« Pourquoi je n’aime pas Poutine » : retour sur les écrits d’Anna Politkovskaïa

Il y a vingt et un ans, la journaliste russe Anna Politkovskaïa finissait son livre Tchétchénie, le déshonneur russe par un chapitre intitulé « Pourquoi je n’aime pas Poutine ». Relire ce texte aujourd’hui montre qu’elle avait vu juste. Ce qu’elle décrit s’applique presque mot pour mot à ce qui se déroule en Ukraine.

Il y a vingt et un ans, la journaliste russe Anna Politkovskaïa terminait la rédaction de son livre Tchétchénie, le déshonneur russe par un chapitre intitulé « Pourquoi je n’aime pas Poutine ». Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre en profondeur la nature du régime qui se mettait en place et où il menait. C’est ce qui avait convaincu Galia Ackerman et moi-même de l’importance de ce qu’elle écrivait et de la nécessité de proposer à Vera Michalski, présidente de Buchet-Chastel, de publier ce livre. Ce qu’elle décrit s’applique presque mot pour mot à ce qui se passe en Ukraine.

Dans la préface qu’il avait écrite pour Tchétchénie, le déshonneur russe, André Glucksmann avertissait :

« La Russie se retrouve à la croisée des chemins. La très sale guerre qu’elle relance au Caucase la gangrène dans son ensemble. En assistant, impavides et indifférents, à ce massacre sans fin, nous favorisons chez le grand voisin de l’Est l’émergence d’une autocratie post-idéologique, sans foi ni loi. Le sommeil des Européens, de leur morale et de leur raison, creuse à notre seuil un trou noir, une société ni communiste ni libérale, mais de plus en plus monstrueuse. Dans la lutte des Tchétchènes pour leur dignité et leur survie, le destin spirituel de la Russie et l’avenir matériel de l’Europe vacillent. »

Le philosophe synthétisait ainsi le message d’Anna Politkovskaïa.

Parce qu’elle n’a jamais voulu renoncer à le faire entendre, jamais voulu abandonner les victimes de la violence et de cynisme de Vladimir Poutine, elle a été assassinée, à Moscou, dans la cage d’escalier de son immeuble, le 7 octobre 2006. Cette publication est notre façon de lui rendre hommage.

Jean-François Bouthors

Extraits du livre

Qui a donné à la société russe sa forme actuelle ?

Le sculpteur en chef de la Fédération de Russie, en ce début de XXIe siècle, est sans conteste Vladimir Poutine. Pour ma part, je ne l’aime pas justement à cause de cette Russie qu’il a sculptée.

Qu’on me comprenne bien : je voudrais dire pourquoi moi, citoyenne ordinaire, contribuable et journaliste, je n’aime pas le président de mon pays, alors qu’il a été élu en 2000 par la majorité écrasante de mes concitoyens et jouit, encore à ce jour, d’une cote de popularité très élevée. Je n’ai pas de griefs personnels contre lui et je ne le connais pas directement. Pour moi, Poutine est une fonction, et non une personne. J’ai des exigences toutes simples quant à cette fonction : le président doit œuvrer à ce que son pays devienne meilleur et plus prospère. Mais il ne s’est rien produit de tel chez nous. La Russie de Poutine est encore plus souillée moralement que celle d’Eltsine, elle ressemble à une décharge couverte de ronces et jonchée de débris.

Il y a beaucoup de raisons à cela, mais la principale se trouve être la seconde guerre tchétchène dans laquelle toute la société s’est enlisée, Poutine y compris. Depuis les élections de 2000 jusqu’à ce jour, la guerre reste sa grande cause. Poutine et, avec lui, son peuple ont donné leur bénédiction en Russie à ce qu’aucun pays ne peut approuver, à l’exception de ceux qui ont un penchant pour le totalitarisme. À savoir une corruption basée sur le sang ; des milliers de victimes qui ne provoquent ni étonnement ni protestation ; une armée rongée par l’anarchie militaire ; un esprit chauvin au sein de l’appareil gouvernemental, qui se fait passer pour du patriotisme ; une rhétorique effrénée de l’État fort ; un racisme antitchétchène, officiel et populaire, avec des métastases qui s’étendent à d’autres peuples de la Russie…

Je n’aime pas Poutine, parce que, pour s’asseoir sur le trône et régner en maître (et avoir toujours de bons sondages), il a encouragé la gangrène morale de la Russie.

