Roulette russe pour la presse hongroise : à quand le coup fatal ?

Le 13 mai 2025, l’un des deux partis du gouvernement hongrois, Fidesz, a présenté un projet de loi sur la « transparence de la vie publique » au Parlement de Hongrie. La publication du texte, qui vise officiellement à protéger le pays des ingérences étrangères, a provoqué une vague d’indignation en Hongrie et en Europe. Son examen, initialement prévu à la mi-juin, a été reporté à l’automne. Afin de comprendre en quoi ce projet de loi constitue une menace existentielle pour la liberté de la presse, notre auteur examine le cas du journal Átlátszó, dont la situation délicate risque de s’étendre autres médias indépendants du pays.

Le soir du 28 mai, c’est une scène bien étrange qui se déroule aux alentours du parlement de Hongrie, à Budapest. Une marche soviétique, solennelle et tout en chœur, inonde l’espace sonore, tandis qu’une jeune femme vêtue de l’uniforme de police de la Hongrie socialiste s’avance au pas sur l’esplanade. En arrière-plan, des grilles de chantier forment des enclos, dans lesquels on aperçoit quelques personnes. « Ceci est une manifestation spéciale contre la dernière loi du régime de Viktor Orbán », en référence au projet de loi sur la transparence de la vie publique proposé par le Fidesz, précise la jeune femme en uniforme, que nous appellerons Napsugár. 

« Régime », le mot est fort ; aussi fort que le projet qui inquiète la presse indépendante et la société civile hongroise. Pour cause, par cette loi, le gouvernement serait en mesure de dresser une liste des organisations représentant selon lui une menace pour la « souveraineté hongroise » – un concept d’ailleurs assez vaguement défini.

Une fois inscrites sur cette liste, ces organisations ne pourraient plus recevoir de fonds de l’étranger sans autorisation, deviendraient inéligibles au don d’1 % de l’impôt sur le revenu que les contribuables de Hongrie peuvent choisir de verser à une association dont ils souhaitent soutenir le travail, tandis que la possibilité de recevoir des dons classiques se verrait compliquée à l’extrême. En cas de violation de l’interdiction de percevoir des fonds étrangers, une organisation concernée serait passible d’une amende équivalente à 25 fois la somme perçue, payable sous 15 jours.

Enfin, ces organisations pourraient faire l’objet d’enquêtes approfondies de la part de l’autorité hongroise en charge de la lutte contre le blanchiment d’argent. Leurs dirigeants seraient officiellement considérés comme des « personnalités politiques », et devraient se soumettre à une déclaration de patrimoine.

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Des participants à la performance du Kutya Párt déclarent leurs revenus provenant de l’étranger avant leur incarcération // Antoine Laurent

Comme un air de Kremlin

« C’est vraiment similaire à ce qu’ils ont fait en Russie », souligne Napsugár, en référence à une série de lois russes, promulguées entre 2012 et 2022. Visant officiellement à protéger la souveraineté russe des influences étrangères, ces lois permettent en réalité de priver les médias, les ONG ou toute initiative individuelle opposée au gouvernement d’un quelconque soutien étranger et de jeter le discrédit sur ces organisations en les forçant à se déclarer comme « agents de l’étranger ».

« Nous protestons contre cette loi en construisant une prison, indique une autre manifestante du nom d’Anna en désignant les enclos établis sur la place, parce que [si cette loi était votée] la moitié de la Hongrie serait incarcérée », exagère-t-elle à dessein, afin de souligner que rares sont celles et ceux qui n’ont jamais reçu une somme quelconque provenant de l’étranger. « On a donc décidé de construire cette petite installation sous l’ancien bureau de Viktor Orbán », achève-t-elle en désignant la façade du parlement.

Outre se faire photographier en prison, les visiteurs se voient offrir la possibilité de déclarer leurs revenus provenant de l’étranger sur un registre fictif répertoriant leurs empreintes digitales. La performance, qui se déroule dans une ambiance potache, est organisée par le Kutya Párt, ou Parti hongrois du chien à deux queues, un parti satirique particulièrement critique de la politique menée par M. Orbán, au pouvoir en Hongrie sans interruption depuis 2010.

