Sergueï Mikheïev : « On observe une dégradation évidente de la masculinité »

L’un des principaux propagandistes du régime poutinien, Vladimir Soloviev, anime quatre à cinq fois par semaine un talk-show télévisé, « Une soirée avec Vladimir Soloviev », auquel participent six à huit invités, souvent les mêmes. On y vilipende l’Occident et l’Ukraine, on y trouve des justifications de tout ce que fait le Kremlin, on y incite à la haine de la « cinquième colonne » et de tout ce qui reste de décent dans la Russie de Poutine. Dernièrement, le « club » de Soloviev s’est beaucoup penché sur le thème des LGBT, en préparant apparemment le terrain à un projet de loi visant à déclarer les LGBT, le féminisme radical et la mouvance childfree « idéologies extrémistes ». C’est ce sujet qui a été traité le 30 septembre, avec des discours qui auraient provoqué un tollé dans n’importe quelle société démocratique. Voici un extrait de l’intervention de l’analyste politique Sergueï Mikheïev, qui participe à la plupart des talk-shows de Soloviev, commentée par son hôte. Cela en dit long sur le degré d’obscurantisme du régime de Poutine.

Sergueï Mikheïev : Que puis-je vous dire, messieurs ? Nous sommes en train de discuter d’une transformation de la qualité de la politique américaine. À mon avis, cela est dû en particulier (car il y a d’autres raisons) au renforcement du principe féminin dans le monde occidental moderne. Nous voyons beaucoup d’hystérie, beaucoup d’émotions, beaucoup d’imprévisibilité, peu d’intelligence, peu de connaissances, beaucoup d’entêtement. À mon avis, c’est aussi une conséquence des changements des rôles dévolus aux deux sexes, qui ont lieu dans l’élite occidentale et dans la société occidentale. C’est une conséquence de la féminité incontrôlée qui a été libérée…

Vladimir Soloviev : Si notre programme était diffusé en Amérique, on nous traiterait de male chauvinist pigs. C’est sans équivoque.

S.M. : Oui, bien sûr. On observe une dégradation évidente de la masculinité. Ici, nous discutons souvent de la légalisation de la perversion. Vous voulez dire que la perversion n’affecte pas la perception de la réalité ? la prise de décision ? l’analyse de la situation, des priorités ? le recrutement ? La masculinité s’affaiblit, c’est lié à la destruction de la société traditionnelle et à la dégradation de la religiosité. En somme, il y a de moins en moins de masculinité dans le principe masculin, de moins en moins d’intelligence, d’analyse, de calcul froid, de volonté, et ainsi de suite. Et le féminin triomphe. Dire que les femmes et les hommes sont une seule et même chose, comme le monde occidental le croit en ce moment, c’est un mensonge. Le féminin et le masculin sont deux principes différents qui doivent être chacun à sa place. Et que dit le courant moderne de la culture occidentale ? Il n’y a pas de masculin ou de féminin. Mettez un pantalon à une femme, et elle est un homme. Voilà pourquoi il y a de plus en plus de ces réactions féminines hystériques dans la politique occidentale, qui ne sont pas contrebalancées par la masculinité.

Je pense que ce phénomène doit être étudié. Nous devons comprendre : comment peut-on travailler avec eux ? Ici, nous sommes entre hommes. Et nous nous comprenons. Mais en Occident des personnes très différentes de nous sont désormais aux commandes. Nous devons travailler avec eux d’une manière différente. Ce n’est pas drôle du tout.

D’ailleurs, c’est pour cela que nous disons ici qu’il y aura peut-être des soulèvements militaires en Occident. Car dans toute révolte militaire il y a une réaction au fait de ne pas comprendre ce qui se passe. Parce que des femmes exaltées ou des hommes efféminés occupent là-bas des postes de responsabilité. Toutes ces absurdités concernant les transgenres ne sont pas que des histoires à dormir debout. La suppression du masculin et l’épanchement du féminin incontrôlé augmentent l’imprévisibilité du monde.

V.S. : Il s’agit d’un nouveau facteur de psychologie politique.

S.M. : Un homme qui se transforme en femme est un monstre absolu qui n’est responsable ni de ses actes, ni de ses paroles, ni de rien du tout.

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