Tous les matins, je reçois du courrier au journal. Telle une crise de tachycardie ou d’arythmie, ces lettres me font parfois oublier mes préoccupations courantes ou changent le cours de mes pensées.

La lettre dont je veux parler porte le cachet de la poste en date du 15 avril 2002, à Moscou.

« Bonjour, je vous écris, car je suis votre fidèle lecteur et ne sais pas à qui d’autre m’adresser. Mon problème réside dans le fait que je suis Tchétchène. C’est un milicien, “gardien de l’ordre public”, qui m’a expliqué cela. Vous avez certainement vos problèmes, j’espère néanmoins que vous pourrez m’aider.

Le 23 mars de cette année, je rentrais chez moi à dix heures et demie du soir. En chemin, j’ai été arrêté par une patrouille de milice. Ils m’ont demandé mes papiers. Comme ils étaient en règle, ils m’ont fouillé puis ont exigé de moi que je leur montre mes mains, car j’étais, m’affirma-t-on, très pâle (c’est ainsi que la milice diagnostique souvent, dans la rue, la consommation de drogues). Mais on n’a rien découvert sur moi…

C’est là que tout a commencé. On m’a enjoint de me déshabiller. J’ai naturellement refusé, car le temps était glacial. Deux membres de la patrouille se sont mis alors à me frapper sur les reins avec des matraques en répétant qu’il fallait liquider tous les Tchétchènes. L’un d’eux disait, à chaque coup qu’il me donnait, que c’était pour se venger des Russes morts en Tchétchénie…

Ils m’auraient frappé jusqu’à la mort, mais heureusement, le troisième milicien qui, à la différence des deux autres, n’était pas ivre est intervenu. Il a prononcé quelques phrases, et après m’avoir asséné encore quelques coups, ils me prirent tout mon argent et menacèrent de recroiser ma route.

Sur le fond, je n’ai pas peur d’eux, mais je n’ai pas le choix car les autorités sont de toute façon de leur côté. Où que je m’adresse, je ne trouve ni aide ni conseil.

Je ne peux vous communiquer ni mon nom ni mon adresse. Publiez ma lettre si c’est possible et donnez-moi des conseils sur ce que je dois faire. Les miliciens m’ont affirmé qu’ils avaient mille manières de me mettre en taule. AIDEZ-MOI !

A. Aslan, Moscou. »

Cette lettre, caractéristique, m’aide à expliquer pourquoi je n’aime pas Poutine. À la rédaction, des missives de ce genre nous parviennent tous les jours.

Je n’aime pas le président de mon pays parce qu’il a joué (et continue de jouer) avec mon pays à des jeux idéologiques dangereux.

Le premier jeu, probablement le plus dangereux, porte le vieux nom de racisme. L’anonyme qui se fait appeler A. Aslan en est la victime. Il ne fait aucun doute qu’en Russie, pays éternellement occupé à trouver des ennemis intérieurs responsables de tous ses malheurs, ce jeu est très profitable en termes de popularité. C’est ce même mécanisme qui explique la montée en flèche récente de la popularité de Jean-Marie Le Pen en France. Ici et là, on fait appel aux bas instincts de la foule…

Non, non, il ne faut surtout pas s’imaginer que Poutine prononce des discours racistes, rien de tel. Riche de son expérience au KGB, Poutine est rusé et habile. Il est difficile de le surprendre en flagrant délit et de l’accuser de racisme. Cette habileté donne à tant d’intellectuels russes la possibilité de lui trouver des excuses : il ne faut pas le diaboliser, disent-ils.

En effet, Poutine a, en public, un comportement réservé et convenable, comme il se doit pour un homme d’État. Mais, malgré ses paroles polies, il se comporte mal. Ce mélange d’hypocrisie et de mensonges qu’on présente pour leur contraire est typiquement soviétique.