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Napsugár prend la pause devant les prisons fictives construites par le Kutya Párt. Photo par J. M., le 23 mai 2025. Sur le panneau, on peut lire : 

Chers prisonniers !
Cette semaine, le Kremlin tient une session délocalisée au Parlement hongrois. Au cours de sa présence, il votera une loi proposée par le Fidesz visant à rendre la vie civile impossible. Le Parti du chien à deux queues y a vu une opportunité commerciale et construit une prison pour les médias non russophones, ou ceux traduits du russe vers le hongrois, ainsi que pour les organisations civiles.
La route vers la prison s’arrête ici (tout comme votre liberté) et nous vous remercions de visiter notre tout nouveau centre de détention – une preuve supplémentaire que notre pays est bel et bien en voie de développement. Participez à notre initiative, aidez le gouvernement et incarcérez-vous de votre propre initiative !
Au mur des portraits judiciaires, choisissez votre crime, prenez une photo, puis sélectionnez votre cellule personnelle. Prenez votre dernière photo pour le monde extérieur et installez-vous confortablement.

Átlátszó, ou l’investigation qui dérange

Pour en savoir plus sur les conséquences de l’adoption éventuelle de ce projet de loi, un détour par la rédaction du journal d’investigation Átlátszó – dont le nom signifie transparence en hongrois – semble s’imposer. Passées les solides grilles qui protègent la porte d’entrée de la rédaction, c’est une ambiance nettement plus fébrile que l’on découvre. Et pour cause : ce média indépendant a tout du candidat idéal aux sanctions prévues par le projet de loi sur la transparence de la vie publique.

Spécialisés dans les affaires de corruption, ses journalistes ont à plusieurs reprises dénoncé les pratiques douteuses de certains membres du Fidesz (voir ici ou ici). En outre, le journal critique régulièrement la politique industrielle et environnementale du gouvernement (ici ou ici) ; des activités qui ne vont pas sans quelques complications. Átlátszó, indique le rédacteur en chef et fondateur du journal, Tamás Bodoky, est ainsi poursuivi en justice « cinq à dix fois par an ». Cependant, précise notre hôte, le journal n’est que rarement inquiété. « Nous nous appuyons sur des faits, et nous en vérifions l’exactitude. Nous ne diffusons aucune fausse information. Au cours des cinq dernières années, je ne pense pas que nous ayons perdu un seul procès. » Átlátszó, on s’en doute, n’est donc pas à proprement parler le média favori du Fidesz.

Le bureau de la protection de la souveraineté, tumulte avant-coureur

À première vue, révéler des affaires de corruption ne s’apparente guère à une menace pour la souveraineté d’un État. Pourtant, d’après M. Bodoky, ce sont justement ces révélations qui expliqueraient la situation délicate dans laquelle se trouve le journal. En juin 2024, explique-t-il, Átlátszó a fait l’objet d’une enquête par un organisme bien particulier, le Bureau de la protection de la souveraineté (BPS), un organisme administratif placé sous l’autorité du gouvernement et dont la mission consiste, pour l’heure, à mener et publier des enquêtes sur les organisations représentant une menace pour la souveraineté hongroise.

Le rapport d’enquête du BPS, publié en octobre dernier, conclut notamment que « les activités d’Átlátszó révélées dans le rapport posent un problème de souveraineté à la Hongrie » et que « l’étendue des dommages causés par [le journal] est considérable ». Ses auteurs présentent le journal comme un relais de la politique d’influence américaine – d’après M. Bodoky, les deux précédents budgets du journal ont bénéficié d’une aide indirecte de l’agence des États-Unis pour le développement à hauteur de 10 à 15 %. Les auteurs du rapport soulignent de plus que « le financement par des réseaux étrangers est une condition préalable à la création et au fonctionnement d’Átlátszó, sans lequel l’organisation ne pourrait pas fonctionner, ou seulement à une échelle bien moindre ».

Lourd constat sans poursuites : dans quel but ?

