Présenté et traduit par Nicolas Tenzer
Ce discours de Lennart Meri (1929-2006), premier président de l’Estonie (1992-2001) après qu’elle a recouvré l’indépendance et la liberté, est fascinant à plus d’un titre. Prononcé en 1994, donc bien avant que Vladimir Poutine prenne le pouvoir en Russie et alors que beaucoup, en Occident, entrevoyaient une forme de normalisation des ambitions de Moscou, ce texte témoigne de la présence de germes puissants porteurs de la politique néo-impérialiste du Kremlin. Il figure en anglais, en allemand et en estonien sur le site public de la présidence estonienne et nous avons estimé utile de le faire connaître aux lecteurs français.
Lennart Meri est l’une des personnalités politiques européennes les plus imposantes de la fin du XXe siècle. Éduqué en quatre langues, y compris en français — il avait été, avant la guerre, un élève du lycée Janson-de-Sailly à Paris —, il fut en quelque sorte un Václav Havel estonien. Déporté avec sa famille en Sibérie en 1941 après l’annexion de l’Estonie par l’URSS, il y resta jusqu’en 1946 et, dès l’âge de 12 ans, y travailla comme ouvrier forestier. Revenu dans l’Estonie occupée en 1946, il y mena une carrière de dramaturge, écrivain, traducteur et cinéaste sans jamais se compromettre avec l’occupant. Nommé ministre des Affaires étrangères en 1990, puis, lors des premières élections organisées après l’indépendance (20 août 1991), élu président de la République le 5 octobre 1992 et, réélu, il devait rester à ce poste jusqu’en octobre 2001. Pendant son mandat, il posa les jalons de l’adhésion de son pays à l’Union européenne et à l’OTAN (2004).
Le discours qu’on va lire est essentiel. Rappelons qu’en 1994, les troupes soviétiques n’avaient pas encore quitté le pays — cela fut effectif le 31 août de la même année. Lennart Meri fait d’ailleurs allusion aux réticences, pour le moins, d’Andreï Kozyrev, le ministre russe des Affaires étrangères de l’époque, à tenir ses engagements (Kozyrev est devenu par la suite l’un des plus féroces critiques des actions de Poutine et un soutien clair à un engagement plus fort de l’Occident en faveur de l’Ukraine). Le Mémorandum de Budapest ne fut signé que le 5 décembre. Pour autant, beaucoup imaginaient que la nouvelle Russie post-soviétique évoluerait dans le sens de la normalité.
Or, Lennart Meri pointe les signes indiquant la persistance des nuages de l’impérialisme et de la domination que Poutine devait entreprendre de porter à son paroxysme à partir de 2000. Il fait d’ailleurs indirectement allusion au fait que beaucoup n’avaient pas voulu prêter attention aux avertissements lancés par les États baltes dès cette époque, absence de considération, voire condescendance, dont toute l’Europe a subi les conséquences quelques années après. On peut d’ailleurs rappeler que Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, n’avait même pas voulu rencontrer Lennart Meri, alors ambassadeur en Finlande, mais déjà candidat à l’élection présidentielle, lors du sommet d’Helsinki du 10 juillet 1992, par peur des réactions russes…
Dans son texte, Meri fait allusion à certains propos de Sergueï Karaganov, à l’époque conseiller de Boris Eltsine, qui indiquent clairement la vision russe d’une Russie supérieure aux autres nations de l’ex-URSS et dotée en quelque sorte d’un droit particulier. On sait que Karaganov reste aujourd’hui un conseiller officieux de Poutine et de Lavrov, défenseur de l’agression de Moscou contre l’Ukraine. La mention de « solutions non diplomatiques » pour résoudre les « problèmes » liés aux groupes ethniques dans le document cité du ministère russe des Affaires étrangères résonne aussi tout particulièrement aujourd’hui. Quant aux propos cités de Sergueï Krylov, ils laissent poindre déjà les tentatives de révision de l’histoire à l’œuvre à cette époque et qui devaient atteindre leur paroxysme à l’ère Poutine. On notera d’ailleurs que Krylov devint par la suite ambassadeur en Allemagne, puis auprès de l’ONU, avant d’occuper des fonctions de responsabilité dans l’entreprise allemande Siemens…
Il est également intéressant de retrouver dans le discours de Lennart Meri certaines réminiscences de Milan Kundera. Comme l’écrivain franco-tchèque, il reprend le thème des « petites nations » que l’auteur de La Plaisanterie avait développé dans son discours de 1967 « La littérature et les petites nations », puis dans son article de 1983 du Débat, « Un Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale ». On ne trouvera pas chez le président estonien la moindre hostilité de principe à l’égard de la Russie. En fait, il emboîte le pas à Soljenitsyne, qu’il cite — l’auteur du Pavillon des cancéreux ne fut toutefois pas toujours constant là-dessus —, dans sa dénonciation de la prétention impériale de la Russie, qui fut aussi une tragédie pour le peuple russe. Il aurait pu également évoquer l’écrivain et philosophe Vladimir Soloviev (1853-1900), lui aussi, dès l’époque tsariste, contempteur des rêves d’empire et d’une exceptionnalité russe.
