Le retour de l’utopie au pouvoir : le tournant du régime poutinien

Lors de la récente rencontre de Valdaï, Poutine a tenu un propos remarqué lorsqu’il a déclaré : « Le modèle existant de capitalisme est dépassé. » De tout le discours qu’il a prononcé, il s’agissait de la seule allusion à la révolution rampante qu’il est en train d’impulser en Russie.

Jusqu’au milieu des années 2010, Poutine, tout à sa nostalgie de l’URSS, ne poursuivait qu’un rêve : restaurer l’empire rebâti par Staline, par le fer et par le feu s’il le fallait. Mais à partir de 2017 il se prend à croire à un nouveau projet, plus enthousiasmant encore : reconstruire une URSS qui marche, une URSS 2 indestructible, débarrassée des vulnérabilités qui ont mené à la chute du régime communiste. C’est la découverte des possibilités de l’intelligence artificielle qui va le décider à s’atteler à cette tâche historique, en s’inspirant de l’exemple chinois : « Le Parti communiste y a conservé son rôle dirigeant, les institutions du marché fonctionnent toujours et fonctionnent efficacement. » Le 1er septembre 2017, le président russe déclare : « L’intelligence artificielle n’est pas seulement l’avenir de la Russie, c’est l’avenir de toute l’humanité. […] Celui qui deviendra le leader dans ce domaine sera le maître du monde. » Lénine disait que les deux piliers du bolchevisme étaient l’inventaire et le contrôle. La numérisation va permettre de donner une vie nouvelle à ce slogan longtemps oublié des bolcheviks.

Comment les dirigeants du Kremlin en sont-ils arrivés à voir dans l’intelligence artificielle la panacée universelle ?

Tout commence par la généralisation des caméras de surveillance le long des réseaux routiers à partir de 2015. Les recettes provenant des amendes deviennent un élément de revenu planifié dans le budget de l’État. « Les caméras sont placées avant tout pour collecter plus d’argent », déclare à Gazeta.ru Viatcheslav Lyssakov, premier vice-président du comité constitutionnel de la Douma d’État. Les régions planifient la partie recettes du budget en anticipant les amendes récoltées grâce aux caméras : elles fixent les montants qui doivent être prélevés sur les contrevenants. Les caméras sont souvent installées à des endroits qui n’ont rien à voir avec la sécurité routière. L’installation de ces fructueuses caméras est confiée à des particuliers pour exploitation, sous prétexte qu’il n’y a pas assez d’argent dans le budget pour installer des caméras vidéo enregistrant les infractions au code de la route ; en fait, il s’agit de poules aux œufs d’or. D’où la décision d’attirer des investisseurs privés. Ce système a été adopté dans la plupart des régions. Le 3 octobre 2017, le premier vice-Premier ministre Igor Chouvalov déclare : « L’introduction de l’économie numérique en Russie augmentera considérablement le recouvrement des amendes auprès de la population. Avec l’aide des technologies numériques, il sera plus pratique de sanctionner les contrevenants au code de la route — conducteurs et piétons. »

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Le système FacePay dans le métro de Moscou // mos.ru.

Ainsi ce sont les possibilités de prédation accrues qui attirent d’abord l’attention du régime de Poutine sur le numérique. Bientôt les hommes du Kremlin comprennent que l’intelligence artificielle comporte un avantage encore plus inestimable à leurs yeux : la possibilité d’un contrôle policier total de la population. Le 12 juin 2017, des caméras de surveillance à reconnaissance faciale automatique ont été officiellement utilisées pour la première fois, lors d’une manifestation le jour de la fête nationale, à laquelle avait appelé Alexeï Navalny. Dans le cadre d’un programme ambitieux, la ville a installé près de 190 000 caméras de surveillance, une à chaque entrée d’immeuble, dans les rues et dans les transports en commun. Depuis janvier 2020, toutes les caméras sont connectées au système de reconnaissance faciale automatique NtechLab. […] Il n’y a aucune restriction légale à l’utilisation de cette technologie en Russie. On remarquera à cette occasion que ceux qui participent aux manifestations de janvier 2021 à Moscou ne sont souvent arrêtés qu’après un certain temps, quand le FSB a achevé d’exploiter les données fournies par le système. Par ailleurs, la loi Iarovaïa oblige les opérateurs à conserver, à partir du 1er juillet 2018, le trafic des messageries, des réseaux sociaux et des services de messagerie (enregistrements audio des appels, du contenu des messages et autres communications des utilisateurs) jusqu’à six mois. Les forces de l’ordre peuvent demander ces données sous couleur de lutter contre le terrorisme.

En 2018 le gouvernement de la Fédération de Russie annonce son intention de lancer un programme pour le développement de l’économie numérique. Un fonds d’un montant de 100 milliards de roubles est prévu à cet effet.

