
Alexandre Skobov, né en 1957, est un homme de gauche, journaliste, historien, militant des droits de l’Homme et ex-prisonnier politique soviétique. Jusqu’à fin 2023, il était chroniqueur pour le portail Grani.ru, l’un des premiers médias interdits par le régime de Poutine en 2014. Il a également été auteur régulier de Desk Russie. Aujourd’hui, il est de nouveau en prison pour avoir ouvertement exprimé sa condamnation dudit régime et en particulier de la guerre sanguinaire contre l’Ukraine. Arrêté en avril 2024, le journaliste a été condamné le 21 mars 2025 à 16 ans de prison à régime sévère pour « appel au terrorisme » et « participation à une communauté terroriste ». Dans le cas de cet homme malade et âgé, victime d’une attaque au couteau « hooligane » en 2014, qui l’a gravement handicapé, cela revient à une condamnation à mort lente et pénible. Pour comprendre la personnalité intrépide de Skobov et le sens de son combat, nous publions des extraits de ses prises de parole au tribunal et ceux de lettres adressées à sa fille.
1) Extrait des lettres à sa fille Nina, depuis sa prison, février 2025
Le monde que nous connaissions s’effondre. Toi, tu viens à peine d’y entrer, alors que ta mère et moi y avons vécu toute notre vie. À son origine, il y avait le projet de 1945 – le projet des vainqueurs du fascisme. Un projet de monde où les prédateurs ne seraient plus les maîtres, faisant ce que bon leur semble. Un monde de liberté, d’égalité et de solidarité. Car sans solidarité, la liberté ne survit pas. Un monde où chacun lutte pour soi seul est un monde de prédateurs.
Notre monde était loin d’être fidèle à son projet initial. Mais il y aspirait. Et il avançait réellement dans cette direction. Nous le voyions. Et c’est précisément cela que nous considérions comme le progrès. Nous croyions au progrès. C’était notre boussole, notre cadre de référence. C’est sur cela que reposaient nos notions de ce qui est acceptable ou inacceptable, du bien et du mal.
Notre monde s’est assoupi et n’a pas vu émerger ces nouveaux prédateurs qui veulent nous ramener à un temps où chacun ne pense qu’à sa survie. Et il ne s’est toujours pas ressaisi pour leur résister. Aujourd’hui, il est détruit des deux côtés – à deux mains.
Tout ordre mondial est imparfait et contradictoire. Et tôt ou tard, il « s’use ». Les contradictions qu’il contient et qu’il ne parvient pas à surmonter s’accumulent et commencent à le détruire. Mais deux questions se posent ici.
Premièrement : à quel point sa transformation en un nouvel ordre sera-t-elle douloureuse ? L’histoire humaine montre que cela peut prendre une tournure catastrophique.
La deuxième, et la plus cruciale : dans quelle mesure cette transformation permettra-t-elle de préserver le positif de l’ancien monde ? Autrement dit, s’agira-t-il d’un progrès ou d’un retour en arrière ? Car dans chaque période de transition, des forces chercheront à nous faire reculer. On peut les appeler forces de la réaction mondiale ou forces du mal, mais elles sont toujours là, tapies dans l’ombre, attendant leur heure.
Le progrès n’est jamais garanti. L’avenir n’est pas écrit. C’est une bataille. Et même si, à un moment de l’histoire, nous perdons une manche, la lutte continue.
Nous ne savons pas combien de temps durera cette nouvelle chute dans le passé, ni jusqu’où elle nous entraînera. Mais nous pouvons et devons comprendre pourquoi les hommes n’ont pas eu la force de l’empêcher. Pourquoi les frontières entre le bien et le mal se sont brouillées, pourquoi la perception du mal et la capacité de lui résister ont été perdus.
Cette capacité doit être restaurée et préservée. Elle ne peut reposer que sur la foi en un monde où les prédateurs ne seront pas les maîtres. Un monde où les hommes n’auront pas de maîtres.
Et si tu me lis, alors tu es la Résistance.