Malgré ce constat, aucune procédure judiciaire n’a été ouverte à l’encontre du journal ou des membres de la rédaction. Átlátszó, en revanche, a décidé d’attaquer en justice le rapport d’enquête du BPS. « Nous avons exigé que ce bureau prouve ses allégations, détaille M. Bodoky, mais la semaine dernière [le 20 mai, NDLR], il y a eu une audition et ils ne se sont pas présentés. Ils ont envoyé une lettre à la cour indiquant qu’ils n’avaient pas à prouver [leurs déclarations] dans la mesure où ce qu’ils ont publié n’était qu’une opinion. »

Une simple opinion, sur l’oubli de laquelle le journal pourrait parier, si elle n’était pas amplement relayée auprès du public. M. Bodoky relève ainsi qu’une « proportion croissante des références [en ligne à notre journal] sont liées au BPS », notamment au sein des « médias gouvernementaux », lesquels dominent de façon écrasante le paysage médiatique hongrois – un phénomène décrit de longue date par de nombreux médias dont RFI, Le Monde, ou l’association Reporters sans frontières.

Une simple opinion, cependant, dont le texte du projet de loi sur la transparence semble se faire l’écho. Dans son rapport d’enquête, le BPS indique qu’Átlátszó travaille à « influencer les processus décisionnels publics et sociaux » ; le projet de loi quant à lui, vise à cibler les organismes cherchant à influencer « les processus décisionnels de l’État et de la société ».

Une « simple opinion » donc, qui s’apparente à une campagne de communication visant à préparer les Hongrois à l’adoption de la loi sur la transparence… dont la mise en œuvre reposera principalement sur le BPS. En cas d’adoption, c’est en effet à cet organisme, sur la base de ses enquêtes, que reviendrait la responsabilité de proposer une liste d’organisations menaçant la souveraineté hongroise au gouvernement, lequel disposerait du pouvoir de la valider par décret.

Associations : enlever l’ultime bastion

La mise à l’index d’Átlátszó serait d’ailleurs d’autant plus aisée que le journal, contrairement à la plupart des médias historiques hongrois, dispose du statut d’organisation à but non lucratif, l’une des catégories d’organisations visées par le projet de loi.

Si M. Bodoky a décidé de donner un tel statut au journal, explique-t-il, c’est par volonté de lui garantir une indépendance éditoriale la plus large possible, en se prémunissant de tout conflit d’intérêt économiques ou politiques entre de potentiels investisseurs et la rédaction. M. Bodoky parle d’expérience. Auparavant journaliste auprès du site d’information Index.hu, il a rencontré des difficultés à plusieurs reprises pour publier ses premiers articles d’investigation dans les années 2000.

Selon Zalán Zubor, journaliste d’Átlátszó spécialisé dans les affaires de corruption liées aux ONG, le choix d’opter pour le statut d’organisation à but non lucratif doit être mis en rapport avec un environnement particulièrement hostile au financement de la presse. En Hongrie, explique notre interlocuteur, les revenus générés par la publicité constituent la principale source de revenu des journaux traditionnels hongrois ; une source de revenu que le Fidesz est accusé de vouloir tarir (en imposant massivement les bénéfices générés par la publicité) et de manipuler en faveur des médias proches de sa ligne politique (en leur accordant des publicités d’État sans rapport avec leur audience) et ce depuis plusieurs années, comme le rapportent Courrier international ou RFI.

En outre, ajoute M. Zubor, ces pratiques se doublent de pressions exercées sur les agences publicitaires ; au point que « même de grandes entreprises n’osent plus faire de publicité dans les journaux d’opposition ou indépendants, par peur ensuite de se voir écarter [de potentiels marchés publics] ». Afin de contourner ce qui s’apparente à une tentative de prise de contrôle de la presse par le Fidesz et ses soutiens financiers, opter pour le statut d’organisation à but non lucratif s’est donc progressivement imposé comme une nécessité pour les créateurs de médias souhaitant garantir l’indépendance de leur ligne politique.

