Après deux ans et demi de guerre, l’Occident mesure toujours son soutien à l’Ukraine sans comprendre que son retard et sa pusillanimité font l’affaire de Moscou et Pékin. Dans les capitales des pays démocratiques, on n’a pas encore saisi la nature du régime russe ni ses buts de guerre, pourtant clairement proclamés. On n’a pas pris acte du changement de paradigme géopolitique qui résulte de la mondialisation. Le temps perdu rend de plus en plus difficile la mise en échec du projet de vassalisation du monde que poursuivent Xi Jinping et Poutine.
Depuis le début de l’invasion de l’est de l’Ukraine par les troupes de Moscou, le soutien des Occidentaux à l’Ukraine s’est constamment caractérisé par un retard chronique sur la réalité du terrain. Si ce soutien est indéniable, le retard dans sa mise en œuvre a eu des conséquences désastreuses en pertes humaines pour les Ukrainiens, à la fois sur la ligne de front, mais aussi dans la population civile, puisque les bombardements russes — missiles, bombes et drones — ont amplement frappé les bâtiments civils : habitations, écoles, hôpitaux, lieux de cultes, commerces, infrastructures économiques et énergétiques. Ce retard a pris des proportions dramatiques avec le blocage de l’aide américaine pendant plus de six mois par les partisans de Donald Trump au Congrès, et avec le refus allemand de fournir à Kyïv les missiles Taurus qui auraient notamment permis de détruire le pont de Crimée, ce qui aurait été un coup très dur porté à la Russie. Les Ukrainiens n’ont pas fini d’en payer les conséquences. De plus, ce retard s’est accompagné, avec la même constance, derrière les déclarations de soutien, d’une forme de mise en doute de l’Ukraine elle-même.
En effet, passé la phase d’admiration pour le courage, l’héroïsme et l’ingéniosité manifestés par les compatriotes du président Volodymyr Zelensky dans la résistance à l’agression russe, les commentaires mettant en avant les faiblesses et les failles ukrainiennes ont foisonné. Corruption, zizanie politique, incompétence militaire, retard et faiblesse de la mobilisation de la population après l’élan de l’hiver et du printemps 2022… Que n’a-t-on pas entendu ! On a vu, souvent dans des moments « sensibles » diplomatiquement et militairement, des « alliés » de Kyïv — en particulier américains et allemands, mais pas seulement — faire en sorte que soient distillés par de grands médias ces reproches, certes pas toujours infondés. Les fuites organisées n’ont pas manqué ! Bien sûr, il ne saurait être question de se voiler la face sur les problèmes et les failles qui existent du côté ukrainien. Mais on ne peut manquer de s’interroger sur l’insistance et la récurrence des critiques. Ne voulait-on pas installer dans l’opinion publique l’idée que l’Ukraine devrait se montrer « raisonnable » et cesser d’en demander trop et toujours plus ? Ne voulait-on pas faire comprendre à Kyïv qu’en définitive, la « masse russe » finirait par atteindre les objectifs que Vladimir Poutine lui a assignés, et qu’il fallait par conséquent se montrer « réaliste » ? Depuis le début de la guerre, et même avant, les partisans de la Realpolitik travaillent les opinions publiques et tentent d’influencer les gouvernements.
