Mikhaïl Lessine (1958-2015), de Russia Today à Hollywood

Vladimir Poutine n’a pas conçu et construit seul le poutinisme. Voici le cinquième volet du feuilleton « Ils ont fait le poutinisme », que l’historienne Cécile Vaissié propose à Desk Russie. Surnommé par certains « l’ennemi numéro 1 des médias indépendants russes », Mikhaïl Lessine aura joué un rôle déterminant pour remodeler le paysage médiatique après l’accession de Vladimir Poutine à la présidence. Et il est enterré à Hollywood.

La vie de Mikhaïl Lessine commence comme celles de millions de Soviétiques, puis devient hors norme, incluant des éléments qui semblent pris, les uns dans les biographies d’Alexandre Fadéïev — le dirigeant de l’Union des écrivains soviétiques sous Staline — et de divers Kominterniens, comme Otto Katz, les autres dans des romans de Scott Fitzgerald et de Paul-Loup Sulitzer, le tout dans le contexte de la Russie des années 1991-2015.

Des débuts soviétiques ordinaires

Mikhaïl Lessine, déjà croisé dans des épisodes précédents de ce feuilleton, est né le 11 juin 1958 à Moscou dans une famille de Juifs soviétiques, et son père était constructeur dans l’armée. Après son service militaire, le futur ministre a repris ses études au peu prestigieux institut Kouïbychev, et il est devenu ingénieur en 1984. Sans doute est-ce alors qu’il a rejoint le PCUS : il voulait faire carrière dans le système en place.

Le tournant s’amorce, net, pendant la perestroïka : de 1988 à 1990, Lessine est vice-directeur chargé des programmes télévisés dans ce qui semble avoir été une structure s’occupant de jeux, et il y fait la connaissance de Constantin Ernst qui deviendra le tout puissant chef de Pervy Kanal, « la première chaîne ». Puis, de 1990 à 1993, Lessine dirige RTV, un groupe de coopératives organisant des concours télévisés, qui donne naissance en 1991 à une agence de publicité : Video International. La publicité vient à peine de commencer en Russie ; tout est à faire dans ce qui deviendra un énorme marché, et l’occasion d’assassinats — celui de Vladislav Listiev (1956-1995) par exemple — qui seront attribués, à tort ou à raison, aux combats engagés pour se garantir des parts de ce marché. Le nom de Lessine restera associé à cette énorme agence qu’il aurait pourtant quittée assez tôt — formellement, semble-t-il. Elle sera revendue en 2010 à Iouri Kovaltchouk : le créateur et le dirigeant de la banque Rossia, l’ami et l’un des « porte-monnaies » de Vladimir Poutine.

De communicant à ministre

Ceci explique-t-il l’annonce de son départ de Video International ? De 1993 à 1996, Lessine est d’abord directeur commercial, puis directeur général de l’entreprise TV Novosti, rattachée à RIA Novosti : une agence de communication et de presse gouvernementale. C’est alors qu’il crée, en 1995, le Fonds de la politique efficace (FEP) avec Gleb Pavlovski (voir ici et ici), sur une proposition d’Andreï Vinogradov, l’ex-président de RIA Novosti. La volonté de s’engager dans la communication politique est claire.

Pourtant, c’est en 1993, semble-t-il, que Mikhaïl Lessine a envoyé son fils Anton, âgé de dix ans, vivre en Suisse. Ce qui témoigne d’un rapport spécifique à la patrie, aux racines et à la famille, et atteste de fonds déjà bien approvisionnés, mais aussi, peut-être, de certaines menaces visant ceux qui réussissent trop bien, trop vite, sur ces marchés en mutation.

Le journaliste Mikhaïl Zygar le raconte dans l’un de ses livres : au début de l’automne 1995, Timour Bekmambetov, metteur en scène débutant au cinéma, mais réalisateur de nombreuses publicités, est invité au Kremlin pour y discuter d’une possible collaboration. Il y va, accompagné par Mikhaïl Lessine, « jeune producteur, co-fondateur de l’agence de publicité Video International ». Celle-ci est déjà l’une des sociétés les plus importantes sur le marché national de la publicité, à l’heure où, faute d’argent, des millions de Russes passent des heures devant leur télévision, et elle fait travailler de nombreux réalisateurs à la mode. Aujourd’hui, Bekmambetov plaisante : « Lessine est entré avec moi [au Kremlin], et il n’en est plus jamais ressorti »1. Presque.

