Collectif
Plusieurs associations françaises ont diffusé un communiqué de presse que nous reproduisons ici. Face au scandale que représente la publication par les Éditions Fayard de l’ouvrage de Xenia Fedorova, ceux qui combattent la désinformation russe se mobilisent. Le 12 avril, au Festival de Livre de Paris, au moment de la dédicace, des représentants de ces associations ont mené une action de protestation pour dénoncer l’autrice et les thèses qu’elle véhicule. Nous publions également quelques images prises par des participants à l’action.
Les Éditions Fayard (Groupe Bolloré) viennent d’annoncer la présence de Xenia Fedorova au Festival du Livre, au Grand Palais, ce samedi 12 avril.
Les associations signataires considèrent que cette présence est indécente et que Madame Fedorova doit être désignée comme persona non grata par les organisateurs du Festival et leurs soutiens institutionnels et médiatiques.
Madame Fedorova se présente en martyre de la liberté d’expression, mais
- Xenia Fedorova est une disciple de Margarita Simonian, une des principales propagandistes de Poutine, qui n’hésite pas à affirmer que son idéal pour l’organisation des médias est le modèle chinois d’information centralisée
- Xenia Fedorova a travaillé pour divers médias du groupe Ano-TV Novosti, sanctionné par l’Union européenne le 15 décembre 2022 pour son soutien à l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine.
- Xenia Fedorova a été Présidente de RT France, chaîne sanctionnée par l’Union européenne le 1er mars 2022 pour son soutien à l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine.
- Xenia Fedorova, dans son livre Bannie et ses interventions récentes dans les médias continue à défendre la position du Kremlin et à utiliser la terminologie d’ « opération militaire spéciale » pour désigner l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Tous ses narratifs sur Maïdan, l’annexion de la Crimée, les origines de la guerre sont ceux de la propagande de guerre russe.
- Xenia Fedorova a intenté diverses procédures baillons contre des associations ou des experts qui dénonçaient RT France comme un média d’influence du Kremlin. Elle a été systématiquement déboutée pour ses accusations de diffamation.
- Xenia Fedorova ment. Contrairement à ce qu’elle affirme, les sanctions prises par l’Union européenne ont une base légale. Les bases légales ont été confirmées par le Tribunal européen dès le 27 juillet 2022, qui a reconnu que ces sanctions correspondaient à des objectifs d’intérêt général et qui a débouté RT France.
Bannie est avant tout un immense mensonge par omission, qui passe sous silence les atrocités de l’agression russe :
- les morts de civils ukrainiens (plus de 12 654 selon le Secrétariat du Haut Commissariat aux Réfugiés, en date du 21 février 2025), dont parmi eux des écrivains (Maksym Kryvtsov, Victoria Amelina, Volodymyr Vakoulenko…) qui ne pourront venir au Festival du Livre de Paris ;
- les innombrables cas de viols et torture commis par l’Armée russe contre les civils et les prisonniers ;
- la déportation et la russification de 19 500 enfants ukrainiens ;
- la détention arbitraire de milliers de civils ukrainiens, souvent accompagnée de torture.
La soi-disant défenseure de la liberté d’expression passe aussi sous silence :
- les exactions commises par l’Armée russe contre les journalistes en Ukraine : 13 journalistes tués depuis 2022, 47 journalistes blessés, 1 journaliste disparue (source : RSF) ;
- la répression de toute forme de liberté d’expression et d’opposition en Russie : l’assassinat d’opposants (Boris Nemstov, Alexeï Navalny), de journalistes (Paul Klebnikov, Anna Politkovskaïa, Pavel Cheremet, Natalia Estemirova, Anastassia Babourova, Stanislav Markelov, et en septembre dernier la journaliste ukrainienne Victoria Rochtchyna…) ;
- 44 journalistes actuellement détenus (source : RSF) ;
- les nombreuses condamnations de citoyens opposés à la guerre (tout récemment l’historien Alexandre Skobov) ;
- le blocage en Russie de 81 médias occidentaux sans base légale explicitée ;
- les multiples condamnations de personnes physiques ou morales, désignées comme « agents de l’étranger » ou « indésirables » simplement pour s’être opposées à la guerre ;
- le contrôle accru sur Internet ;
- la détention en Russie de 18 journalistes ukrainiens ;
- la destruction des infrastructures de télévision en Ukraine (23 frappes depuis 2022) et la prise de contrôle de tous les émetteurs dans les territoires illégalement annexés ;
- les actions de brouillage de services satellitaires occidentaux (télévision, GSM…) ;
- les opérations de désinformation par les usines à trolls et les agences de propagande.
Le livre de Xenia Fedorova et ses interventions dans les médias soutiennent l’agression impérialiste et génocidaire contre l’Ukraine. Ils ne relèvent pas du journalisme mais de la propagande de guerre. Il n’y a pas de symétrie entre les sanctions européennes et la censure par les autorités russes : la Russie censure l’opposition à la guerre tandis l’Europe sanctionne les médias russes parce qu’ils soutiennent l’agression d’un État souverain et mettent en péril l’ordre et la sécurité publics de l’Union européenne.
« Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi », Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ONU, 16 décembre 1966)
Signataires : Pour l’Ukraine, leur liberté et la nôtre / Russie-Libertés / Comité Diderot / Kalyna / Comité français du Réseau européen de Solidarité avec l’Ukraine / Ukraine Comb’Art / Mémorial 98

Photos : Kalyna, Comité français du réseau européen de solidarité avec l’ Ukraine, Jean-François Raffin.
À lire également : Xenia Fedorova, ex-directrice de RT France, prise à partie au Festival du livre de Paris. Le Monde, 12 avril 2025 (article réservé aux abonnés).
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