L’Ukraine maintenue en position de subir
Cette manière d’incriminer l’Ukraine et de chercher à l’amener à la « raison » passe évidemment sous silence les conséquences du retard et du caractère strictement mesuré — « calibré », dit avec mordant le général français Michel Yakovleff, ancien haut responsable de l’OTAN — du soutien occidental. Rappelons qu’une des premières demandes ukrainiennes fut d’instaurer une « no fly zone » au-dessus de son territoire souverain. Les Occidentaux l’auraient-ils fait que le sort de la prétendue « opération militaire spéciale » russe en Ukraine aurait été très différent. Par la suite, pendant longtemps, à Washington, à Bonn et même à Paris, on nous a expliqué qu’ « à ce stade, l’Ukraine n’avait pas besoin qu’on lui fournisse des avions »… De manière générale, le temps perdu pour doter les Ukrainiens des moyens de mettre en échec la stratégie russe — et non pas seulement de tenir sur la ligne de front — a permis à Moscou de mettre à profit ce délai pour se préparer et s’adapter alors qu’il aurait fallu prendre les Russes de vitesse. Loin de donner à l’Ukraine les moyens d’avoir et de garder l’initiative sur le terrain, on l’a mise en position de subir. On le voit encore aujourd’hui où les atermoiements sur les autorisations d’utiliser des armes à longue portée contre des objectifs militaires situés sur le territoire russe — notamment contre les bases d’où décollent les avions qui larguent les puissantes bombes planantes qui font tant de dégâts dans les lignes de front ukrainiennes et, désormais, sur des objectifs civils comme dernièrement à Kharkiv — permettent à l’état-major russe de commencer à se mettre hors de portée de ces fameuses armes.
Officiellement, dans les chancelleries occidentales, on explique qu’on veut éviter de s’engager dans une escalade qui conduirait à une troisième guerre mondiale. Il s’agit de ne pas apparaître comme « cobelligérants », terme cher au Kremlin, qui feint d’ignorer que le soutien — sans intervention militaire directe — à un pays agressé ne signifie aucunement être partie prenante au conflit. En réalité, derrière ce terme étranger au droit international, le Kremlin installe l’idée que ceux qui s’opposent à ses ambitions géopolitiques, à l’expansionnisme russe aux dépens de ses voisins et au mépris des traités internationaux, sont des ennemis de la Russie qui s’exposent donc à des actions de représailles. C’est effectivement la crainte de représailles — nourries par la récurrente agitation de la menace nucléaire — qui conduit les Occidentaux à calibrer prudemment les moyens fournis à Kyïv pour défendre la souveraineté ukrainienne et les vies de ses citoyens. Moyennant quoi l’Ukraine se trouve entravée dans son combat défensif. Elle doit se battre « avec une main attachée dans le dos ». Les Occidentaux s’assurent que l’Ukraine ne s’effondre pas, mais ne font pas en sorte que son martyre s’abrège et encore moins que celui qui le lui inflige soit mis hors d’état de nuire. Le soutien des Américains et des Européens relève, en pratique, d’une forme de supplice chinois, qui donne au bourreau une grande latitude, tout en l’empêchant d’en finir. Nous agissons comme si nous voulions donner raison à l’ex-président russe Dmitri Medvedev ou au vice-président de la Douma, qui ont maintes fois soutenu que l’aide occidentale aurait pour seul effet de faire durer la guerre sans empêcher la victoire finale de la Russie.
Le choix de calibrer le soutien occidental, fût-ce à un prix très lourd pour les Ukrainiens, repose sur une idée tenace à Washington, à savoir que cette guerre est un moyen d’affaiblir durablement la Russie. Pour l’heure, le pays de Poutine a relancé son industrie militaire et le conflit lui donne l’occasion d’actualiser ses compétences dans de multiples domaines militaires et dans la lutte informationnelle. Paradoxalement, l’ingéniosité ukrainienne fait de « l’opération militaire spéciale » un véritable laboratoire dont les Russes tirent d’importants bénéfices. Certes, la Russie dilapide ses capacités militaires plus vite qu’elle ne les reconstitue, mais elle bénéficie de l’aide que lui apportent, directement ou indirectement, la Corée du Nord, l’Iran, la Chine, mais aussi les pays qui, comme la Turquie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et quelques autres, sont devenus des terrains de jeux pour le contournement des sanctions internationales frappant Moscou. Cette aide lui donne les moyens de tenir dans la durée. Mais elle a d’autres conséquences, plus graves, car la question n’est pas simplement de savoir combien de temps la Russie tiendra, comme on semble se le demander dans les chancelleries occidentales, mais ce que ce temps perdu produit ou permet à la Russie et à ses alliés.
