Vladimir Poutine n’a pas conçu et construit seul le poutinisme, et le feuilleton de Cécile Vaissié, « Ils ont fait le poutinisme », reprend donc dans Desk Russie. Les héros de ce huitième épisode ne sont qu’en apparence les ministres de la Défense de Russie – dont Anatoli Serdioukov –, leurs blondes et leurs scandales. La véritable héroïne de cet épisode, c’est la meilleure alliée de l’Ukraine : la corruption, dans l’armée russe et ailleurs.
Des erreurs majeures d’appréciation
L’une des plus grandes surprises de la guerre insensée déclenchée par la Russie contre l’Ukraine a sans doute été de découvrir combien l’armée russe était faible, inefficace, mal organisée et mal équipée : elle manque « de munitions, de soldats et de véhicules », soulignait ainsi le renseignement britannique en août 2022. Certes, elle semble s’être renforcée depuis, signalent certaines sources ukrainiennes, et elle ne doit pas être sous-estimée. Il n’empêche qu’elle n’a pu exécuter les ordres de Vladimir Poutine — prendre Kyïv en trois jours — et que le nombre des tués et blessés russes surpasse de beaucoup celui des Ukrainiens tués, d’après le New York Times.
Si la surprise a été forte, c’est parce que l’opinion était répandue, en France et en Occident, que l’armée russe était la deuxième armée au monde, qu’elle avait été profondément restructurée après la guerre contre la Géorgie en 2008 et développait des armes jamais vues ailleurs. Des indices — portant notamment sur la corruption — permettaient pourtant au non-spécialiste de deviner que la réussite n’était sans doute pas aussi exceptionnelle que le pouvoir l’affirmait et que des « experts » le répétaient. Mais la propagande russe sur les progrès de l’armée a été efficace, et la plupart des Occidentaux ayant travaillé sur cette question sont tombés dans le panneau. Ce qui impose de revenir, au-delà des illusions créées, sur certaines réalités russes.
« Pacha Mercedes », premier ministre de la Défense de la Russie postsoviétique
Pavel Gratchev (1948-2012) a été le premier ministre de la Défense dans la Russie non soviétique : entre mai 1992 et juin 1996. C’était un officier — contrairement à ses successeurs Anatoli Serdioukov et Sergueï Choïgou —, un ancien de l’Afghanistan, et il avait dirigé les forces parachutistes d’URSS en 1990-1991. Eltsine lui était reconnaissant car, pendant le putsch d’août 1991, Gratchev n’avait pas utilisé ses troupes pour arrêter l’opposition, et n’avait pas fait tirer sur celle-ci1.
Alfred Koch et Piotr Aven, tous deux anciens ministres, l’ont interviewé peu avant sa mort et ils souligneront que, lorsque Gratchev a pris la direction de l’armée, celle-ci « s’effondrait, à la suite du pays ». Il fallait évacuer les troupes des pays de l’ancien pacte de Varsovie, réduire radicalement le nombre de militaires, trouver à ceux-ci des logements et faire face aux « tentatives pour entraîner l’armée russe dans des conflits sur les territoires des ex-républiques » (en admettant que ces « conflits » n’aient pas été créés par la Russie ou, au moins, par des citoyens russes). Les officiers, « restés à la rue », devenaient presque automatiquement des opposants au régime de Eltsine2. De fait, des officiers jadis en poste en RDA ont été logés pendant des années dans des conditions indignes.
Gratchev avait-il tout à fait le niveau pour assurer cette transition ? Il racontera peu avant sa mort que, lors de réunions apparemment gouvernementales, il glissait à sa voisine Galina Starovoïtova, conseillère du président de Russie pour les questions internationales, qu’elle avait de beaux seins… Selon lui, elle lui a rétorqué : « Imbécile, écoute ce que des gens intelligents disent. » Et il lui aurait répondu : « De toute façon, je ne comprends rien à ce que [Gaïdar] dit. » Il ajoutera : « Après quelques séances, elle s’est plainte à Gaïdar, et on nous a séparés3. »
En cette première moitié des années 1990, le Moskovski Komsomolets (MK) est le quotidien qui soulève des scandales politiques le plus lu. Dmitri Kholodov (1967-1994) y enquête sur la corruption dans les forces armées russes, ainsi que sur le trafic d’armes illégal. D’après Pavel Goussev, propriétaire et rédacteur en chef du MK, le jeune journaliste avait déjà dévoilé « des sensations sur l’activité du ministère de la Défense et des généraux » : « Sur la façon dont ils vendaient des biens de l’État. Dont ils utilisaient des soldats pour construire leurs datchas et rénover leurs appartements. Il avait décrit toute la décomposition de l’armée russe de l’époque. Et Pavel Gratchev était le ministre de la Défense4. » Le 17 octobre 1994, Kholodov récupère dans une gare moscovite une mallette censée contenir des documents. Il l’ouvre à la rédaction : une bombe, installée par des professionnels, explose et tue le jeune homme.