Aides en provenance de l’étranger : tarir la dernière source

D’après M. Zubor, pour Átlátszó comme pour les autres médias fondés ces dernières années, ce choix « s’est avéré plutôt efficace » en rendant les journaux « plus résistants ». Ainsi, se souvient M. Bodoky, six mois après le lancement d’Átlátszó, en 2011, « je pouvais payer mon salaire et une année plus tard […] nous pouvions embaucher des journalistes ». La rédaction en compte aujourd’hui douze. Les médias qui bénéficient du statut d’organisation à but non lucratif sont éligibles aux dons des particuliers ainsi qu’au don d’1 % de l’impôt sur le revenu. En outre, il leur permet d’effectuer des demandes de bourses de la part de fondations hongroises ou étrangères spécialisées dans le soutien à la presse.

C’est d’ailleurs ce dernier avantage qui explique la dimension internationale des finances d’Átlátszó mise en évidence par le rapport du BPS. « Je dirais qu’il y a un peu de vrai dans ce qu’ils disent [à ce sujet], indique M. Bodoky, car environ 50 à 60 % de notre budget annuel provient de subventions et de projets étrangers. Mais, précise-t-il, il ne s’agit pas d’un seul donateur, d’une unique entité étrangère qui nous donnerait cette somme. Il est question d’une douzaine de bailleurs de fonds, y compris des programmes, comme le Journalism Fund [une association belge spécialisée dans le soutien au journalisme indépendant et d’investigation, NDLR]. » Ces fonds, précise le rédacteur, proviennent « en partie de l’Union européenne, en partie des États-Unis ».

Le silence ; puis les élections

Pour Átlátszó comme pour les autres médias disposant du même statut, une inscription sur la liste des organisations réputées nuisibles en vertu de la loi sur la transparence équivaudrait donc tout bonnement à la faillite.

Même si, comme l’explique M. Bodoky, le journal a constitué des réserves qui lui permettraient de continuer à fonctionner pendant un temps, il n’en demeure pas moins que la réputation d’indépendance d’Átlátszó serait un peu plus dégradée dans l’opinion, puisque les membres du bureau de l’association qui publie seraient officiellement considérés comme des personnalités politiques. Plus grave encore, en l’état actuel du texte, les sources des journalistes seraient menacées. En cas de contrôle, l’autorité de lutte contre le blanchiment pourrait en effet exiger de la rédaction qu’elle lui transmette différentes informations, « données personnelles et protégées y compris ».

Une telle situation serait une catastrophe pour les médias indépendants subsistant en Hongrie, mais également pour les autres acteurs de la société civile bénéficiant du statut d’organisation à but non lucratif, dont certains ont également fait l’objet d’une enquête du BPS au cours de l’année passée. C’est le cas de l’ONG Transparency International, spécialisée dans la lutte contre la corruption, ou encore de l’association environnementale hongroise Göd-ÉRT.

Depuis plus de trois ans, la Hongrie figure au dernier rang des pays de l’Union européenne dans l’indice de perception de la corruption publié annuellement par Transparency International. Göd-ÉRT s’est illustré par son opposition à la politique du gouvernement Orbán visant à favoriser l’installation d’usines de fabrication de batteries en Hongrie. L’organisation a attaqué en justice l’entreprise Samsung pour ses manquements aux normes environnementales, comme l’a d’ailleurs rapporté Átlátszó.

Pour comprendre ce soudain déchaînement du gouvernement Orbán contre les voix dissidentes, indique József Makai, journaliste en charge des Balkans et de l’Ukraine à Átlátszó et enseignant à l’université Kodolányi de Budapest, il est « important de replacer les choses dans leur contexte ».

« Nous sommes à environ dix mois des élections [législatives], poursuit-il. Une nouvelle force politique [le parti Respect et Liberté de Peter Magyar, NDLR], arrive en tête des sondages. […] Il est évident qu’il a gagné la confiance des gens. Le Fidesz est en grand danger. Ils ont donc besoin d’éliminer tout ce qui ne va pas dans leur sens. » En outre, d’après M. Makai, cette manœuvre aurait l’avantage de permettre au Fidesz de faire appel à son électorat, en recourant à une tactique qui, jusqu’ici, a fait son succès. « C’est le cœur de la politique du Fidesz : avoir un ennemi, mener un combat, faire campagne contre quelqu’un. […] Toujours être dans le conflit, toujours être à la recherche d’un nouvel ennemi – ou d’un ancien, s’ils n’en trouvent pas de nouveau », détaille-t-il sans ambages.