La tête dans le sable de la ligne de front
Il faut en effet élargir la focale pour comprendre la gravité de l’erreur occidentale. Depuis le début de la guerre — c’est-à-dire depuis 2014 —, les dirigeants politiques, les responsables militaires et nombre d’analystes géopolitiques ont tardé à comprendre la nature profonde du pouvoir russe, à savoir qu’il est une alliance des organes de sécurité, de l’appareil militaro-industriel, des grandes entreprises et groupes financiers post-soviétiques et du crime organisé. D’aucune manière la Russie de Poutine n’est un État « normal », avec lequel il est possible d’entretenir des relations civilisées. La fiabilité de la parole et des engagements de Moscou est totalement suspendue à la poursuite de ses buts, et le recours au mensonge n’est pas une exception mais une pratique récurrente.
Les objectifs de ce pouvoir ne peuvent se réduire à la conquête de la totalité des quatre oblasts envahis et illégalement annexés en 2022, sans oublier la Crimée, volée huit ans plus tôt. De même que le retard dans le soutien militaire a été constant, la tendance à minimiser les objectifs de Poutine est permanente. Comme s’il était impossible de penser que les ambitions de ce dernier sont beaucoup plus grandes et beaucoup plus folles ou disruptives. Il semble que l’hubris qui l’habite soit mentalement irreprésentable. C’est une réalité que l’on ne veut pas voir par peur de devoir l’affronter. Une partie des responsables occidentaux (et non des moindres) et des commentateurs adoptent le comportement de l’autruche. La tête dans le sable de la ligne de front. Le premier exemple de cette impossibilité de faire face à l’évidence a été la conviction, presque unanimement partagée au début de l’année 2022, qu’en dépit des discours et des menaces russes, les chars russes ne franchiraient pas la frontière ukrainienne. Pourtant, le Kremlin promettait explicitement aux Ukrainiens que, s’ils ne voulaient pas se rendre aux arguments de Lavrov (le ministre des Affaires étrangères russes), ils devraient faire face à ceux de Choïgou (le ministre de la Défense russe jusqu’au printemps dernier). Le choc de l’invasion du 24 février 2022 a ébranlé cette certitude erronée, mais n’a pas tout à fait dessillé les autruches occidentales.
On ne peut soutenir l’idée que les buts de guerre de la Russie se bornent à une nouvelle « Novorossia » (l’appellation des territoires conquis par Catherine II), en gros l’Est et le sud de l’Ukraine, de Kharkiv à Odessa. Même si ses séides ressassent invariablement que ces terres sont irrévocablement russes de toute éternité, Vladimir Poutine situe avec insistante son action dans un contexte mondial d’affrontement avec « l’Occident global »1. Il a répété d’innombrables fois que les « nazis et les dégénérés » de Kyïv n’étaient que les marionnettes dont Washington tirait les fils et que les Européens paieraient cher non seulement leur engagement auprès de l’Ukraine, mais leur participation à l’exploitation du reste de la planète et leur politique coloniale ou néocoloniale. Tout est dit, mais on préfère ne pas l’entendre et considérer que ce ne sont que des effets de manche. C’est ignorer qu’une des fonctions essentielles du discours politique en Russie (depuis au moins l’époque soviétique) n’est pas d’expliquer la réalité pour chercher des compromis et des ajustements, mais celle de faire advenir ce qui est annoncé. Le discours vise à changer le monde pour le plier à la volonté du pouvoir bien plus qu’à le comprendre pour s’y insérer et s’y adapter pacifiquement et démocratiquement.
Une offensive mondiale est en cours
Il faut donc prendre Poutine au sérieux et regarder ce qui se passe sur l’ensemble de la scène géopolitique, que Moscou, Pékin, Téhéran, Pyongyang et Ankara ont très clairement entrepris de remodeler en leur faveur, sur presque tous les continents et par les moyens les plus divers et les alliances ou les convergences les plus baroques. Y compris celle d’un Poutine qui se pose en défenseur de la civilisation et des valeurs chrétiennes face aux mouvements terroristes islamistes, tout en recevant une délégation du Hamas à Moscou au lendemain des massacres du 7 octobre 2023. Ce qui est visé, c’est ce qu’Emmanuel Kant avait projeté en 1795 dans son livre Vers la paix perpétuelle, un idéal vers lequel, tant bien que mal — souvent mal — les Européens et les Américains ont tendu et dont la création des Nations Unies ou celle de l’Union européenne ont été des formes de concrétisation. Si Poutine et ses amis ne sont évidemment pas « coupables de tout », ils s’emploient en revanche à tirer parti de tout ce qui va dans le sens d’une déstabilisation de l’héritage de l’après-Seconde Guerre mondiale.