Ce serait le premier meurtre commandité d’un journaliste dans la Russie post-soviétique.
Dans les jours qui suivent, Vadim Poegli, collègue de Dmitri Kholodov, publie l’article « Pacha Mercedes » dont le sous-titre est « Un voleur doit être en prison, et non ministre de la Défense ». Il y affirme que Pavel Gratchev s’est illégalement acheté deux Mercedes, avec de l’argent attribué à la construction de maisons pour des militaires. En outre, la rédaction accuse de meurtre les collaborateurs du ministère de la Défense5, et le ministre est mis en cause. Si cet assassinat en annonce bien d’autres, une corruption qui se limiterait à deux Mercedes fait presque sourire aujourd’hui.
Gratchev n’est sanctionné ni pour l’attentat, ni pour le détournement de fonds, mais, en juin 1996, juste après le premier tour des présidentielles, Boris Eltsine propose au général Lebed de rejoindre son équipe et, en cas de victoire, de superviser tous les ministères « à épaulettes ». Lebed pose comme condition que Gratchev soit renvoyé : il le connaît depuis le début des années 1970 et a combattu avec lui en Afghanistan, mais les deux hommes se sont brouillés lors de la guerre de Transnistrie6. Gratchev est alors l’un des ministres les plus impopulaires du pays : il est perçu non seulement comme corrompu, mais aussi comme l’un des principaux responsables de la première guerre de Tchétchénie.
Trois généraux se succèdent alors au poste de ministre de la Défense, sans résultats très convaincants. D’après Isabelle Facon, Poutine s’est donc « trouvé très directement confronté aux effets de [la] crise de l’armée » lorsqu’il a déclenché en 1999 la seconde guerre de Tchétchénie : l’armée, qui comptait alors près d’1,4 million d’hommes, aurait eu du mal à mettre sur pied un contingent de 66 000 combattants7. Selon elle, il aurait été déterminé « à remettre l’armée sur pied8 » et, en 2001, il nomme à la tête du ministère de la Défense Sergueï Ivanov, colonel-général de réserve. Mais, le 15 février 2007, alors que « les problèmes de logement, de couverture médicale, de niveau des soldes sont loin d’être résolus9 » dans l’armée, Vladimir Poutine remplace Sergueï Ivanov par Anatoli Serdioukov : un ancien vendeur de meubles.
Anatoli Serdioukov, un ancien vendeur de meubles
Né en janvier 1962, Anatoli Serdioukov a fait des études de commerce à Leningrad, puis, en guise de service militaire, a suivi des cours dans une faculté militaire, comme de nombreux étudiants soviétiques, peu attirés par une armée dont les cruelles pratiques de bizutage seraient révélées pendant la perestroïka. En 1985, il devient l’assistant du directeur d’un magasin de meubles et sera, en 2000, directeur général d’une entreprise de meubles : en fait, semble-t-il, directeur d’un magasin de meubles. Cette année-là, sa liaison avec celle qui deviendra sa deuxième épouse, Ioulia Zoubkova, propulse sa carrière vers des sphères inattendues. En effet, le père de la jeune femme, Victor Zoubkov, a travaillé comme adjoint de Vladimir Poutine à la mairie de Saint-Pétersbourg de 1991 à 1993 et occupe depuis des fonctions dirigeantes au Service fédéral des impôts (FNS) de Russie. Après les noces, Serdioukov rejoint l’administration de son beau-père. Sa carrière progresse à toute vitesse et explose en 2004, parallèlement à celle de son beau-père, qui est alors nommé à la tête du Service fédéral de contrôle financier.
Serdioukov devient, en mars 2004, vice-ministre des Impôts, et, en juillet, il prend la direction du Service fédéral des impôts, avec rang de ministre : cette administration qu’il a rejointe quatre ans plus tôt. Depuis son mariage, il a aussi — sur le papier, au moins — repris des études à la faculté de droit de l’université de Saint-Pétersbourg : celle où ont étudié et/ou travaillé Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev, Anatoli Sobtchak et d’autres. Il soutient même une thèse de doctorat en économie, toujours en 2004, et, deux ans plus tard (une brièveté exceptionnelle !), une thèse d’habilitation. Comme son beau-père. Bref, pour comprendre ce brillant parcours, revoyez le film de Nikita Mikhalkov, Sans témoins. Et relisez Gogol.