Meri fixe ainsi un cap : il ne s’agit pas d’opposer la lutte contre les velléités expansionnistes russes et le bonheur du peuple russe. Au contraire, ce n’est que lorsque la Russie cherchera une normalité plutôt qu’un destin exceptionnel qui passe par la soumission de ses voisins que son peuple pourra connaître la paix et la prospérité. Lennart Meri estimait, à raison, qu’il aurait fallu donner dès cette époque des signaux clairs en ce sens au Kremlin plutôt que de garder un silence complaisant. Il insistait aussi fortement sur la valeur d’exemple qu’aurait la liberté dans les anciens pays sous domination soviétique pour la liberté et les forces démocratiques en Russie même. Il fallait, dès ce moment, fixer des lignes à la Russie qu’elle ne devrait pas dépasser sous peine de représailles. Il n’est pas certain que les dirigeants occidentaux l’aient compris avant un jour de février 2022, soit précisément 28 ans après ce discours prémonitoire.
Discours de S.E. Lennart Meri, président de la République d’Estonie, lors du Matthiae-Supper à Hambourg le 25 février 1994
Monsieur le Maire, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je suis le président de la République d’Estonie. Lorsque je vois devant moi les clochers pointus de la ville libre et hanséatique de Hambourg, je pourrais tout aussi bien me croire chez moi, dans l’ancienne ville hanséatique de Reval/Tallinn, sur le golfe de Finlande. Cependant, j’ai un devoir honorable à remplir ici aujourd’hui — un devoir que je considère comme particulièrement important : je dois vous transmettre un message de mon pays qui est situé tout près de Hambourg.
L’esprit hanséatique, avec lequel, aujourd’hui encore, un certain nombre de villes d’Estonie, outre Tallinn, entretiennent des rapports, a toujours été un esprit d’ouverture. Mais il a également été un esprit entreprenant, voire combatif, lorsque la liberté et sa protection étaient en jeu.
Chez nous, sur le fronton de l’hôtel de ville de Tallinn, il y a une phrase en allemand qui illustre cet esprit hanséatique : Fürchte Gott, rede die Wahrheit, tue Recht und scheue niemand (Crains Dieu, dis la vérité, accomplis la justice, et n’aie peur de personne). Je voudrais me conformer à ce commandement séculaire et vous dire ouvertement la vérité telle qu’elle apparaît actuellement à mon peuple et à moi-même.
La liberté de chaque individu, la liberté de l’économie et du commerce, ainsi que la liberté de l’esprit, de la culture et de la science sont indissociablement liées. Elles constituent la condition préalable d’une démocratie viable.
Le peuple estonien n’a jamais abandonné sa foi en cette liberté pendant les décennies d’oppression totalitaire. Cette liberté, la notion de liberté s’est développée dans notre pays au cours de nombreux siècles, à partir des relations que nous avons entretenues et cultivées avec le reste de l’Europe. Sans vouloir être immodeste, j’ose dire qu’il n’y a guère d’autre nation dans la partie orientale de l’Europe centrale qui ait été, et qui soit, plus étroitement liée à l’Europe que le peuple estonien. Aujourd’hui encore, on peut le constater dans le mode de vie de mes compatriotes, même les plus modestes.