En 2019, nouvelle étape. Poutine approuve un ambitieux programme de développement de l’intelligence artificielle jusqu’en 2030 : « Les mécanismes d’intelligence artificielle fournissent une prise de décision rapide, en temps réel, et optimale basée sur l’analyse de quantités gigantesques d’informations, ce qui offre d’énormes avantages en termes de qualité et d’efficacité […] Celui qui acquiert le monopole de l’intelligence artificielle deviendra le maître du monde », répète le président russe en mai 2019. Le choix de Michoustine pour remplacer Medvedev à la tête du gouvernement en janvier 2020 est révélateur. De mars 2004 à décembre 2006, Michoustine a dirigé l’Agence fédérale du cadastre immobilier (Rosnedvijimost), où il impulsa des réformes d’envergure en transférant sous forme électronique toute la documentation disponible sur les biens immobiliers. En deux ans, Rosnedvijimost procéda à une évaluation cadastrale complète des terres en Fédération de Russie, ce qui a permis, à partir de 2006, d’introduire un impôt foncier basé sur la valeur cadastrale. Mais le président Poutine a surtout apprécié le résultat des efforts de Michoustine lorsque celui-ci, nommé à la tête de l’administration fiscale, réussit à « blanchir » une bonne partie du business russe échappant auparavant à l’impôt. C’est sous la houlette de Michoustine qu’en 2019 le Service fédéral des impôts a achevé sa transition vers le nouveau système d’information automatisé (AIS) « Tax-3 ». En novembre 2019, Michoustine peut déclarer avec satisfaction : « La tâche ambitieuse de centraliser des données fiscales disparates dans un système unique et de créer une base technologique pour administrer dans les années à venir a été accomplie. » Le Financial Times a reconnu que « la Russie est définitivement l’un des leaders mondiaux de la numérisation fiscale ». Dans une interview publiée par Kommersant, Michoustine, alors responsable du Service fédéral des impôts, a évoqué les technologies innovantes de ce Service, les conséquences de la numérisation du secteur étatisé de l’économie et de la société, qui en Russie est bien en avance sur le reste du monde. Michoustine prévoyait à cette occasion « la robotisation future non seulement des processus de production du travail, mais aussi du travail intellectuel » : « L’intelligence artificielle va évincer les personnes les plus instruites et les plus actives qui ont des attentes élevées en matière de niveau de vie » : c’est là le rêve du gouvernement russe qui souhaite la performance sans tolérer la liberté d’esprit indispensable au vrai progrès. « L’atout le plus important du monde numérique, ce sont les données. Celui qui collecte et traite le plus ces données, obtient une plus grande valeur ajoutée. » Ainsi la numérisation et le contrôle sont les objectifs déclarés du nouveau Premier ministre. Dès son entrée en fonction, il préconise de procéder à l’inventaire des revenus des retraités soupçonnés de dissimuler d’importants revenus à l’État.

Sous le gouvernement Michoustine, le processus de numérisation totale s’accélère. La loi instaurant « un registre fédéral unique d’informations contenant des informations sur la population de la Fédération de Russie » adoptée par la Douma d’État et approuvée par le Conseil de la Fédération est entrée en vigueur en juin 2020. Il s’agit de créer une base de données qui contiendra des informations sur les citoyens russes et les étrangers sur le territoire de la Russie. Les données seront collectées à partir des systèmes d’information des autorités de l’État et des fonds extrabudgétaires de l’État. L’État collectera environ 30 types d’informations diverses sur les citoyens, notamment sur le niveau d’éducation, l’état matrimonial, etc. En décembre 2020, le président russe a déclaré qu’au cours de la prochaine décennie la transformation numérique de l’ensemble du pays devait être réalisée, « pour introduire partout les technologies de l’intelligence artificielle, l’analyse des mégadonnées ». Il a rappelé que la Russie avait mené à bien au cours de son histoire des avancées technologiques à grande échelle, en particulier, à la fin du XIXe — début du XXe siècle, elle a construit des chemins de fer à un rythme sans précédent, puis, au siècle dernier, elle a réalisé l’électrification. « Mais nos plans pour l’introduction généralisée de l’intelligence artificielle, la transformation numérique n’ont pas d’analogues en termes de profondeur des changements dans tous les domaines. Ils affecteront vraiment chaque personne, chaque famille, chaque branche de l’économie et de la sphère sociale, chaque organisation et chaque niveau de gouvernement, l’ensemble du système de gouvernement. »