Mais il ne s’agit pas que d’un cas ordinaire de népotisme familial. En effet, Igor Setchine aussi aurait poussé la candidature de Serdioukov à la tête des impôts en 2004 : en plein pendant l’affaire Khodorkovski. Parce que ce dernier était formellement accusé de n’avoir pas payé ses impôts, l’homme à la tête du fisc jouerait un rôle déterminant dans les attaques10. Mikhaïl Kassianov, alors Premier ministre, racontera en 2009 avoir traîné à valider la nomination de Serdioukov comme vice-ministre des impôts, « en sentant quelque chose de pas net ». Il aurait alors été appelé au téléphone plusieurs fois, à ce sujet, par le général du FSB Victor Ivanov, qui, dans l’administration présidentielle, gérait les questions des cadres. « Et je résistais intérieurement », ajoutera Kassianov : « Ce n’était pas clair pour qui cette nomination était indispensable, ni pourquoi. » La nomination a traîné six mois, puis été finalisée juste après le départ de Kassianov du gouvernement. Ce dernier précisera : « Quand [Serdioukov] est arrivé enfin au ministère des Impôts, tout est brusquement devenu clair : il a commencé à prendre en charge le travail titanesque lié à [l’affaire] Ioukos11. »
Serdioukov était donc « l’homme de Setchine », ce dernier ayant, comme Victor Zoubkov, fait partie des proches collaborateurs de Vladimir Poutine à la mairie de Saint-Pétersbourg, et n’ayant plus quitté Poutine depuis. Et c’est parce que Serdioukov était venu à bien de ses missions dans l’affaire Khodorkovski/Ioukos qu’il aurait été promu en 200712.
Et quelle promotion ! En février 2007, sur décision présidentielle, l’ancien vendeur de meubles est nommé ministre de la Défense, alors que Poutine s’apprête à mettre en place celui qui, pendant quatre ans, lui gardera la fonction présidentielle. Hasard — ou pas vraiment… — Viktor Zoubkov devient, en septembre 2007, Premier ministre, un poste où il sera remplacé le 8 mai 2008 par Vladimir Poutine, une fois Medvedev élu président. Zoubkov restera jusqu’en mai 2012 adjoint direct de Poutine et membre du Conseil de sécurité de Russie. Tout reste entre soi : le petit groupe de Léningrad.
Loin de ces jeux de palais, Isabelle Facon considère toutefois que la nomination d’Anatoli Serdioukov comme ministre de la Défense témoignait du « souci du Kremlin de […] limiter la corruption » dans un ministère où, d’après le ministre précédent, « quelque 40 % du budget étaient ‘’mangés’’ par la corruption13 ». La suite des événements permet de douter d’une telle volonté. D’autant que 40 % de « corruption » se situe, à l’époque, dans la moyenne plutôt basse des rétro-concessions sur les subventions d’État, dans tous les domaines.
Serdioukov, ministre de la Défense
Serdioukov est donc ministre, lorsque d’importantes réformes des forces armées de Russie sont lancées à l’automne 2008, juste après la guerre contre la Géorgie, et alors que Vladimir Poutine rêve sans doute déjà de nouvelles conquêtes territoriales. Passons rapidement sur ces réformes — dont plusieurs points seront annulés par le successeur de Serdioukov. Disons qu’elles impliquent énormément d’argent, puisqu’il est question de consacrer 613 milliards de dollars au réarmement entre 2011 et 2022 — ce qui offre aussi des possibilités d’enrichissement personnel… Elles prévoient une diminution numérique des militaires (y compris des officiers et des organes de direction), de nombreuses réorganisations (des secteurs militaires géographiques, de la réserve, de la formation, de l’armée de l’air, etc.), un assouplissement des conditions du service militaire réduit à un an, ainsi que la vente de propriétés et l’externalisation de nombreuses fonctions14. Ce dernier point explique pourquoi Evguéni Prigojine pourra se faire beaucoup d’argent en devenant, grâce à ses relations privilégiées avec Vladimir Poutine, le fournisseur des cantines et mess de l’armée russe.
Ce programme aurait toutefois valu à Serdioukov d’être rejeté par les « vieux généraux », trop bousculés. Un banal conflit de générations ? Pas seulement : d’après le journaliste Mikhaïl Zygar, ces généraux méprisaient Serdioukov — un ancien vendeur de meubles ! — et son entourage, alors largement composé de femmes15. Une féminisation qui ne sera pas exactement une marque de féminisme.
D’autres tensions s’aiguisent, notamment entre Serdioukov et Alexeï Koudrine, alors ministre des Finances : Serdioukov demande 28 000 milliards de roubles sur dix ans pour rééquiper l’armée, et Koudrine ne veut lui en accorder qu’un tiers (9 000 milliards). Serdioukov convainc Medvedev en 2010 de lui en donner vingt, ce qui aurait irrité Koudrine, mais aussi Poutine et « tout l’appareil d’État » : « Avec un tel budget, le ministère de la Défense et le ministre Serdioukov devenaient […] le plus riche centre de force dans la nouvelle structure de pouvoir16. » D’après Mikhaïl Zygar, des rumeurs commencent à courir : Medvedev pourrait, en s’appuyant sur ce ministère, s’opposer à Poutine… Le journaliste supposera toutefois qu’elles étaient fausses et témoignaient seulement de la volonté de certains de discréditer Serdioukov17.
Ce dernier engage ses réformes : il remplace de nombreux cadres par des gens plus jeunes, souvent issus du secteur civil ; il commande un nouvel uniforme militaire, et un budget de 100 millions de dollars est consacré à la conception, puis 5,5 milliards à l’entrée en usage de ces uniformes. Où seront ceux-ci en 2022 ? Un indice en est donné par le scandale qui éclate à la fin octobre 2012 et implique aussi le ministre.