Parce que nous sommes un peuple appartenant à la société d’Europe occidentale et que, malheureusement, nous vivons sur une terre géostratégiquement très vulnérable, nous avons développé un instinct plus fort que beaucoup d’Européens pour discerner les problèmes et les menaces qui se profilent dans notre voisinage. Ce discernement s’est largement perdu dans notre monde moderne. Pour l’illustrer graphiquement, c’est un peu comme avec les germes épidémiques : ils connaissent bien l’homme, alors que l’homme ordinaire ne peut pas les reconnaître ; il en a juste peur.
Qui d’autre que les petites nations baltes, que le monde avait déjà oubliées, a en fait provoqué l’effondrement du grand et puissant État soviétique — et pacifiquement, remarquez bien, sans un seul coup de feu ni une seule goutte de sang versée. Nous avons agi selon notre bon sens — et même souvent au mépris des avertissements désintéressés et conformistes.
Je voudrais vous dire ouvertement, comme l’exige la vieille maxime de notre mairie, que mon peuple et moi observons avec une certaine inquiétude le peu de conscience qu’a l’Occident de ce qui se prépare actuellement dans les étendues de la Russie.
D’un point de vue subjectif, il est compréhensible que l’effondrement de l’Union soviétique ait provoqué en Occident une sorte de triomphe ; il est également compréhensible, d’un point de vue subjectif, que l’Occident ait concentré tous ses espoirs et toutes ses empathies sur les véritables ou ostensibles forces de réforme en Russie. Cette attitude, cependant, a fait courir à l’Occident le risque de prendre ses désirs pour des réalités.
Nous tous, y compris le peuple estonien et les autres peuples d’Europe centrale et orientale, souhaitons autant que l’Occident une Russie économiquement et socialement stable. Pourtant, lorsque nous faisons le bilan des réalisations de ces dernières années, nous devrions être envahis par le sentiment inquiet que nous nous sommes éloignés de notre objectif.
Qu’est-ce qui inquiète les Estoniens, et pas seulement eux, dans l’évolution actuelle de l’Europe ? Nous avons été stupéfaits de voir que l’Occident a invité des troupes et des chars russes à Sarajevo. Depuis Bismarck et le congrès de Berlin de 1878, l’Occident a pour politique, au nom de la paix, de tenir les Russes aussi loin que possible des Balkans. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’Occident ont investi plus de 80 milliards de dollars pour maintenir le titisme en vie et les Soviétiques loin de l’Adriatique.
Posons-nous la question : est-il possible qu’un État, qui est lui-même aux prises avec les problèmes ethniques et éthiques les plus difficiles à résoudre, soit chargé d’agir en tant qu’arbitre et pacificateur dans d’autres États qui ont également des problèmes ethniques ? Le malaise s’accentue lorsqu’on examine l’un des récents documents publiés par le ministère russe des Affaires étrangères. Il y est dit que le problème des groupes ethniques russes dans les pays voisins ne peut être résolu par la Russie par les seuls moyens diplomatiques. Ces groupes ethniques russes se sont pourtant souvent sédentarisés à la suite d’occupations et de déportations massives de la population indigène.
On ne peut que conclure de ce mémorandum de Moscou que, si nécessaire, d’autres mesures peuvent également être prises. Quant à savoir quelles pourraient être ces mesures, nous, les Estoniens, ainsi que d’autres petites nations, avons fait des expériences amères dans notre histoire récente.
