien trouver eux-mêmes la mort, brûlés dans ces boîtes de fer, allongés dans la terre noire d’Ukraine, pourrissant sans jambes dans un hôpital de Rostov. 

Selon les prévisions des économistes Oleg Itzkhoki et Maxim Mironov, les pertes parmi les nouvelles recrues seront beaucoup plus élevées que celles de l’armée régulière : elles seront comparables aux pertes subies par les troupes de la « République populaire de Donetsk » autoproclamée qui, selon le service du renseignement britannique, représentent 55 % des effectifs initiaux. On estime qu’au cours des six prochains mois, 60 à 70 % des mobilisés russes seront tués (15 à 20 %) ou blessés (45 à 50 %). Tourne, tourne, roulette russe !

On prend tout le monde sans distinction. À Oulan-Oudé, en Transbaïkalie, on est venu chercher les étudiants directement dans les classes ; en Bachkirie, l’orchestre philharmonique a été mobilisé ; à Zelenograd, près de Moscou, on enrôle des centaines d’employés d’entreprises de microélectronique, notamment des fabriques de puces Angstrem et Mikron, si bien que leurs directeurs écrivent des lettres paniquées au ministère de la Défense, dénonçant l’étranglement d’un secteur stratégique. Des ordres de mobilisation parviennent à des juges et à des procureurs, à des personnes qui ont fait leur service militaire et à d’autres qui ne l’ont pas fait, à des garçons de 18 ans et, contre toutes les règles, à des hommes âgés de plus de 60 ans, comme cela s’est produit massivement en Bouriatie. Dans le village de Tioumenevo (région de Kemerovo), toute la population masculine, soit 59 personnes, a été mobilisée.

On se souvient des scènes de mobilisation lors de la guerre russo-japonaise au printemps 1904, décrites par Léon Tolstoï dans son célèbre article « Ressaisissez-vous ! » :

« Hébétés par les prières, les sermons, les appels, les processions, les images, les journaux, des centaines de milliers d’hommes en uniforme munis de divers engins de meurtre — la chair à canon —, l’angoisse au cœur mais l’air crâneur, quittent parents, femmes et enfants pour aller là où, risquant leur vie, ils commettront l’acte le plus terrible de tous : le meurtre d’hommes qu’ils ne connaissent pas et qui ne leur ont fait aucun mal. »

L’histoire de la Russie se répète sous ses pires manifestations, produisant siècle après siècle des scènes de cruauté d’État, d’arbitraire bureaucratique et de soumission populaire.

La population, une matière première naturelle

La nature de la mobilisation (laquelle est tout aussi « partielle » que la guerre en Ukraine est une « opération spéciale ») met au jour toutes les caractéristiques intrinsèques du régime sociopolitique de la Russie, qui, sous Poutine, sont parvenues à maturité et se sont institutionnalisées. La première d’entre elles est le traitement productif qui est fait de la population : la manière de traiter les gens comme une matière première naturelle inépuisable est profondément ancrée dans la conscience de l’élite poutinienne. Cela fait des années que l’État défend les priorités de la démographie, s’opposant aux personnes LGBT, au mouvement Childfree et à l’avortement et cultivant les valeurs de la famille. Poutine et son administration ont plus d’une fois rêvé tout haut de parvenir à une population de 500 millions de Russes, sans dissimuler que cela était nécessaire non pas pour développer le capital humain mais pour résoudre des problèmes stratégiques : résorber le déficit du fonds de pension, coloniser et défendre un vaste territoire.

Dans le même temps, l’État intensifiait la pression sur la population afin d’en tirer tout le profit possible : réduction du paquet soviétique de services sociaux, coupes dans les dépenses d’éducation et de santé publiques et privatisations de ces secteurs, relèvement de l’âge de la retraite, accroissement de la pression fiscale sur les entreprises, tout cela au détriment du consommateur. Une stratification sans précédent de la société a plongé des catégories sociales et des régions entières sous le seuil de pauvreté tandis que le pouvoir prônait la modestie et la frugalité (c’est la fameuse remarque de Dmitri Medvedev : « Il n’y a pas d’argent dans les caisses mais tenez bon »), la pauvreté devenant ainsi un outil politique de contrôle des masses.

D’une biopolitique, le pouvoir est passé à une thanatopolitique de mobilisation : on a d’abord recruté dans les régions et les catégories de la société les plus pauvres (c’était particulièrement manifeste avec les prisonniers, la couche la plus défavorisée de la population, qu’Evgueni Prigojine, le « cuisinier de Poutine », a recrutés dans la milice Wagner pour servir de chair à canon)2, c’est maintenant plusieurs millions d’hommes qui se trouvent visés par la mobilisation, appelés à boucher de leurs corps les trous dans la ligne de front, à servir de matériel jetable dans une guerre ratée. Ce faisant, l’État respecte les hiérarchies sociale et territoriale de la société russe coloniale : il mobilise en masse la population de la périphérie — l’Extrême-Orient, la Transbaïkalie, la Bouriatie martyre soumise à une conscription quasi universelle au point que les défenseurs locaux des droits de l’Homme parlent, au sujet du peuple bouriate, de génocide. (La même chose se produit avec les Tatars de Crimée dans la Crimée annexée par la Russie : 90 % des hommes y ont été enrôlés, en réponse ici à un ordre exprès). 