Un énorme scandale de détournement de fonds
Serdioukov a présidé, de juillet 2009 au 30 juin 2011, le conseil d’administration d’Oboronservis, un ensemble complexe et peu efficace d’entreprises, dont le ministère de la Défense est alors le seul client et qui gère les biens immobiliers de ce ministère. Or, dans le cadre des réformes, certains de ces biens ont été vendus aux enchères, et il va s’avérer que les plus prestigieux ont été acquis à des prix très sous-estimés par des structures commerciales liés à Oboronservis, voire avec de l’argent qui aurait été volé à Oboronservis par les collaborateurs de cette structure. Il sera question de trois milliards de roubles détournés au cours de ces opérations qui ne peuvent pas ne pas rappeler, à une autre échelle, les « prêts contre actions », organisés entre 1995 et 1997 : comment privatiser des biens publics en les offrant « aux siens » à bas coût.
Celle qui supervisait la plupart de ces opérations et a signé des documents de vente s’appelle Evguénia Vassilieva. Cette blonde gironde a dirigé le département des biens du ministère de la Défense jusqu’à l’été 2012, et elle est la maîtresse — aujourd’hui l’épouse — d’Anatoli Serdioukov.
Née en 1979, Evguénia Vassilieva a dix-sept ans de moins que le ministre et vient d’une famille très aisée : son père, homme d’affaires, est membre de plusieurs conseils d’administration. Elle a étudié le droit à Saint-Pétersbourg en même temps qu’Anatoli Serdioukov, mais celui-ci prétendra ne l’avoir rencontrée qu’en 2009. Ses études terminées, la jeune femme travaille comme consultante juridique dans des entreprises où elle s’occupe notamment de problèmes fiscaux. En 2007, l’année où Serdioukov est nommé ministre de la Défense, elle devient directrice générale d’une entreprise de construction et conseillère « bénévole » de Vladimir Ressine, premier adjoint du maire de Moscou. Pourquoi « bénévole » ? Deux ans plus tard, elle devient aussi conseillère d’Alexandre Beglov qui est alors le numéro 2 de l’administration présidentielle de Russie, a remplacé Igor Setchine à ce poste — tout se retrouve… — et deviendra gouverneur de Saint-Pétersbourg.
Vassilieva commence à travailler au ministère russe de la Défense en 2010, d’abord comme conseillère du ministre. Selon certains, celui-ci l’aurait repérée alors qu’elle faisait encore ses études, et c’est grâce à ses relations qu’elle aurait été recrutée au ministère « où rien n’échappait à l’œil de lynx d’Anatoli ». Rapidement, elle y dirige le département des biens patrimoniaux, puis l’appareil, et elle est membre du Conseil d’administration d’Oboronservis. D’après Victor Baranets, l’ancien chef du service de presse du ministère de la Défense, Evguénia Vassilieva occupait dans ce ministère une fonction préalablement tenue par un colonel : « Et elle se permettait de crier sur des officiers, et de les humilier, en utilisant des expressions grossières. » Des gens pleuraient, incapables de travailler après ce qu’elle leur avait dit. « Chef de l’appareil, c’est une fonction très importante », soulignera Baranets qui donne ainsi des renseignements intéressants sur les pratiques de travail dans cette structure.
Serdioukov et Vassilieva entament une liaison enflammée, et la jeune femme emménage dans un immeuble luxueux, à proximité de de l’église du Christ-Sauveur, au cœur de Moscou — en 2012, son père assurera lui avoir acheté cet appartement en mars 2010. Chacun des six logements de cet immeuble a une superficie de 200 m2, voire plus, et coûte au moins 250 millions de roubles. La jeune femme a Serdioukov pour voisin.
Ce conte de fées est interrompu au matin du 25 octobre 2012, lorsqu’une perquisition a lieu chez Vassilieva. Serdioukov est présent, et il se chuchote donc que tous deux sont liés par des « relations proches ». Le même jour, d’autres perquisitions ont lieu dans les bureaux d’Oboronservis et chez plusieurs collaborateurs de cette structure. Celle chez Vassilieva s’avère fructueuse : des documents sont confisqués, ainsi que, d’après la BBC, plus de trois millions de roubles en liquide, des montres précieuses, des tableaux et près de 60 000 pierres précieuses (diamants, rubis et autres) pour un poids total de 19 kilos. La Komsomolskaïa Pravda évoquera, elle, seulement 51 000 pierres précieuses et 19 kilos d’or et de platine. La collection de bijoux vaudrait, au seul prix des pierres et du métal, environ 130 millions de roubles, mais Vassilieva parlera de « bijoux sans valeur ». Le père de la jeune femme prétendra avoir acheté à sa fille une partie de ces bijoux, mais un enquêteur réfutera ces dires : il aurait fallu que, pendant vingt ans, le père, aux revenus pourtant confortables, donne « chaque mois tout son salaire à sa fille, pour qu’elle possède de telles richesses ». Bref, de l’argent a échappé au fisc, et la presse fait des gorges chaudes de cette affaire qui mêle corruption et adultère au plus haut niveau.