Le racisme de Poutine se manifeste, graduellement, dans toute sa politique réelle. Premièrement, dans sa politique de génocide perpétré en Tchétchénie. Et deuxièmement, dans sa politique sur le reste du territoire russe, en dehors de la Tchétchénie, où les Tchétchènes et les Caucasiens en général sont persécutés, dans la rue, pour délit de faciès. […]

A. Aslan et ses pairs sont des parias, bien qu’ils soient citoyens russes. Cette mise au ban de la société résulte de la volonté des autorités, locales et supérieures. Et ces autorités agissent en toute impunité : si Poutine ne considérait pas ces exactions comme la norme, des têtes seraient tombées et des fauteuils se seraient libérés.

Mais rien de tel ne se passe. Depuis le début de la seconde guerre tchétchène, aucun fonctionnaire ou militaire n’a eu à répondre d’actes racistes ou encore de non-respect de la Constitution.

Cela montre que les pratiques racistes sont autorisées par le sommet de l’État. C’est ainsi que pense le président russe, et, partant, il n’y a pas lieu de punir qui que ce soit. Sinon, comment expliquer qu’aucun parquet n’instruise les plaintes des victimes du racisme ? La Russie est ainsi faite : chez nous, tout dépend du Tsar, du Chef, du Secrétaire Général, de l’Autorité suprême.

En plus, le racisme du Kremlin s’exprime, sans déclarations explicites, mais néanmoins de manière très claire, dans le discours calibré des médias et des hommes politiques, qui ne veulent pas devenir des parias eux-mêmes. Il se résume en quelques formules simples : les Tchétchènes sont tous des bandits, à l’exception de ceux qui approuvent la politique de Poutine en Tchétchénie. En fait, tout tourne autour de la guerre, c’est comme un test de grossesse où il ne peut y avoir que deux réponses, oui ou non.

Les autorités caressent les médias et l’intelligentsia dans le sens du poil et leur distribuent des lauriers, des primes et autres « carottes » pour les récompenser de leurs prises de position antitchétchènes et anticaucasiennes. Et si une personnalité, un journal, une chaîne télévisée se tient à l’écart, ils sont violemment rappelés à l’ordre par le Kremlin avec toutes les conséquences que cela suppose.

[…]

Le 9 mai 2002, Jour de la Victoire, Poutine déclara, lors d’une réception officielle au Kremlin, que les terroristes tchétchènes étaient des « nazis » et qu’il ne fallait pas avoir pitié de ceux qui n’étaient pas « avec nous »…

[…]

Une partie de la propagande présidentielle vise, aujourd’hui, à inciter les âmes patriotiques à la violence « juste ». Elle repose sur le postulat tacite qu’il n’y a nul besoin d’une instruction ou d’un procès pour peu que l’on soit convaincu idéologiquement de la nécessité d’éliminer l’ennemi.

Cette « vérité » est apparue au grand jour lorsque Poutine a prononcé sa célèbre phrase par laquelle il promettait de « buter les terroristes dans les chiottes » — expression de la pègre introduite dans le vocabulaire du Kremlin au début de la seconde guerre tchétchène. Elle continue, aujourd’hui encore, à corrompre les esprits et les âmes. D’ailleurs, le feuilleton Spetznaz, cette agit-prop du Kremlin, fait l’éloge de la justice sommaire comme le meilleur moyen de lutter contre les ennemis intérieurs, dont les exécuteurs se voient récompensés par des décorations et des primes.

La Constitution s’oppose-t-elle à cette justice sommaire encouragée par le Kremlin ? Que dit notre bonne législation de tout cela ? Et notre Code pénal, qui reprend les standards démocratiques mondiaux ? La réponse est simple : cela n’a pas d’importance. Tout comme sous le régime soviétique. À l’époque aussi, la Constitution était bonne, mais les précédents sanctionnés par les autorités dictaient la pratique judiciaire, sans aucun rapport avec la législation.

[…]

Les méthodes soviétiques sont donc de nouveau de mise. Je ne veux pas faire un retour vers le passé, mais Poutine m’y entraîne, comme tout le pays. Il s’y sent plus à l’aise, à cause de son éducation et de son précédent emploi. Pas moi.