Pendant ce temps-là, les régions centrales — Moscou et Saint-Pétersbourg —, qui revêtent une importance cruciale pour le pouvoir, sont épargnées : sur les 15 millions d’habitants que compte Moscou, le plan de recrutement ne concerne que 16 000 hommes, soit 0,1 %. On promet de même une exemption de conscription aux propagandistes des médias publics et au personnel des banques sur lesquelles repose le système : la valeur des individus varie en fonction de leur proximité avec le pouvoir.

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Le départ des mobilisés de Penza // Chaîne Telegram @omelnichenko

Dans le même temps, le corps humain est traité avec l’inefficacité et la gabegie qui caractérisent la Russie. Les gens sont recrutés sans compter, envoyés au hasard, hébergés dans des locaux inadaptés sans nourriture ni commodités, invités à acheter eux-mêmes leurs uniformes, tenues de camouflage, casques et gilets pare-balles. Une vidéo devenue virale sur Internet montre une femme-officier conseillant aux recrues d’acheter des protections féminines qu’ils pourront mettre dans leurs bottes pour se protéger des ampoules ou avec lesquelles ils pourront colmater leurs blessures. Tout cela découle de l’idéologie selon laquelle les ressources humaines sont inépuisables, illustrée par le fameux aphorisme imputé au maréchal Joukov : « Les bonnes femmes en feront d’autres »3. C’est précisément dans cette surabondance que réside l’essence de la machine de terreur d’État, qui démontre par-là sa toute puissance. La Grande Terreur de 1937 fonctionnait exactement ainsi : elle était à la fois universelle et aléatoire, et aucune « protection spéciale », aucune relation personnelle ne permettait d’y échapper. La mobilisation actuelle a finalement beaucoup en commun avec la terreur d’État : il s’agit d’un outil répressif utilisé pour discipliner la biomasse humaine.

L’État obéit à une logique des grands nombres : que cent mille ou deux cent mille soldats périssent en Ukraine (comme l’estime le ministère des Finances au vu des dépenses « funéraires » à verser aux familles des militaires tués en 2022 et 2023, d’après une fuite rendue publique par Mikhaïl Khodorkovski), voire un million (comme le nombre des victimes de la pandémie de COVID-19), cela n’est rien comparé aux quelque huit millions de personnes qui vivent sur le territoire de la Crimée et dans les régions occupées de l’est de l’Ukraine. Le traitement de la population comme matière première a sa propre arithmétique.

Soumission au destin

La deuxième composante du contrat liant traditionnellement le pouvoir et la société russes, que l’on a pu constater à l’occasion de la mobilisation, est la soumission accablante de la population, qui est prête à tuer et à mourir à l’appel de l’État pour de vagues objectifs. Certes, il y a en Russie des dizaines de milliers d’indociles et d’intrépides qui sont descendus dans la rue au cours des premiers jours de la mobilisation pour protester contre la guerre — des milliers d’entre eux ont été appréhendés et frappés d’arrestation administrative (avec ordre de se présenter aux bureaux de recrutement). Des centaines de milliers de personnes se sont précipitées aux frontières de pays voisins : en Finlande et en Géorgie, en Mongolie et au Kazakhstan, certaines sont même parties en bateau de la Tchoukotka pour gagner l’Alaska à travers le détroit de Béring… Des dizaines de milliers de personnes ont fui en Arménie, en Azerbaïdjan, en Ouzbékistan, en Turquie, en Israël et dans un certain nombre d’autres pays, et des milliers d’autres se trouvent encore aux frontières — on estime à 800 000 le nombre de personnes qui ont quitté la Russie au cours des deux premières semaines de la mobilisation. Mais le nombre de ceux qui protestent ouvertement dans la rue ou qui « votent avec leurs pieds » ne dépasse pas 1 % de la population. Les autres, et l’on parle ici de millions de personnes, ont accepté la mobilisation comme faisant partie de la vie normale, de la règle du jeu, et se sont rendues dans les bureaux de recrutement ou se sont mises à chercher des solutions pour retarder leur enrôlement. En somme, pour reprendre les trois concepts centraux de Hirschman : défection – prise de parole – acceptation, une fraction de pourcentage a choisi d’élever la voix, un demi pour cent a choisi de fuir et tous les autres, bon gré mal gré, ont accepté4