Le 6 novembre 2012, Poutine impose donc à Serdioukov de quitter sa fonction de ministre et nomme à sa place Sergueï Choïgou. Lui non plus n’est pas militaire, mais il appartient depuis des années à l’entourage proche de Poutine et, en particulier, a mené le parti Unité aux élections victorieuses de décembre 1999.
Il se pourrait que l’enquête sur Oboronservis s’inscrive — comme celle sur Skolkovo qui devait devenir la « Silicon Valley russe » et a été englouti sous les scandales de corruption18 — dans le cadre des règlements de comptes avec des proches de Medvedev, voire avec Medvedev lui-même qui a quitté la présidence quelques mois plus tôt, et ce dernier ne défendra aucun de ses anciens partisans. D’autres pistes, non incompatibles, ont été envisagées et explorées à l’époque par divers experts russes. Pour certains, « des forces » auraient voulu voir Dmitri Rogozine à la tête du ministère de la Défense. Pour d’autres, les perquisitions étaient un « message » adressé à Serdioukov par des membres haut placés du gouvernement, qui n’avaient pas le pouvoir de le démissionner.
Si ces hypothèses se chuchotent, c’est parce que, d’après ces experts, la Principale procurature militaire était alertée depuis longtemps sur de possibles illégalités au sein d’Oboronservis, et ces informations auraient été transmises plusieurs fois au Comité d’enquête de la Fédération de Russie. Pourquoi une enquête n’a-t-elle pas été ouverte immédiatement ? En tout cas, l’ancien chef du service de presse du ministère de la Défense affirmera en 2012 que des vols ont bien eu lieu chez Oboronservis, que Serdioukov méprisait les gens en uniforme et qu’il faudrait donc lui retirer « cette image de “grand réformateur de l’armée” » et le voir comme « un fonctionnaire, ordinaire dans notre contexte », qui a amené ses courtisans avec lui au ministère de la Défense : « Des petites dames aux ongles rouges, qui ont des chiens minuscules et ne comprennent pas ce qu’est l’armée. » Certains parleront des « Amazones de Serdioukov »…
Dix-huit perquisitions ont lieu, le 22 novembre, chez d’anciens hauts-fonctionnaires du ministère de la Défense, dont Serdioukov. Le lendemain, Vassilieva, accusée d’avoir vendu à des structures privées les biens du ministère à des prix très bas, est assignée à domicile. Assez vite, elle sera toutefois autorisée à recevoir des gens s’ils n’ont pas de liens avec l’enquête : elle bénéficie d’un traitement privilégié. Les inculpations se multiplient, les montants des escroqueries supposées explosent. Finalement, le 4 octobre 2013, la jeune femme est inculpée pour escroquerie, légalisation de fonds criminels, excès et abus de pouvoir : elle risque douze ans de détention. Cela ne semble pas la troubler et, toujours assignée à domicile, elle organise dans son appartement des expositions de ses tableaux, y enregistre des chansons et y tourne même un clip.
Le destin de Serdioukov est autre : celui-ci est nommé, en novembre 2013, directeur général du Centre fédéral de recherche en génie mécanique, ce centre faisant partie de l’entreprise d’État Rostekhnologuiï, dirigée par Sergueï Tchemezov, ancien du KGB et proche de Vladimir Poutine. Peskov, porte-parole du président russe, déclare que le Kremlin n’a rien à voir avec cette nomination qui suscite l’indignation de certains. Qu’il soit permis d’en douter.
En outre, le Comité d’enquête décide, en février 2014, de cesser l’enquête sur Serdioukov qui, en tant que « défenseur de la patrie » — quelle « patrie » a-t-il défendue et comment ??? —, a bénéficié d’une amnistie à l’occasion des vingt ans de la Constitution de Russie. D’après Alexandre Bastrykine, chef de ce Comité, celui-ci n’aurait pas trouvé de preuves sérieuses de l’implication de Serdioukov dont la signature ne figurerait que sur un seul papier. En juin 2014, la Principale procurature militaire clôt l’affaire pénale sur l’ancien ministre. Aucune accusation n’est retenue contre lui et, notera la BBC, les enquêteurs ont « considéré que le ministre ne connaissait pas la corruption dans le ministère ». D’autant que Vassilieva refuse de le mettre en cause. Serdioukov va donc poursuivre sa carrière dans des entreprises de Rostekh et rejoindre plusieurs conseils d’administration dans ce secteur.