Ton papa.
Lors de la confirmation du nouveau secrétaire d’État Rubio par le Sénat, la radio Maïak [chaîne de radio officielle, la seule autorisée en prison – NDLR] l’a cité : selon Rubio, l’ordre mondial de 1945 n’est plus d’actualité. Honnêtement, au début, j’ai cru avoir mal entendu. Que mon esprit avait ajouté ce que j’avais mal perçu. Je ne voulais pas croire que mes prévisions les plus sombres se réalisent aussi rapidement et brutalement.
Mais maintenant, c’est Trump lui-même qui l’a répété. De manière encore plus brutale. Il a attaqué directement l’ONU et menacé de créer une « structure alternative ». L’extrême droite clame depuis longtemps que l’ONU est corrompue, inefficace, qu’elle gaspille d’énormes sommes d’argent. Mais moi, cela fait longtemps que je répète que la véritable question n’est pas là.
Malgré toutes ses imperfections, l’ONU offrait à l’humanité un cadre « pour grandir », un cadre qui définissait une direction commune à suivre. De l’extension des droits de l’Homme à la redistribution de ressources en faveur des plus démunis. Nous savions que, dans le monde réel, tout ne fonctionnait pas selon ce cadre. Mais nous savions qu’il existait, qu’il donnait un cap, un point d’ancrage.
Ce cadre reposait sur les valeurs de 1945 – liberté, égalité, solidarité. Elles se reflétaient dans la terminologie même du droit international. J’ai toujours dit que la terminologie n’est jamais juste une question de mots. Les concepts d’ « agression » et d’ « annexion » sont intrinsèquement évaluatifs, profondément idéologiques.
Le scandaleux refus des représentants de Trump de nommer un agresseur comme tel à plusieurs tribunes internationales clés n’est pas une coïncidence. Le lexique de son équipe ne contient tout simplement pas des notions telles que « liberté » et « droit », qui constituaient la base de la rhétorique politique des administrations démocrates et de l’aile reaganienne des républicains (où est-elle aujourd’hui ?). Elles ont été remplacées par des catégories comme « profit », « intérêts », « marchandage », « deal », « atouts », et, bien sûr, « force ».
Les interlocuteurs du Kremlin saluent ce virage comme un abandon de « l’approche idéologique » au profit du « dialogue pragmatique » qu’ils réclamaient depuis longtemps. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une désidéologisation. L’idéologie est toujours présente, partout et en tout. Il s’agit simplement du remplacement d’une philosophie des relations internationales par une autre : du libéralisme de gauche par un conservatisme de droite.
Le conservatisme radical de droite ne conçoit pas la loi comme une limite imposée aux puissants, une muselière sur un prédateur. Il la considère plutôt comme un outil supplémentaire de domination des forts. Autrement dit, pour lui, la loi n’est pas une fin en soi, mais un moyen secondaire. La domination et la force sont ses valeurs fondamentales. Le désir du fort d’exercer sa domination est légitime et ne doit même pas être condamné, y compris au niveau du vocabulaire.
Si Trump finit par créer une structure alternative à cette « ONU obsolète », elle ne sera pas fondée sur les valeurs de 1945, mais sur leur exact opposé, les valeurs mêmes qui ont été vaincues en 1945. Trump semble tout droit sorti des pages d’un vieux numéro du magazine soviétique Krokodil. Une caricature vivante de l’impérialisme américain dans ses pires excès. Ce spectre a longtemps été invoqué par des formules propagandistes. Ils ont fini par y arriver.
Le conservatisme radical de droite américain possède cependant ses propres spécificités. La domination y est un moyen d’atteindre des objectifs plus « concrets » et matériels. Le conservatisme radical de l’ « espace eurasiatique », lui, prétend incarner une plus grande « spiritualité ». Pour lui, la domination est une fin en soi. Ce n’est pas un moyen. C’est l’objectif ultime. La « volonté de puissance » sous sa forme la plus distillée. Et cela, les hommes d’affaires de l’équipe de Trump ne le comprennent pas. Lorsqu’ils voudront conclure un « deal », ils risquent d’avoir quelques surprises.