Si ceux qui partent sciemment en Ukraine « combattre les nazis » constituent une minorité statistiquement insignifiante, la majorité n’est tout simplement pas prête à défier l’État (malgré le montant dérisoire — entre 500 et 3 000 roubles, soit 10 à 50 dollars — de l’amende encourue en cas de refus d’obéir à l’ordre de mobilisation). Internet regorge d’histoires sidérantes de gens qui se présentent au premier appel devant le bureau de recrutement, de parents qui envoient leurs enfants à la guerre « pour éviter les problèmes avec les flics », d’employeurs qui livrent leurs employés en masse, de gens qui bénéficient d’une « protection » mais partent à la guerre « parce qu’on a emmené leurs frères », « parce qu’ils auront honte devant leurs voisins » ou simplement parce que « c’est gênant devant les copains ». 

Il semble que la peur de l’État (supérieur hiérarchique, bureau de recrutement, police, autorités universitaires) soit chez le citoyen russe plus forte que la peur de la mort. Sans parler du fait que les gens sont prêts, sur ordre du pouvoir, non seulement à mourir mais aussi à tuer : la question morale n’est pratiquement jamais abordée. De même que le printemps et l’été 2022 ont vu la normalisation de la guerre en Russie, l’automne 2022 a vu la normalisation de la mobilisation. La guerre n’est plus seulement à la télévision, elle pénètre dans chaque foyer, et la population, à l’exception des 1 % qui protestent et émigrent, se résigne et se soumet à la volonté de l’État.

Il ne s’agit pas seulement du citoyen ordinaire, c’est aussi le cas des élites — managers, grands propriétaires, oligarques et hauts fonctionnaires. Tous se sont accommodés sans un murmure de l’annonce de l’« opération militaire spéciale » d’abord, puis de celle de la guerre totale générale avec mobilisation partielle et, à terme, mobilisation totale et loi martiale. Tous ces gens qui ont survécu aux « chaotiques années quatre-vingt-dix », à l’arbitraire des gangsters et de la police, qui se sont battus pour le droit à la propriété, qui ont fait fortune et carrière dans l’État — tous, y compris les « libéraux du système » et les entrepreneurs mondiaux — déposent sans broncher sur l’autel de la guerre leurs réalisations, leurs ressources et leurs trajectoires et n’expriment, du moins publiquement, pas le moindre désaccord. Il ne s’agit pas seulement d’une dépolitisation totale de la population et des élites russes, c’est aussi un défaut d’individualité : à l’exception d’une poignée de marginaux, les gens baissent les armes face à l’État et sont incapables de s’y opposer collectivement ou individuellement si ce n’est par l’évitement ou la fuite pure et simple.

La raison à cela réside apparemment dans le totalitarisme de l’État russe, ravivé par Poutine au XXIe siècle, avec une économie détenue à 70 % par l’État, la structure féodale de la société, une élite « nationalisée » et une population conformiste et fragmentée. L’État a pratiquement détruit la société et les fondements de la citoyenneté en Russie, chacun reste rivé à son niveau de la hiérarchie sociale et attribue toutes les circonstances de sa vie non pas à ses propres mérites mais à l’État, qui distribue les biens, les privilèges et la répression. L’homme voit le monde par les yeux de l’État et place la raison d’État, surtout lorsqu’il s’agit de questions de sécurité, au-dessus de l’individu, les hommes d’affaires et les managers s’attelant docilement à la charrette de la « mobilisation » et les conscrits étant condamnés à faire leur paquetage. L’idée que l’on puisse sortir de ce paradigme et dire « non » à l’État (au chef, au recruteur, au policier) n’effleure qu’un petit nombre, et cette soumission, cet effacement de l’individu sont, reconnaissons-le, une grande réussite du régime de Poutine si l’on considère la liberté et l’anarchie qui régnaient dans les années 1990.

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’efficacité de la machine répressive qui s’est renforcée au cours de la dernière décennie et qui, par une répression brutale des rassemblements, la torture policière et des milliers de condamnations injustifiées, a réussi à instiller dans la population une peur oubliée depuis l’époque soviétique. La « génération qui n’a pas connu le fouet » née et élevée sous Poutine s’est imprégnée de ce sentiment d’impuissance acquis avec l’esprit du temps et souffre comme ses parents du « syndrome de Stockholm »5.  Il existe certes des stratégies de protestation, d’évitement et de fuite, comme on l’a vu plus haut, mais elles sont incapables d’arrêter la machine aveugle de la mobilisation et de la terreur d’État.