Le procès s’ouvre en janvier 2015. Vassilieva est jugée avec quatre personnes considérées comme ses complices. Serdioukov vient en Mercedes témoigner au procès de sa blonde collaboratrice qu’il assure avoir engagée pour ses qualités professionnelles. Il prétend, en outre, que le ministère ne vendait à des acheteurs privés que des entreprises dont il n’avait pas besoin, et cela dans le cadre de la réforme pour l’efficacité accrue des forces armées : Vassilieva aurait donc rendu service au ministère. Désormais couvert, il déclare que toutes les décisions se prenaient avec l’aval du ministre et que la jeune femme garde sa pleine confiance. Celle-ci ne se reconnaît pas coupable et assure que cette affaire a été fabriquée pour décrédibiliser Serdioukov.
Vassilieva n’en est pas moins déclarée coupable le 8 mai 2015 et condamnée à cinq ans de camp : elle aurait bien vendu et détourné des biens du ministère de la Défense, causant à l’État une perte de 647 millions de roubles, et elle doit, avec ses quatre co-accusés, rembourser 215 millions de roubles.
La suite est tout aussi intéressante. D’abord, des rumeurs courent que, dans certains cas, des condamnés paient des tiers pour que ceux-ci purgent leur peine de détention à leur place. En outre, certains chuchotent, à la fin juillet 2015, que Vassilieva a été remise en liberté, ce que les autorités contestent. Mais la jeune femme a retiré son appel, contrairement à ses quatre co-accusés. La nouvelle est annoncée le 25 août 2015 : « La Blonde en liberté conditionnelle. Evguénia Vassilieva a quitté le camp ». Elle a bénéficié d’une liberté anticipée, alors qu’il lui restait plus de deux ans à purger. Son père assure avoir payé les 215 millions que devait sa fille.
En tout, celle-ci a été assignée à domicile du 23 novembre 2012 au 8 mai 2015, puis elle a été détenue du 8 mai au 23 juillet dans une prison de Moscou, puis, pendant 34 jours, dans un camp de la région de Vladimir. Ce que l’on ne souhaite à personne, mais qui est très peu, en comparaison d’autres cas, même analogues. Cette libération fait d’ailleurs scandale en Russie : 70 % des Russes sont contre, et 8 % pour, 13 % seulement disant ne pas savoir qui est Vassilieva. Khodorkovski félicite celle-ci pour sa libération, mais ajoute se souvenir du rôle que Serdioukov a joué dans sa propre affaire.
La jeune femme reprendra des études d’art. Devenue membre honorifique de l’Académie russe des Beaux-Arts, elle expose ses œuvres dans sa propre galerie, Eva Gallery, au cœur du Moscou historique. Entre-temps, elle a épousé Serdioukov. L’amour triomphe toujours…
En 2018, Gleb Pavlovski, ancien proche de l’administration présidentielle, déclare que, parmi les principaux mérites de Poutine, il y a le fait que celui-ci « a rétabli l’armée » : « Poutine peut partager ce mérite, je crois, avec Serdioukov […]. » L’armée russe aurait été réformée grâce à eux et, « maintenant, le pays a une armée qui n’est peut-être pas dirigée comme il faut, ni utilisée comme il faut, mais [qui] existe ». Les rumeurs inexactes sur l’état de cette armée ont aussi été véhiculées par des figures médiatiques russes comme Pavlovski, avant d’être reprises par des « experts » occidentaux, moins au fait des réalités post-soviétiques.
Choïgou, le ministre de la guerre contre l’Ukraine
Dans les mois qui suivent sa nomination, Choïgou critique et annule certains éléments des réformes de Serdioukov. Celles-ci ont-elles, ou non, permis d’améliorer la situation par rapport à 2008 ? En octobre 2022, en pleine guerre déclenchée par le Kremlin, Andreï Gouroulev, membre du comité de la Défense, déclare que 1,5 millions d’uniformes — les uniformes conçus et commandés à l’époque de Serdioukov ! — ont disparu des entrepôts de l’armée et ne peuvent donc être distribués aux mobilisés. Observateur attentif, le traducteur André Markowicz note sur sa page Facebook que ces uniformes avaient été « façonnés, et livrés », puis « dispersés dans des dizaines (des centaines ?) d’entrepôts à travers le pays » :
« Et c’est là que, durant des années, ils avaient été volés par des dizaines et des dizaines de responsables, à l’unité, à la dizaine, et, sur des années, revendus au marché noir — et pas tellement au marché noir, d’ailleurs, parce que, pour un grand nombre d’entre eux, ils se retrouvaient dans les magasins dans lesquels les recrues, aujourd’hui, sont forcées de se fournir. C’est-à-dire que c’est, en gros, l’ensemble du corps des sous-officiers et des officiers qui vole : tout le monde vole. »19
Lisez Gogol, vous dit-on ! D’autant que ces pratiques ne concernent pas que les uniformes, à en croire une investigation approfondie, publiée le 16 décembre 2022 par le New York Times. Celui-ci entend comprendre « comment “une promenade dans le parc” est devenue une catastrophe pour la Russie ». Il relève que « les soldats russes vont au combat avec peu de nourriture, peu de munitions et des instructions attrapées sur Wikipédia pour des armes qu’ils savent à peine utiliser ». Soit ils n’ont pas de cartes des lieux où ils se trouvent en Ukraine, soit ils ont des cartes vieillies et dépassées. Ils « ont été entraînés dans des bases russes délabrées, sapées par la corruption », et certains ont reçu des Kalachnikov ayant cinquante ans. Bref, beaucoup ont été tués, faute d’équipements et de formation. Ce qui explique les pertes humaines énormes. Le constat est clair : « les forces militaires russes, en dépit des suppositions occidentales sur leurs prouesses, étaient gravement fragilisées par des années de vol ». Oui, « des centaines de milliards de dollars avaient été consacrés à la modernisation des forces armées sous M. Poutine », mais « des scandales de corruption ont pris au piège des milliers d’officiers ».