En attendant, l’Europe est seule. Comme l’Angleterre en 1940. À l’époque, elle a tenu bon. Réveillée par Dunkerque, elle s’est mobilisée.
Hier, Maïak m’a réjoui avec une citation du président tchèque Petr Pavel :
« Si Trump voulait réveiller l’Europe de son sommeil historique, il y est parvenu. »
On ne peut qu’espérer que ce ne sont pas simplement des mots.
2) Prise de parole d’Alexandre Skobov lors des plaidoiries du 18 mars
Le procès se déroule devant le 1er tribunal militaire de district de l’Ouest à Saint-Pétersbourg. Skobov y participe par visioconférence depuis sa prison de Syktyvkar. L’accusation a requis 18 ans de colonie pénitentiaire contre lui pour apologie du terrorisme et participation à une organisation terroriste, en raison de publications sur les réseaux sociaux.
Ceux qui ont suivi le procès ont certainement remarqué que la position de mes avocats et la mienne ne sont pas exactement les mêmes. Nous n’insistons pas sur les mêmes points et nous avons des objectifs légèrement différents. Mes avocats ont cherché à attirer l’attention sur le problème identifié dans les rapports des organisations internationales comme l’utilisation abusive de la législation antiterroriste pour restreindre la liberté d’expression, la liberté de parole.
Seulement, toute cette histoire ne nous concerne pas. Il n’y a pas d’abus de la législation antiterroriste dans la Russie nazie de Poutine. Il existe une législation qui vise explicitement à supprimer toute expression de désaccord avec les autorités. En vertu de cette législation, une production théâtrale sur le sort terrible de femmes qui ont été amenées par la ruse à rejoindre leur guerre par des combattants d’ISIS en tant qu’épouses est considérée comme une justification du terrorisme. Les personnes impliquées dans la condamnation d’Evguenia Berkovitch et de Svetlana Petriïtchouk n’ont pas d’âme, ce sont des morts-vivants, mais la législation elle-même est construite de telle sorte qu’elle peut être interprétée de cette manière. Est-il possible de parler le langage du droit avec l’État qui a créé cette législation et qui l’utilise de cette manière ? Bien sûr que non.
Mon cas est fondamentalement différent de celui d’Evguenia Berkovitch et de Svetlana Petriïtchouk. Mon cas ne concerne pas la liberté d’expression, ses limites et l’abus de ces limites. Mon cas concerne le droit d’un citoyen d’un pays qui mène une guerre d’agression injuste et agressive de se ranger pleinement et entièrement du côté de la victime de l’agression. C’est le droit et le devoir d’un citoyen d’un pays qui mène une telle guerre.
Ce droit appartient à la catégorie des droits naturels car il ne peut, en principe, être régi par des règles juridiques. Tout État en guerre considère comme une trahison le fait de passer du côté de son ennemi armé. Et l’agresseur ne se reconnaît jamais comme tel et appelle son crime « légitime défense ». Est-il possible de prouver légalement à l’agresseur qu’il est un agresseur ? Bien sûr que non.
Mais la dictature nazie de Poutine est un agresseur d’un genre particulier. Ayant légalement déclaré que la guerre était une « non-guerre », elle considère toute opposition armée à son agression comme terroriste. Elle ne reconnaît même pas l’existence d’un opposant armé légitime et légal. Les rapports obligatoires du commandement russe qualifient constamment les membres de l’armée ukrainienne de « militants ». Cela a-t-il quelque chose à voir avec le droit ? Bien sûr que non.
Mon cas est celui de ma participation à la résistance armée à l’agression russe, ne serait-ce qu’en tant que propagandiste. L’objectif de tous mes discours était et est toujours de parvenir à une expansion radicale de l’assistance militaire à l’Ukraine, jusqu’à la participation directe des forces armées des pays de l’OTAN aux opérations de combat contre l’armée russe. Pour atteindre cet objectif, j’ai refusé d’émigrer et je suis allé délibérément en prison. À partir de là, mes paroles résonnent plus fort et pèsent plus lourd.