Le 1er juillet 2020, une loi introduisant un régime juridique spécial à Moscou est entrée en vigueur, visant à transférer à l’intelligence artificielle le droit de contrôler la vie dans la ville. La Conception de Moscou publiée à cette occasion (puis retirée de la circulation pour cause de scandale) soulignait qu’elle était basée sur les principes du transhumanisme pour « améliorer les capacités mentales et physiques d’une personne et détruire des aspects de l’existence humaine qui sont considérés comme indésirables : souffrance, vieillissement, maladie ». En octobre, le métro de Moscou a commencé à introduire le système Face Pay, qui vous permet de payer vos déplacements « par photo » (vous devez d’abord installer l’application sur votre smartphone et télécharger votre photo via celui-ci dans un centre de stockage de données unifié — ETSHD — de la mairie de Moscou). La mairie de Moscou a annoncé une autre innovation : des caméras de surveillance dans les centres commerciaux de la capitale sont intégrées au même ETSHD. L’objectif est de suivre les contrevenants au régime des masques parmi leurs visiteurs. L’administration du centre sera punie pour leur comportement, mais pas seulement. Ceux qui ont déjà inscrit leur physionomie dans les bases de données de l’ETSHD (y compris pour payer des déplacements) se verront également automatiquement imposer une amende. En octobre 2021, le Service fédéral des huissiers de justice annonce sa décision de consacrer 11,5 milliards de roubles au développement de technologies numériques d’ici à 2023. Son objectif est de connecter l’intelligence artificielle à la recherche de débiteurs et à la collecte d’informations les concernant.

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Le système de reconnaissance faciale utilisé par la police russe // digital.ac.gov.ru.

Toujours en octobre 2021, le Premier ministre a approuvé un plan de transformation numérique de l’administration publique, qui implique la relance de la planification de l’État, mais à un nouveau niveau technologique. Il s’agit d’un retour à un Gosplan amélioré, à savoir l’organe central de planification (le Gosplan a été aboli avant même l’effondrement de l’URSS, en mai 1991) prévoyant la création d’un système automatisé unifié de collecte et d’analyse des données sur les paramètres socio-économiques clés pour une analyse en temps réel. C’est ce qu’essayait de réaliser la planification centrale en URSS. Les technocrates poutiniens s’imaginent que le Gosplan a échoué à cause d’un manque de puissance de calcul. Le gouvernement de Michoustine ressuscite le Gosplan, en misant sur les technologies numériques et l’intelligence artificielle : Michoustine a ordonné aux départements clés du budget de mettre en œuvre la transition de plates-formes numériques départementales disparates vers une plate-forme fédérale unique, c’est-à-dire l’intégration et l’élimination de la fragmentation départementale numérique. La plate-forme numérique commune devra fonctionner en mode automatique, auto-ajustable et autocorrecteur. Il s’agit d’« assurer la corrélation en temps réel des demandes et des besoins des agents économiques du pays pour réduire les coûts et augmenter l’efficacité de la production ». Cela, selon les responsables, « augmentera le pouvoir d’achat des citoyens ». Un décret du gouvernement de la Fédération de Russie sur la mise à jour des critères d’évaluation de l’efficacité des gouverneurs, signé par le Premier ministre, prévoit que le niveau de « maturité numérique » des régions deviendra l’un des outils d’évaluation des responsables régionaux. L’étape suivante va consister à tourner le dos au « capitalisme » dépassé. Les cibles vont être les deux bastions des « libéraux systémiques » (intégrés dans le système du pouvoir) en Russie, le ministère des Finances et la Banque de Russie. Il est prévisible qu’on assiste à une « dékoulakisation » des nouveaux riches sous couleur de favoriser les « projets nationaux » confiés aux siloviki proches du Kremlin. Depuis quelque temps déjà, le gouvernement Michoustine commence à réformer la politique financière libérale, en douce, sans modifier formellement les règles administratives et politiques. Le ministère des Finances se voit progressivement réduit à de simples fonctions comptables. Les nouveaux riches russes ont saisi la direction du vent : la Roubliovka, cette banlieue ultrachic de Moscou où les oligarques ont construit des palais somptueux, est maintenant déserte. Tous ont vendu et ont émigré à l’étranger. Les agents immobiliers ont renoncé à trouver des acheteurs pour les manoirs abandonnés. Même avec une décote de 70 % de leur valeur, ils ne trouvent pas preneur. Au troisième trimestre 2021, un montant record de 33,9 milliards de dollars a été transféré à l’étranger. Par ailleurs la société ANO « Priorités nationales », chargée de la propagande des projets nationaux, a développé en octobre 2021 une campagne d’information pour accroître la confiance du public dans l’intelligence artificielle qui est actuellement associée dans les esprits à la surveillance et aux armements. L’objectif principal de la campagne est de former une image positive de l’intelligence artificielle dans la société, alors qu’il est de plus en plus question de « goulag numérique ». Il s’agit de contrer la méfiance de la population russe à l’égard de l’intelligence artificielle, aggravée par la pandémie et les restrictions associées à la lutte contre le Covid-19.