Une étude occidentale sur l’état de l’armée russe est donc, en grande partie, dérisoire, si elle ne tient pas compte de la corruption à tous les niveaux : au niveau des ministres et de leurs adjoints, de leurs maîtresses et de leurs subordonnés, du haut en bas de la chaîne hiérarchique. Une corruption que Navalny et ses équipes exposent depuis plus de dix ans.
En août 2022, le site Meduza a encore annoncé que « l’équipe de Navalny [avait] trouvé dans la famille de l’adjoint de Choïgou plusieurs milliards de roubles en biens immobiliers ». D’après cette enquête, quatre des enfants majeurs de Rouslan Tsalikov, vice-ministre de la Défense, auraient acheté des terrains et des bureaux, via leurs entreprises, et cela depuis le déclenchement de la guerre. Or les salaires officiels de ces jeunes adultes ne leur permettent pas d’acheter de tels biens. L’équipe de Navalny avait déjà trouvé, au nom de Tsalikov, des propriétés sur la Roubliovka (la banlieue ultra-luxueuse de Moscou) pour 3,5 milliards de roubles : « Ainsi, la famille du premier vice-ministre de la Défense possède en tout un capital de 5 milliards de roubles. »
En décembre 2022, cette équipe de Navalny a diffusé un nouveau film, Guerre et fête. La vie glamour de Timour Ivanov, vice-ministre de la Défense. Ce film montre le luxe incroyable dans lequel vit cette famille. L’épouse du vice-ministre, Svetlana, séjourne régulièrement à Paris et loue à prix d’or des villas sur la Côte d’Azur. Cette blonde qui ressemble beaucoup à Vassilieva s’affiche sur des yachts, dans des jets, avec des tenues très coûteuses — qu’elle peut se permettre, à en croire cette enquête, non grâce au salaire de son mari, mais parce que celui-ci détourne de l’argent des travaux de l’armée et/ou reçoit des « rétrocommissions » pour les marchés qu’il supervise. Explicitement comparés au couple Serdioukov-Vassilieva, les Ivanov vivraient bien plus richement que ceux-ci, dix ans plus tôt. Ils ont acheté et aménagé un hôtel particulier du XIXe siècle, et les factures seraient payées par ceux qui bénéficient des commandes d’État gérées par le vice-ministre.
C’est tout ? Non. Encore le 12 décembre 2022, le journaliste français Paul Gogo twitte :
« D’après Mash, l’ancien vice-Premier ministre du Daghestan Moukhtar Mejidov “a été condamné à 5 ans de prison et à une amende de 900 000 roubles pour avoir détourné 108 millions de roubles du ministère de la Défense”. Les coulisses d’une armée sans uniformes ni rations. »
Que certains Ukrainiens demandent « davantage de corruption » en Russie se comprend : cette corruption est, de fait, leur meilleure alliée.
Conclusion : l’ombre de Guennadi Timtchenko
Ces problèmes n’apparaissent toutefois pas dans le livre La Nouvelle Armée russe, qui, publié en 2021, est sans doute le livre le plus récent paru en France sur ce sujet avant la guerre20. Cet ouvrage d’un peu plus d’une centaine de pages n’annonce en rien le désastre qui sautera aux yeux quelques mois plus tard en Ukraine, au point que l’armée russe — un « outil désormais performant », selon la quatrième de couverture… — devra être renforcée par des assassins, recrutés par Prigojine dans des camps. Le lecteur de 2023 sourit amèrement en lisant que « le pouvoir politique, tirant les leçons humainement cruelles des interventions en Afghanistan et en Tchétchénie, ne souhaite plus envoyer les conscrits au combat » (p.48), et en découvrant les titres de certains sous-chapitres : « Le rééquipement, une priorité majeure », « Volontarisme budgétaire », « Une armée plus agile et toujours prête »… L’autrice considère que, pour cette armée « modernisée », « l’essentiel est d’avoir retrouvé le sens de sa mission, le respect de la population et une certaine aura sur la scène mondiale » (p.97). Que reste-t-il, depuis février 2022, de cette image d’une « armée russe modernisée» ?