À propos d’ennemi de longue date, indique M. Makai, il est possible que le projet de loi sur la transparence ait également été conçu par le Fidesz comme un moyen de « prendre sa revanche sur George Soros » – une hypothèse qu’envisage également M. Bodoky. Réputé philanthrope (un qualificatif que les gouverneurs de la banque d’Angleterre ne partageraient pas nécessairement), ce milliardaire est accusé, depuis des années, par les gouvernements Orbán successifs de s’ingérer dans les affaires publiques du pays.

La fondation de M. Soros, Open Society (qui a soutenu Átlátszó) milite entre autres pour la liberté de la presse. Elle apporte depuis l’étranger son soutien financier à différentes organisations basées en Hongrie : visés par les attaques incessantes du Fidesz, ses dirigeants se sont résolus à fermer leur branche hongroise en 2018. L’événement, largement relayé par la presse européenne et américaine, a provoqué une vague de critiques ; mais qu’importe.

Une rumeur mais pas d’entraves

Qu’importe car « Orbán et le Fidesz n’ont pas peur du conflit », souligne M. Makai, qu’il s’agisse des critiques de l’opposition (aujourd’hui sous-représentée au Parlement hongrois, où le Fidesz dispose d’une écrasante majorité absolue), des manifestations, voire des réprimandes des eurodéputés ou de la Commission européenne. Au niveau européen, souligne M. Makai, même les recours en justice se sont jusqu’ici révélés sans grand effet.

En juin 2024, rappelle-t-il, la Hongrie a été condamnée à verser une amende de 200 millions d’euros pour non-respect du droit d’asile et à verser un million d’euros par jour tant que sa politique migratoire n’aura pas été mise en conformité avec les règles européennes. Pourtant rien n’y fait : à ce jour, le gouvernement Orbán refuse de payer. Lasse, la Commission s’est résolue à suspendre une partie des aides européennes qui sont versées au pays. En vain.

Pour la rédaction d’Átlátszó, ce ne sont donc pas les protestations, d’où qu’elles viennent, qui empêcheront le Fidesz de voter son projet – une source requérant l’anonymat indique même que le gouvernement réfléchirait à adopter par décret une version du texte spécifiquement orientée vers les médias et ce avant même l’examen du texte général prévu à l’automne.

Ces mêmes protestations devraient par ailleurs rester sans effet en ce qui concerne le projet d’amendement de la constitution évoqué par le Fidesz au mois de mars et qui semble faire office de complément au projet de loi sur la transparence. Cet amendement, présenté lui aussi comme une mesure de protection de la souveraineté, permettrait la suspension de la nationalité hongroise de certains binationaux considérés comme dangereux. Les personnes visées pourraient se voir interdites de séjour en Hongrie, comme le rappellent Euronews ou Reuters.

Selon M. Makai, qui dispose d’une double nationalité serbe et hongroise, comme pour les sympathisants du Kutya Párt, ces projets de loi et cette rhétorique de l’ennemi omniprésent ne sont pas sans rappeler l’atmosphère politique des régimes autoritaires ; qu’il s’agisse de la Russie de Vladimir Poutine, de la Serbie de Slobodan Milošević ou encore de l’URSS. « Souvenez-vous de l’époque où le régime communiste […] a cessé d’avoir recours au Goulag de manière systématique, explique-t-il. Ils ont commencé par se tourner vers les institutions psychiatriques [pour y interner les opposants, NDLR] et, à la fin, ils se sont mis à expulser d’Union soviétique les dissidents pour les envoyer à l’Ouest, en Suisse par exemple. On les emmenait à l’aéroport puis on les débarquait de l’avion avant de leur lancer : “Au fait, avant que j’oublie : vous venez perdre votre nationalité.” Eh bien, ça me rappelle un peu tout ça. Peut-être nous mettront-ils dans un avion… ou peut-être pas. »

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Antoine Laurent est journaliste indépendant. Contributeur du bimensuel suisse Echo Magazine, du média italien Osservatorio Balcani e Caucaso Transeuropa et d’autres titres de façon plus ponctuelle (Le Courrier de Genève, Linkiesta…).

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