Le tableau général est tristement parlant. La France peut-elle oublier qu’elle a largement perdu pied en Afrique et que la Côte d’Ivoire et le Sénégal, considérés naguère comme des pôles de stabilité, sont désormais sous pression ? En Europe, comme tout dernièrement en Allemagne, la montée des extrêmes, de droite et de gauche, sur fond notamment d’exacerbation de la question de l’immigration et d’agitation des peurs collectives, est lourde de menaces quant au devenir de la démocratie et à la cohésion de l’Union européenne. La victoire de Javier Milei en Argentine2, les erreurs de vues de Lula au Brésil sur le conflit en Ukraine, le maintien au pouvoir de Maduro au Venezuela, la longue dérive nicaraguayenne, pour ne parler que de ces cas-là, montrent qu’en Amérique latine, la lutte contre l’État de droit et les régulations internationales bat son plein — par d’autres moyens que les révolutions imaginées par Che Guevara et Fidel Castro. En Asie, à la pression constante de Pékin sur Taïwan et sa stratégie de la tension permanente en mer de Chine, s’ajoute la montée en puissance et en provocation d’une Corée du Nord à deux doigts de disposer de vecteurs balistiques pour son arme nucléaire. Au Moyen-Orient, Téhéran, en passe de devenir un pays doté de l’arme atomique, s’avère être le grand déstabilisateur de toute la région, avec ses alliés du Hezbollah libanais, du Hamas en Palestine et des Houthis au Yémen. En Amérique du Nord, Donald Trump et ce qu’est devenu le parti républicain, sont certes avant tout le produit de la crise de la société états-unienne, mais cette crise a été alimentée par les interconnexions entre l’extrême droite américaine et les réseaux russes, qui ont véhiculé des discours appropriés pour affaiblir le camp démocrate, et radicaliser en même temps une partie de son aile gauche, en particulier dans la jeunesse universitaire. Il est d’ailleurs frappant de voir les convergences idéologiques entre les plus extrêmes des wokistes et les discours « décoloniaux » adressés aux jeunesses africaines par des « influenceurs » locaux soutenus sinon fabriqués par Moscou. C’est bien une offensive mondiale qui est en cours et dans ce dispositif, la guerre en Ukraine n’est pas une fin, mais l’un des moyens.
L’objectif : la féodalisation du monde
Ce qu’opèrent Poutine et Xi Jinping — le premier tirant largement les marrons du feu pour le second — c’est un changement de paradigme stratégique. Ils ont tiré en quelque sorte les leçons machiavéliennes de la mondialisation en pensant l’affrontement entre les puissances non plus localement, mais de manière systémique. Les États-Unis se pensent encore comme une puissance directrice, et sont largement focalisés sur le défi que leur oppose la Chine, sans comprendre que celui-ci ne peut être surmonté que par une vision plus large du jeu géopolitique. Les Européens balbutient encore une politique étrangère commune, tandis que la défense reste du ressort des États membres de l’Union, si bien qu’ils sont eux aussi en retard sur les effets de la mondialisation, qu’ils n’ont envisagés que sous l’angle économique — et même pas technologique, à la différence des Américains.
Les responsables politiques occidentaux et nombre de nos analystes diplomatiques sont donc encore déphasés par rapport à cette mutation qui ne sort pourtant pas de nulle part : déjà, l’Union soviétique pratiquait communément sur toute la planète des opérations de déstabilisation, et Poutine reprend, réactive et amplifie ce qui se faisait quand il est entré au KGB dans les années 1970. La nouveauté, sous l’influence grandissante de Pékin où la géopolitique se pense comme une immense partie de go, c’est la systématisation des alliances et des partenariats et, surtout, la coordination des opportunismes. C’est d’autant plus facile à faire que sont invités dans le jeu des acteurs non démocratiques, dont les décisions se prennent dans de tout petits cénacles. Une telle situation est évidemment l’un des effets de la mondialisation et des outils techniques qui l’ont rendue possible. Derrière ce changement de paradigme, il n’est pas difficile de voir se dessiner le projet d’une féodalisation du monde dont Pékin, comme suzerain, et Moscou, comme premier vassal, entendent être les maîtres.