Je crains donc qu’une fois de plus l’irrationalisme ne devienne incontrôlable dans la politique étrangère et la philosophie politique russes. Il y a des années, Soljenitsyne a appelé les Russes à dire adieu à l’empire et à se concentrer sur eux-mêmes. Il utilisait le mot « auto-restriction » et demandait aux Russes de résoudre leurs propres problèmes économiques, sociaux, mais aussi intellectuels. Négligeant cet impératif de leur grand compatriote, les politiciens russes responsables ont soudainement, une fois de plus, commencé à parler ouvertement du prétendu « rôle spécial » de la Russie, d’une fonction de « gardien de la paix » que la nouvelle Russie doit remplir sur tout le territoire de l’ex-URSS. M. Karaganov, l’un des plus proches conseillers du président Eltsine, l’a récemment exprimé sous une forme apparemment discrète, mais en fait assez dure, lorsqu’il a déclaré que la Russie devait jouer le rôle de primus inter pares — le premier parmi ses égaux — dans toute la région de l’ancien empire soviétique. Cela me rappelle une phrase de George Orwell à propos du communisme soviétique : « Tous sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ! »
Pourquoi la nouvelle Russie post-communiste, qui prétend avoir rompu avec les traditions néfastes de l’URSS, refuse-t-elle obstinément d’admettre que les nations baltes — Estoniens, Lettons et Lituaniens — ont été occupées et annexées contre leur gré et en violation du droit international en 1940, puis une nouvelle fois en 1944, et qu’elles ont ensuite été amenées à la limite de leur existence nationale par cinq décennies de soviétisation et de russification ? Aujourd’hui encore, un vice-ministre des Affaires étrangères de Moscou, M. Krylov, a officiellement déclaré dans sa réponse aux États baltes que, en 1940, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie avaient rejoint l’Union soviétique « volontairement ». Cela revient à dire que des dizaines de milliers d’Estoniens, dont ma famille et moi-même, se sont laissé « volontairement » déporter en Sibérie par les Soviétiques.
Mesdames et Messieurs, comment pouvons-nous comprendre tout cela calmement et sérieusement ? Naturellement, il s’agit du type d’irrationalisme plus ou moins familier qui naît en Russie et qui rend la politique russe imprévisible. Mais il existe aussi une autre tendance tout aussi alarmante, qui, par commodité, passe pour de la Realpolitik dans l’Occident démocratique. Il s’agit de la propension à adopter une approche que l’on peut qualifier d’« apaisement ». Avec cette approche, on devient involontairement complice des forces impérialistes en Russie qui croient qu’elles peuvent résoudre les immenses problèmes de leur pays par une expansion vers l’extérieur et en menaçant leurs voisins.
Tout l’Occident libre est outré et consterné par les déclarations bien connues de Jirinovski. Mais, étonnamment, presque personne n’a pris note de ce que le ministre russe des Affaires étrangères, M. Kozyrev, a déclaré l’autre jour, et personne n’a protesté contre cette déclaration : le gouvernement de Moscou considère que la présence continue des troupes russes dans les anciennes républiques soviétiques est souhaitable.
Notre approche cohérente de la question de la situation politique actuelle en Europe découle de notre expérience historique et de notre sens des responsabilités : derrière notre dos, il n’y a pas de terre en friche, il y a d’autres États européens libres.
Les processus sociopolitiques ou économiques de la Russie, qui ressemble aujourd’hui encore plus à un supercontinent qu’à un État, ne peuvent être contrôlés de l’extérieur, même si on le souhaite. L’expérience de ces dernières années l’a clairement démontré : la tendance générale de l’Occident libre à considérer comme irremplaçable tout dirigeant qui se trouve en poste à Moscou — qu’il s’agisse de Khrouchtchev, Brejnev, Gorbatchev ou Eltsine — a conduit à des investissements et à des erreurs de jugement extrêmement mauvais. Quiconque souhaite réellement aider la Russie et le peuple russe aujourd’hui doit faire clairement comprendre aux dirigeants russes qu’une nouvelle expansion impérialiste n’a aucune chance. Quiconque ne le fait pas aidera en fait les ennemis de la démocratie en Russie et dans d’autres États post-communistes.