Un autre problème se pose. Ce livre — le travail d’une chercheuse — a été publié dans une collection, « Les Carnets de l’Observatoire », créée et dirigée par l’Observatoire franco-russe, lui-même mis sur pied à l’initiative du Conseil économique de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe. L’ancien président français de cette Chambre de commerce, écarté de son poste en novembre 2022, a pris la citoyenneté russe en pleine guerre contre l’Ukraine. Le Conseil économique de cette Chambre de commerce est coprésidé depuis 2011 et présidé depuis avril 2022 par Guennadi Timtchenko, oligarque richissime, sans doute issu du KGB et très proche de Poutine, au point d’être soupçonné d’être son associé en affaires, voire sa couverture. En novembre 2022, un nouveau film des équipes d’Alexeï Navalny a montré que certains Russes gagnaient énormément d’argent grâce à la présence russe en Syrie, et le premier cas cité était celui de Guennadi Timtchenko : celui-ci bénéficierait, en Syrie, de contrats juteux lui permettant d’exploiter les ressources naturelles locales. Le général Sourovikine, qui a été le numéro 1, puis le numéro 2, des forces armées russes en Ukraine entre le 8 octobre 2022 et le 22 août 2023, et a depuis été écarté pour — semble-t-il — son soutien au putsch de Prigojine, tirerait lui aussi de l’argent de ses fonctions. Mais moins que Timtchenko, et autrement.
Est-il souhaitable que des travaux de recherches français paraissent dans des collections étroitement liées à des gens comme Timtchenko ? Comme le signe d’une énorme naïveté, qui ne concerne pas que l’ampleur négligée de la corruption russe…
La suite au prochain numéro…
Politologue, historienne, slaviste, professeure à l'université Rennes II, directrice du département de russe de Rennes II, chercheuse au CERCLE (Nancy II).
Notes
- Voir le chapitre « Pavel Gratchev », in Kokh Alfred & Aven Piotr, Revolioutsiia Gaïdara, Moscou, Alpina, 2013. Bookmate.
- Voir le chapitre « Pavel Gratchev », in Kokh Alfred & Aven Piotr, Revolioutsiia Gaïdara, Moscou, Alpina, 2013. Bookmate.
- Voir le chapitre « Pavel Gratchev », in Kokh Alfred & Aven Piotr, Revolioutsiia Gaïdara, Moscou, Alpina, 2013. Bookmate.
- Gorbatchev Aleksandr & Krassilchtchik Ilya (ed.), Istoriia rousskikh media 1989-2011, versiia Aficha, Moscou, Aficha, 2011, p. 128/319.
- Zygar Mikhaïl, Vse svobodny. Istoriia o tom, kak v 1996 godu v Rossii zakontchilis vybory, Moscou, Alpina, 2021, p. 150.
- Zygar Mikhaïl, Vse svobodny. Istoriia o tom, kak v 1996 godu v Rossii zakontchilis vybory, Moscou, Alpina, 2021, p. 319.
- Facon Isabelle, La Nouvelle Armée russe, Paris-Moscou, L’Inventaire / L’Observatoire franco-russe, 2021, p. 17.
- Facon Isabelle, La Nouvelle Armée russe, Paris-Moscou, L’Inventaire / L’Observatoire franco-russe, 2021, p. 30
- Facon Isabelle, La Nouvelle Armée russe, Paris-Moscou, L’Inventaire / L’Observatoire franco-russe, 2021, p. 27
- Zygar Mikhaïl, Vsia kremlevskaïa rat’, Moscou, Intellektoualnaïa literatoura, 2016, p. 273.
- Kassianov Mikhaïl, Bez Poutina. Polititcheskie dialogui s Evgueniem Kisselevym, Moscou, Novaya Gazeta, 2009, p. 135-136.
- Zygar Mikhaïl, Vsia kremlevskaïa rat’, Moscou, Intellektoualnaïa literatoura, 2016, p. 273.
- Facon Isabelle, La Nouvelle Armée russe, Paris-Moscou, L’Inventaire / L’Observatoire franco-russe, 2021, p. 37.
- Zygar Mikhaïl, Vsia kremlevskaïa rat’, Moscou, Intellektoualnaïa literatoura, 2016, p. 273
- Zygar Mikhaïl, Vsia kremlevskaïa rat’, Moscou, Intellektoualnaïa literatoura, 2016, p. 273.
- Zygar Mikhaïl, Vsia kremlevskaïa rat’, Moscou, Intellektoualnaïa literatoura, 2016, p. 273-274.
- Zygar Mikhaïl, Vsia kremlevskaïa rat’, Moscou, Intellektoualnaïa literatoura, 2016, p. 274.
- Soulignons au passage que l’une des personnes mises en cause dans la corruption à Skolkovo était Ilya Ponomarev, alors conseiller de l’oligarque Vekselberg et, actuellement, l’un des chefs prétendus des bataillons armés de Russes luttant contre les troupes russes officielles.
- Le ridicule qui tue », chronique d’André Markowicz, Facebook, 15 octobre 2022.
- Facon Isabelle, La Nouvelle Armée russe, Paris-Moscou, L’Inventaire / L’Observatoire franco-russe, 2021