C’est pour ce qu’il incarne que je n’aime pas Poutine.

bouthors sansanna
Soirée à l’Hôtel de Ville de Paris en mémoire d’Anna Politkovskaïa, en octobre 2021. // Blog de Jean-Luc Romero-Michel

Je ne l’aime pas pour beaucoup de raisons.

Pour la « majorité écrasante » qu’il a formatée, afin qu’elle vote pour la guerre sans se soucier des victimes.

Pour avoir accru sa cote de popularité au prix du sang de milliers de ses concitoyens tués à la guerre. Il a commis l’impardonnable en gavant la Russie de ses discours sur « la nécessité des sacrifices » et sur « notre grande nation ».

Je ne l’aime pas parce qu’il ne consacre pas l’essentiel de ses efforts à la paix et à la prospérité de son pays, à l’épanouissement du commerce et de l’industrie, aux succès de la science et des arts, mais à la seconde guerre tchétchène — une des plus cruelles et moyenâgeuses que la Russie ait jamais menées.

Je ne l’aime pas pour les fractures horribles et difficilement réversibles qui frappent la Russie : suivant l’exemple de son Tsar (c’est ainsi que les choses s’y passent depuis des siècles), elle est devenue un pays profondément raciste qui approuve tout ce que le Chef Suprême des armées permet à ses militaires de faire en Tchétchénie.

Je ne l’aime pas parce que le peuple, qui avait d’abord admiré la « manière forte » de Poutine, s’est mis ensuite à trembler devant lui (l’éducation du KGB n’a pas été vaine) à tel point qu’il le respecte inconditionnellement et pense même que ce respect est sincère.

Je ne l’aime pas parce que, du fait de sa présidence cynique, la plupart des Tchétchènes ne savent plus comment vivre. Ils ne savent pas ce qu’attend d’eux l’État dont ils sont les citoyens. Originaires de ce pays, et non des immigrés, ils se trouvent pourtant dans une situation bien pire que des immigrés en situation irrégulière. Ils sont des centaines de milliers de gens, condamnés à l’illégalité. A. Aslan demande dans sa lettre : « Que faire ? » Je n’ai rien à lui répondre.

Qui sommes-nous devenus, après avoir vécu deux années entières sous Poutine ? Quelle transformation avons-nous subie ? Et comment Poutine lui-même a-t-il muté, en contemplant la docilité servile de son pays où de nouveau, comme à l’époque soviétique, même les instincts biologiques ne résistent pas devant le devoir civique, tel que l’impose l’État ? Je fais allusion à des milliers de mères de soldats qui ont perdu leurs enfants à la guerre et qui non seulement n’osent pas, mais ne pensent même pas à élever la voix contre l’incessante hécatombe dans le Caucase du Nord. Et qui, de plus, sont prêtes à baiser la main du responsable des meurtres de leurs fils et l’assurent de leurs sentiments dévoués…

D’un nom propre, Poutine est devenu un nom commun. Il est devenu le symbole de la restauration du régime néosoviétique en Russie.

Et nous ? Nous sommes son peuple. Nous assurons cette restauration. Nous sommes un groupe de tovarichtchi, de « camarades », qui, quelque temps durant, se sont pris pour des gospoda, des « messieurs », et qui souhaitent revenir à la situation antérieure. Nous n’avons pas changé en nous mettant sous les drapeaux de Poutine, nous sommes juste rentrés chez nous. Et c’est le principal. Il n’y a eu aucune métamorphose, nous avons tout simplement fait marche arrière, vers notre passé soviétique récent. Poutine a juste effleuré notre point sensible, et comme des grenouilles de laboratoire, nous avons réagi à ce faible choc électrique par un frisson collectif.

Quel est ce « point sensible » ?