Ce projet pourrait être contrecarré en abattant son pilier russe. D’un côté, cela rendrait la Chine d’autant plus prudente que sa propre puissance est menacée de l’intérieur par la crise économique et démographique qu’elle connaît, de l’autre, cela rebattrait les cartes sur tous les terrains où la déstabilisation russe est à l’œuvre. Pourtant, on sent chez les gouvernants occidentaux un sentiment d’impuissance face à des adversaires qui jouent hors des règles internationales communes. Mais c’est précisément là où le temps est un facteur majeur. La pusillanimité occidentale offre à ceux qui veulent nous dominer, car c’est bien de cela qu’il s’agit, le temps nécessaire pour tisser leurs réseaux, nouer des liens, installer leur influence, instaurer des formes de dépendances et de suzeraineté. Plus le temps passe, plus il sera difficile de s’opposer à ce projet de plus en plus complexe et de plus en plus puissant.
Poutine a reproduit à sa manière avec la Géorgie en 2008, la Crimée et le Donbass en 2014 et l’invasion de l’Ukraine en 2022 ce qu’Hitler avait fait à partir de 1935 avec la Sarre, ensuite avec l’Autriche, puis les Sudètes, en 1938. À chaque étape de la marche en avant du Kremlin, nous avions la possibilité de l’arrêter, à condition d’avoir du courage — au lieu de compter sur celui des victimes directes de Moscou — et nous ne l’avons pas fait. Continuer à calibrer l’aide militaire aux Ukrainiens, par peur d’une troisième guerre mondiale, est une manière de réitérer l’accord de Munich au compte-gouttes. Une tentative, peut-être, d’éviter cette fois-ci le déshonneur, mais pas le moyen d’arrêter la guerre que nous craignons. Au contraire ! En réalité, cette troisième guerre est commencée et nous faisons semblant de ne pas la voir. Nous feignons de l’ignorer d’autant plus facilement qu’elle est beaucoup moins frontale et plus subtile, mais c’est toujours la continuation de la politique (de féodalisation du monde) par d’autres moyens. La lucidité oblige à dire que si nous n’essayons pas dans les mois qui viennent d’infliger à la Russie une authentique défaite, alors, le monde entier devra attendre, pour se libérer de cette régression féodale, que cette domination s’effondre en pourrissant de l’intérieur. L’histoire des empires montre que cela finit toujours par arriver, mais cela risque d’être long. Probablement plusieurs générations. Voulons-nous infliger à nos enfants pareille servitude dont la Russie, l’Iran et la Chine nous donnent dès aujourd’hui une vision claire, pour ce qui est de la vie de leurs peuples ?
Jean-François Bouthors est journaliste et essayiste, collaborateur de la revue Esprit et éditorialiste à Ouest-France. Il est auteur de plusieurs livres dont Poutine, la logique de la force (Éditions de l’Aube, 2022) et Démocratie : zone à défendre ! (Éditions de l’Aube, 2023). Il a été, avec Galia Ackerman, l’éditeur des livres d’Anna Politkovskaïa aux Éditions Buchet/Chastel.
Notes
- Il affirme sa volonté de contrer ce qu’il appelle l’ordre américain et l’Occident global depuis 2007.
- La logique de son libertarianisme, comme celui d’Elon Musk, est celle de la loi du plus fort — « un renard libre dans un poulailler libre ». Ce modèle qui ne peut conduire qu’à une forme de chaos et/ou de tyrannie est celui que Poutine veut installer au niveau géopolitique, étant entendu qu’il a déjà installé une forme totalitaire du pouvoir en Russie.