Selon la formulation du code pénal de la soi-disant Fédération de Russie, il s’agit d’une assistance à un État étranger inamical dans la création de menaces pour la sécurité nationale de la Fédération de Russie. C’est ce que décrit l’article sur la trahison d’État du code pénal actuel. Pourquoi n’ai-je pas été accusé en vertu de cet article ? De même que de nombreux autres articles politiques du code pénal actuel, qui auraient dû être retenus contre moi en raison de mes publications. Or, les plus importantes de mes publications n’ont jamais été incluses dans l’acte d’accusation. Bien que j’aie eu l’occasion de m’assurer que l’enquête en avait pris connaissance. En outre, l’enquête savait que j’avais fait don de mes fonds personnels pour l’achat d’armes létales destinées à l’armée ukrainienne et que j’avais publiquement encouragé d’autres personnes à suivre mon exemple.
Et pourtant, cela n’a pas été fait. Pourquoi ? Je pense que ce n’est pas tant à cause de la surcharge de la machine répressive, de la paresse humaine et de l’aversion caractéristique des autorités russes pour les normes juridiques en général, y compris leurs propres normes juridiques. Il doit y avoir une autre raison. Même parmi les personnes qui condamnent moralement l’agression russe et risquent d’aller en prison pour cela, il n’y en a pas beaucoup qui osent prendre le parti de la victime de l’agression. La dictature a peur qu’ils soient plus nombreux, elle a peur des exemples. C’est pourquoi elle avait intérêt à ne pas amplifier ma voix et à ne pas souligner les particularités de mon cas que je viens de mentionner. J’ai essayé d’attirer l’attention du public sur ces mêmes particularités.
Contrairement à mes avocats, je n’ai pas vraiment essayé de prouver à l’agresseur qu’il est un agresseur qui viole toutes les normes de droit internationalement reconnues. Cela a autant de sens qu’une discussion sur les droits de l’Homme avec le régime d’Hitler ou avec le régime similaire de Staline. D’ailleurs, que le juge se souvienne de l’article du code pénal qui punit le fait d’assimiler le régime de Staline à celui d’Hitler.
Mais ce sur quoi mes avocats et moi-même sommes d’accord, c’est que mon cas ne peut être considéré en dehors du contexte de la guerre en cours, il fait partie de cette guerre. Et les tentatives de mes avocats de parler le langage du droit avec les autorités de l’agresseur ne font qu’illustrer une fois de plus ceci : quand les armes parlent, le droit se tait.
Mon cas ne concerne pas la liberté d’expression. Dans cette guerre, la parole est aussi une arme qui tue. Les Ukrainiens écrivent mon nom sur des obus détruisant la racaille de Poutine qui a envahi leur terre. Mort aux envahisseurs fascistes russes, mort à Poutine, le nouvel Hitler, meurtrier et scélérat ! Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros !
3) Dernier mot au procès, le 21 mars 2025
Je ne m’attarderai pas sur le fait que l’organisation dont j’ai l’honneur de faire partie – le Forum de la Russie libre1 est qualifiée par l’enquête de communauté terroriste, alors même qu’aucune décision émanant d’un quelconque organe d’État ne reconnaît à ce jour le Forum de la Russie libre comme tel. Pour l’instant, il s’agit donc uniquement d’une « organisation indésirable ».
Mais ce genre de détails m’intéresse peu – je m’efforce malgré tout de parler de choses importantes. Et ce qui importe ici, c’est la plateforme du Forum de la Russie libre, à l’élaboration de laquelle j’ai participé directement, et qui distingue fondamentalement le Forum de la plupart des autres organisations d’opposition.
Je rappelle que cette plateforme peut être résumée en trois points.
Premièrement : nous appelons à la restitution inconditionnelle à l’Ukraine de tous ses territoires reconnus au niveau international et actuellement occupés par la Russie, y compris la Crimée – oui, Krym tse Oukraïna, la Crimée c’est l’Ukraine.