C’est notre servilité. Cet état nous est cher. Comme on le sait, à la fin de la période eltsinienne, la majorité des citoyens russes avaient le sentiment que l’époque soviétique était un temps heureux. L’URSS leur apparaissait comme un gigantesque empire qui faisait peur au monde entier, où la population était sûre des lendemains… Ne sachant maîtriser la nouvelle donne économique, la plupart des gens, au lieu de se retrousser les manches et de se mettre à construire une société démocratique, devint nostalgique de cette époque confortable où nous n’étions responsables que de peu de choses, où nous ne travaillions presque pas tout en ayant toujours du pain et du saucisson. Cette nostalgie a été baptisée « saucisson à deux roubles vingt », du nom de ce produit indigeste de l’époque soviétique, qui était à la portée de chacun.

Si vous pensez que Poutine a génialement perçu les désirs de la foule et s’est appuyé dessus pour construire sa politique chauvine de l’État fort, vous vous trompez. Ce n’est pas un génie, il est issu du même moule que notre foule à la fois prosoviétique et post-soviétique, et c’est de là que viennent nos problèmes actuels. À proprement parler, la foule l’apprécie parce qu’il fait corps avec elle. Il est lui-même ce « saucisson à deux roubles vingt », qui considère sincèrement que l’époque soviétique était la meilleure et qu’elle devrait être restaurée. C’était l’époque où le KGB était à l’apogée de sa puissance, tout le monde en avait peur, sans savoir concrètement pourquoi. L’époque où l’on avait une vie double et une morale triple. L’époque où le chef avait un visage tourné vers l’Occident et un autre, pour son peuple. L’époque où une puissante machine de lavage des cerveaux tournait jour et nuit sous la direction du parti. L’époque où seuls les cyniques avaient une chance de succès.

À vrai dire, voilà le portrait du peuple qui vit en Russie en ce début du XXIe siècle. Le passé est revenu. Les trains roulent sur de nouveaux rails économiques mais transportent de la viande aussi avariée qu’avant. Sous nos yeux, au cours de la seconde guerre tchétchène, le KGB qui s’appelle aujourd’hui le FSB, a commencé à renaître, mais cette renaissance n’a en rien rendu son travail efficace. Au contraire, il a essuyé échec sur échec dans sa lutte contre le terrorisme. Cependant, moins ses agents œuvraient correctement, et plus ils cherchaient, dans la bonne vieille tradition totalitaire, de nouveaux « ennemis de la nation », extérieurs et intérieurs, en organisant notamment des « procès pour espionnage » contre ceux qui « vendaient les secrets nationaux à l’Occident »1

Et nous ? Nous nous sommes réjouis de pouvoir de nouveau ne pas réfléchir. Parce que Poutine pense pour nous.

Mais pourquoi, me demandera-t-on, Poutine est-il coupable de tout ? On ne peut pas l’accuser de tous les péchés !

Si, on peut. Et même, il le faut. Notre pays a un passé marqué par une profonde servilité, tout le monde a l’habitude de s’aligner sur le Tsar, notre père. Tout ce que dit, fait, sous-entend le chef sert de repère quant au comportement à adopter, quant aux idoles à adorer.

Tel est notre pays. L’esclavage est notre fatalité. Mais aussi notre fétiche. Nous aimons être des esclaves. « La majorité écrasante » rêve de cela, comme de la forme la plus commode de l’existence.

Extraits de Tchétchénie le déshonneur russe , traduit du russe par Galia Ackerman, Buchet-Chastel, 2003, avec l’aimable autorisation de la maison d’édition.

Jean-François Bouthors est journaliste et essayiste, collaborateur de la revue Esprit et éditorialiste à Ouest-France. Il est auteur de plusieurs livres dont Poutine, la logique de la force (Éditions de l’Aube, 2022) et Démocratie : zone à défendre ! (Éditions de l’Aube, 2023). Il a été, avec Galia Ackerman, l’éditeur des livres d’Anna Politkovskaïa aux Éditions Buchet/Chastel.

Notes

  1. Allusion à toute une série de procès de scientifiques ou d’écologistes accusés d’espionnage pour avoir transmis à l’Occident des données qui ne sont pas des secrets d’État, mais mettent en évidence des négligences de la Russie en matière d’environnement, comme, par exemple, la pollution radioactive de l’Arctique ou de la mer du Japon. (NDT)

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