Les élections de septembre 2021 ont confirmé les appréhensions existantes en montrant que le vote électronique offrait des possibilités de falsification massive dont le régime n’avait pas pu rêver précédemment.

Ainsi s’éclaire l’article futuriste ambigu de Vladislav Sourkov, un des idéologues du régime poutinien (l’inventeur du concept de « démocratie souveraine »), paru le 11 octobre dernier, intitulé « La démocratie déserte et les autres merveilles politiques de 2121 ». Sourkov affirme que la représentation parlementaire n’a désormais plus lieu d’être puisque les vœux de la population peuvent être communiqués en un instant par Internet. Bref, la représentation politique doit être jetée aux oubliettes et remplacée par des algorithmes. Seuls resteront aux commandes les informaticiens et les siloviki qui dirigeront en coulisse les géants de l’intelligence artificielle. « La numérisation et la robotisation du système politique aboutiront à la création d’un État high tech et d’une démocratie sans hommes […] dans lesquels la hiérarchie des machines et des algorithmes poursuivra des objectifs échappant à la compréhension des gens qui les servent. »

On comprend pourquoi Poutine et le groupe de siloviki du Kremlin se sont enthousiasmés pour l’intelligence artificielle : la perspective d’un contrôle total sur la population, le mirage d’une liquidation définitive de la liberté et même de la politique a de quoi séduire nos tchékistes encore traumatisés par la chute de l’URSS. Sans parler des infinies possibilités de chantage et de nuisance à l’étranger : ce n’est pas pour rien que Poutine répète que celui qui maîtrise l’intelligence artificielle sera aussi le maître du monde. La gigantesque cyberattaque du 3 juillet 2021 aux États-Unis semble avoir suffi pour imposer au président Biden un revirement sur les deux points qui importaient à Moscou : l’abandon des sanctions contre Nord Stream 2 et le ralliement aux désastreux accords de Minsk dans la version russe.

On voit que le clan des siloviki du Kremlin n’a rien à envier aux tenants occidentaux du transhumanisme le plus extrême. Dans son discours de Valdaï, Poutine a hypocritement feint de s’inquiéter des dérives possibles de l’intelligence artificielle : « La révolution technologique, les réalisations impressionnantes dans le domaine de l’intelligence artificielle, de l’électronique, des communications, de la génétique, de la bio-ingénierie, de la médecine ouvrent de formidables opportunités, mais elles posent aussi des questions philosophiques, morales, spirituelles au sens appliqué, qui jusqu’à récemment n’étaient posées que par la science et les écrivains de fiction. Que se passera-t-il lorsque la technologie surpassera l’homme dans la capacité de penser ? Où est la limite d’intervention dans le corps humain, après quoi une personne cesse d’être elle-même et se transforme en une autre entité ? » La réponse est simple selon lui : il suffit d’arracher ces technologies aux multinationales et d’en confier le contrôle aux États. Le discours sur le « conservatisme modéré » et la défense des « valeurs traditionnelles » est un rideau de fumée, derrière lequel Poutine et ses comparses cherchent à construire un gigantesque dispositif totalitaire capable de soustraire aux faiblesses humaines la machine de pouvoir qu’ils ont mise en place depuis vingt ans.

Devons-nous nous inquiéter de cette ambition folle ? Rappelons-nous qu’en 1986 déjà, au moment où Gorbatchev n’avait que le « progrès scientifico-technique » à la bouche, il se trouvait des experts (y compris occidentaux) qui s’imaginaient que le Gosplan serait efficace une fois qu’il disposerait d’ordinateurs. Le réel a mille manières de reprendre ses droits sur le virtuel. L’intelligence naturelle sera toujours plus créatrice que l’intelligence artificielle. Le maillage numérique du système poutinien n’empêche nullement aujourd’hui une impression d’érosion, y compris de la « verticale du pouvoir ». Le blogueur populaire El Murid décrit ainsi l’impact du Covid-19 en Russie : « Poutine, avec sa lâcheté clinique, esquivant par tous les moyens ses responsabilités et se terrant dans les sous-sols et les caves, a déjà fait plus pour la désintégration du pays que n’importe quel ennemi extérieur. La régionalisation du pays, la formation de clusters au sein de la classe politique sont devenues monnaie courante. Le fait que les gouverneurs ne profitent pas encore pleinement des opportunités qu’ils ont maintenant est un phénomène temporaire. De la même manière, l’autonomisation des structures corporatives et leur capacité d’initiative croissante sont désormais un fait acquis. Le régime tel qu’il était il y a deux ans cesse d’exister, ses structures s’effilochent, tels des tissus pourris. »

francoise thom

Études de lettres classiques, a séjourné 4 ans en URSS en 1973-8, agrégée de russe, a enseigné l'histoire de l'URSS et les relations internationales à Paris Sorbonne.

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