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Les mobilisés de Serpoukhov, dans la région de Moscou // Service de presse de l’administration locale

La culture russe de la mort

Dernier facteur : les anthropologues et les psychologues sociaux n’ont pas encore tiré au clair ce phénomène mais il semble que la peur de la mort se soit émoussée dans la société. L’épidémie de COVID-19 y est peut-être pour beaucoup : la majorité de la société a été prise de fatalisme et d’indifférence (« qui doit mourir mourra »), doublée d’un mépris affiché pour sa propre sécurité et celle de son entourage (« je ne me ferai pas vacciner et je ne ferai pas vacciner mes enfants »). L’apathie avec laquelle la population a accepté les pertes causées par la pandémie (plus d’un million de morts) a convaincu le pouvoir que l’idée qu’il puisse y avoir des victimes était acceptable et que le seuil de tolérance était élevé. À voir comment elle se comporte face à la mobilisation, il semble que la population appréhende la guerre comme la pandémie, comme quelque chose d’inéluctable venant d’ailleurs, comme une fatalité, et se soumet au destin. 

Dans les deux cas, pouvant choisir entre faire quelque chose qui sort de l’ordinaire (se faire vacciner, refuser l’ordre de mobilisation ou quitter le pays) et ne rien faire et risquer sa vie (refuser de se faire vacciner, se soumettre à la mobilisation), les gens choisissent l’inaction et le risque de mourir. Dans de nombreux forums et discussions sur Internet, les intervenants évoquent tranquillement leur mort ou celle de proches : il semble que Poutine ait réussi à contaminer toute la population russe avec sa rhétorique de mort (« Nous irons au paradis, eux [l’Occident, S.M.] vont simplement crever », « Qu’avons-nous à faire d’un monde sans la Russie ? », etc.)6.

On peut discourir longtemps pour savoir d’où vient cette soumission à l’État et ce fatalisme face à la mort, évoquer le servage et la colonisation intérieure, l’éternel collectivisme de la communauté paysanne russe et la victoire en Russie de l’impératif de survie sur l’expression de soi (selon Inglehart)7, on peut discuter de l’existence d’une « voie russe » et de la possibilité d’en sortir, mais le fait est que le Léviathan russe a réussi à ressusciter les vieilles matrices du pouvoir et des relations entre l’État et la société. La charrette de la mobilisation, grinçante et brinquebalante, perdant des passagers en chemin, s’enfonçant dans la boue, s’est ébranlée et roule cahin-caha au son de l’accordéon et des lamentations des femmes. Poutine pourrait, comme Staline lors du banquet de la Victoire en mai 1945, lever son verre au grand peuple russe et à sa patience phénoménale mais, contrairement à Staline, il n’aura pas de défilé de la victoire.

Traduit du russe par Fabienne Lecallier

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Sergueï Medvedev est un universitaire, spécialiste de la période postsoviétique, dont le travail s’enrichit des apports de la sociologie, de la géographie et de l’anthropologie de la culture. Il a remporté le prestigieux Pushkin Book Prize 2020 pour son livre The Return of the Russian Leviathan, qui a été largement salué aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ainsi qu’en France (sous le titre Les Quatre Guerres de Poutine, Buchet-Chastel, 2020).

Notes

  1. Marche militaire russe de 1912 symbolisant le départ pour la guerre.
  2. L’un des plus proches collaborateurs et confidents de Vladimir Poutine, son « cuisinier », Evgueni Prigojine, dirigeait une milice privée dénommée « Wagner » d’après l’indicatif d’appel de l’un de ses commandants. Au cours de l’été et de l’automne 2022, cette milice a ouvertement recruté des milliers de prisonniers dans les colonies pénitentiaires russes, notamment des meurtriers et des violeurs incarcérés pour des motifs particulièrement graves, afin de les envoyer sur le front en Ukraine, leur promettant l’amnistie et le versement, en cas de décès, d’une somme d’argent à leur famille.
  3. C’est ce qu’aurait répondu le maréchal Georgui Joukov au général Eisenhower qui évoquait les énormes pertes de l’Armée rouge lors de la prise de Berlin en 1945. Rien cependant ne confirme la paternité de cette expression, qui n’était d’ailleurs pas inédite.
  4. Dans son ouvrage Exit, Voice and Loyalty, l’économiste américain Albert Hirschman décrit le comportement d’un individu confronté à une dégradation de la qualité des services ou de l’administration publique.
  5. Le syndrome de l’otage, qui au fil du temps commence à sympathiser avec ses ravisseurs et à assimiler leurs intérêts à leurs objectifs.
  6. Déclarations faites par Poutine ces dernières années pendant ses conférences de presse, lorsqu’il a évoqué la possibilité d’une guerre mondiale et d’une apocalypse nucléaire.
  7. D’après l’enquête World Values Survey menée depuis plus de quarante ans (depuis 1981) par des sociologues sous la direction de Ronald Inglehart, les valeurs de survie ont toujours largement prédominé en Russie sur les valeurs d’expression de soi.

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