Comme je l’ai dit, Mesdames et Messieurs, l’Estonie est située très près de l’Allemagne et de Hambourg. La politique occidentale, et surtout allemande, doit faire un choix fatidique. Soit la politique néo-impérialiste d’une grande puissance de l’Est est tolérée, financée et, à court terme, peut-être même mise à profit ; ce serait, chers auditeurs, une politique qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Ou bien les notions de démocratie, de liberté, de responsabilité et de paix seront aidées sur la voie du succès dans tout l’espace gigantesque compris entre la mer Baltique et l’océan Pacifique ; si l’on veut faire cela, l’Occident démocratique devrait résolument contribuer à la stabilité et à la sécurité des États de taille moyenne et plus petite à l’est de la frontière allemande. J’entends par là toute la zone de l’Europe centrale qui, à mon avis, s’étend de la ville frontalière estonienne de Narva, sur la mer Baltique, à l’Adriatique, en passant par l’Ukraine.
Si nous parvenons à intégrer cette zone d’États dans le monde démocratique, l’effet de modèle de ces pays se fera sentir dans l’espace russe. Nous voulons, je devrais dire nous devons, être ancrés en toute sécurité à l’Ouest. C’est à partir de cette position sûre, et non à partir d’une sorte de zone crépusculaire, que nous pourrons assumer notre fonction de pont entre l’Est et l’Ouest et, en même temps, aider les forces démocratiques de la Russie. Il sera alors possible, en progressant d’ouest en est, d’aider la démocratie, la libre entreprise, la propriété privée, et surtout l’État de droit, sur la voie du succès.
Si, en revanche, ces États, dont l’Estonie, sont laissés à eux-mêmes et exposés aux appétits néo-impérialistes potentiels de Moscou, le prix à payer serait trop élevé, même pour toute l’Europe.
Mesdames et Messieurs, je vous ai fait part de quelques-unes des préoccupations les plus graves dont il résulte que les États baltes sont en fait devenus la pierre de touche de l’idée européenne. Mais si nous unissons nos volontés pour faire disparaître les raisons de ces inquiétudes, nous aurons devant nous la vision prometteuse d’un avenir pacifique. Cette vision repose sur des faits convaincants. Nous pouvons voir des intérêts communs entre l’Estonie, le nord-ouest de la Russie et toute la région de la Baltique et de la mer du Nord. Nous pourrons alors parler d’un gazoduc qui acheminera le gaz norvégien jusqu’à Hambourg en passant par la péninsule de Kola et les États baltes libres. Nous pouvons imaginer une autoroute allant de Saint-Pétersbourg à Berlin et au-delà, en passant par l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie — la « Via Baltica ». Nous pouvons voir un certain nombre de zones de libre-échange et de zones de développement pour de nouvelles initiatives. Comme par le passé, Reval/Tallinn agirait alors comme un intermédiaire entre Hambourg et les autres villes hanséatiques de l’Ouest d’une part, et Novgorod, c’est-à-dire la région russe, d’autre part. La coopération de type hanséatique est une perspective d’avenir naturelle pour tous les États situés sur la Baltique et la mer du Nord voisine.
La République d’Estonie, qui, par ses politiques intérieures, économiques et sociales, compte parmi les États les plus stables de la région, pourrait vous offrir, Mesdames et Messieurs, de bons services, de la solidarité et de l’amitié.
Nous nous efforçons de comprendre votre situation. Ma demande est la suivante : essayez aussi de comprendre la nôtre. Il est dans l’intérêt de toute l’Europe et donc dans votre intérêt, ici en Allemagne et à Hambourg, que l’Estonie reste démocratique et libre.
Non-resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogger sur Tenzer Strategics. Analyste des questions internationales et de sécurité, ancien chef de service au Commissariat général du Plan, enseignant à Sciences-Po Paris, auteur de trois rapports officiels au gouvernement et de 23 ouvrages, notamment Quand la France disparaît du monde (Grasset, 2008), Le Monde à l'horizon 2030. La règle et le désordre (Perrin, 2011), avec R. Jahanbegloo, Resisting Despair in Confrontational Times (Har-Anand, 2019) et Notre Guerre. Le crime et l'oubli : pour une pensée stratégique (Ed. de l'Observatoire, 2024).