Deuxièmement : nous soutenons toutes celles et ceux qui luttent pour atteindre ces objectifs. Y compris les citoyens de la Fédération de Russie qui ont volontairement rejoint les Forces armées ukrainiennes.
Troisièmement : nous reconnaissons comme légitimes toutes les formes de lutte contre la tyrannie poutinienne à l’intérieur de la Russie, y compris la lutte armée. Évidemment, nous éprouvons une profonde répulsion à l’égard des méthodes de l’État islamique, lorsque des personnes innocentes deviennent des cibles, comme ce fut le cas à Crocus City.
Mais les propagandistes du Kremlin, ceux qui alimentent la guerre, sont-ils pour autant une cible légitime ? Le Forum de la Russie libre n’a pas abordé cette question de manière spécifique et n’a adopté aucune résolution à ce sujet. J’exprime donc ici une position strictement personnelle.
Je considère que des propagandistes comme le présentateur Vladimir Soloviev, par exemple, méritent le même sort que le propagandiste nazi Julius Streicher, pendu sur décision du Tribunal de Nuremberg. Tant que ces monstres de l’espèce humaine ne sont pas entre les mains d’un nouveau tribunal de Nuremberg, et tant que la guerre se poursuit, ils constituent des cibles légitimes d’opérations militaires.
Comparer les propagandistes de Poutine à ceux de Hitler n’est pour moi nullement une figure de style. Une grande partie de mes écrits vise à démontrer la nature nazie du régime poutinien, avec lequel toute coexistence pacifique est par principe impossible.
Je m’adresse, et je continue de m’adresser avant tout à l’Europe, en l’exhortant à se souvenir des fondements du système européen actuel. Depuis 1945, l’Europe s’efforce de bâtir un monde dans lequel les prédateurs ne seraient plus les maîtres de la vie – un monde fondé sur les principes de droit, de justice, de liberté, d’humanisme. L’Europe a accompli de grands progrès sur cette voie, et s’est définitivement affranchie des massacres de masse et des partages territoriaux par la force.
L’Europe s’est habituée à penser que son monde sûr et prospère était protégé de manière fiable par un allié grand et puissant, de l’autre côté de l’Atlantique. Aujourd’hui, ce monde vole en éclats sous les coups de deux scélérats qui s’y attaquent de concert : celui du Kremlin et celui de Washington. Aux États-Unis, ce sont des gens animés de valeurs proto-fascistes qui sont arrivés au pouvoir.
Nous assistons à une tentative immonde d’alliance purement impérialiste entre deux prédateurs – une alliance encore plus ignoble que les accords de Munich de 1938. Si les annexions de Poutine sont légitimées, cela constituera une catastrophe pour la civilisation.
Europe, on t’a trahie. Réveille-toi, et bats-toi pour ton monde.
Mort aux envahisseurs russo-fascistes ! Mort à Poutine, le nouveau Hitler, assassin et scélérat ! Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !
C’est par ces mots que je termine habituellement mes interventions. Mais aujourd’hui, on va me demander si je reconnais ma culpabilité.
Eh bien, ici, c’est moi qui accuse.
J’accuse la clique poutinienne au pouvoir, gangrenée par l’odeur des cadavres, d’avoir préparé, déclenché et mené une guerre d’agression.
Je l’accuse de crimes de guerre en Ukraine.
De terreur politique en Russie.
Et de corruption morale de mon peuple.
Et c’est moi qui pose la question aux serviteurs du régime de Poutine présents ici, rouages insignifiants de sa machine répressive :
Reconnaissez-vous votre culpabilité dans la complicité des crimes de Poutine ?
Vous repentez-vous de cette complicité ?
Voilà. J’ai terminé.
Après l’énoncé du verdict – 16 ans de régime sévère – le juge demande :
— Skobov, avez-vous compris le verdict ?
— Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !
— Je suppose que vous avez compris. Je lève la séance.
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