Dans un premier temps, Bekmambetov et Lessine reçoivent une commande pour une série de films publicitaires sur Ivan Rybkine, l’un des favoris du Kremlin pour les élections législatives de la fin 1995. Le « parti du pouvoir » — Notre Maison, la Russie — n’arrive toutefois qu’à la troisième place avec 10 % des voix, derrière les communistes (22 %) et le Parti libéral-démocrate, le LDPR (11 %). Or les présidentielles se profilent, avec ce qui a été vu dans des épisodes précédents : l’accord avec des hommes d’affaires richissimes, notamment détenteurs de médias, et une campagne pour Eltsine, dans laquelle Pavlovski intervient avec le FEP, sans respecter la moindre déontologie.

Dans cette campagne, comme dans celle de 2000, deux structures coexistent. D’une part, l’état-major de Eltsine, qui est dirigé par Oleg Soskovets, vice-Premier ministre, et compte plus d’une quarantaine de personnes, dont Boris Berezovski et la fille du président, Tatiana Diatchenko. D’autre part, sur proposition de cette dernière, un « groupe analytique », dirigé par Anatoli Tchoubaïs, mais placé sous la responsabilité de Victor Iliouchine, et qui inclut Diatchenko et son futur mari Valentin Ioumachev, est perçu comme un soutien apporté par le monde des affaires à la campagne. C’est alors que, sur proposition de Goussinski, Igor Malachenko, l’un des cadres dirigeants de la première chaîne d’Ostankino, est chargé de la campagne télévisée. Il décide que, pendant six mois, Eltsine doit être montré par toutes les chaînes du pays, et seulement de façon positive2. Malachenko rencontre donc presque chaque semaine Constantin Ernst, alors producteur général de la chaîne ORT qui appartient à Berezovski, et il complète les équipes de RTR (la chaîne Rossia) par des publicitaires expérimentés. RTR devient ainsi le fief de Video International et une équipe, dirigée par Mikhaïl Lessine, suit les informations de la chaîne et la façon dont Eltsine y est présenté. Cette équipe travaille de façon non-officielle : elle est payée par Lessine et non par la chaîne, mais tous, chez RTR, comprennent qu’ils doivent lui obéir3.

L’équipe de Eltsine juge également nécessaire de lancer une véritable campagne publicitaire, et c’est Video International qui est chargée de concevoir, organiser et suivre cette campagne. Lessine y travaille avec Gleb Pavlovski et valide le slogan « Je crois, j’aime, j’espère ». Parce qu’aucun argument rationnel n’aurait justifié que l’on vote pour Eltsine4… Comme signalé dans l’épisode sur Pavlovski dans Desk Russie, la campagne a un but majeur : effrayer les Russes et leur faire craindre un retour à l’URSS si les communistes prennent le pouvoir. Tous se souviennent encore des queues, des déficits, de l’impossibilité de voyager, de la censure, des peines de camp pour ceux qui tentaient de faire des affaires… L’heure n’est pas encore à la nostalgie.

Pour renforcer les inquiétudes, Lessine prépare des films publicitaires incluant des images de destruction d’après 1917 et mettant en garde : « Personne dans la Russie de 1917 ne pensait qu’il pouvait y avoir une famine. Les communistes n’ont même pas changé de nom. Ils ne changeront pas leurs méthodes. Il n’est pas trop tard encore pour empêcher la guerre civile et la famine. » Outre les faux autocollants du PC (voir l’épisode sur Pavlovski), l’équipe de Lessine décide de coller des autocollants à l’entrée de magasins dans tout le pays : « Achète de la nourriture pour la dernière fois ! » Un groupe à Krasnodar imprime même des coupons de rationnement et convainc des propriétaires de magasins de retirer de leurs rayons, quelques jours avant les élections, les produits du quotidien et de n’y laisser que ceux présents dans les années 1980, soit trois fois rien5.

Quand les rumeurs sur la mauvaise santé d’Eltsine commencent à circuler, celui-ci donne une interview à Mikhaïl Lessine (qui n’est pas journaliste, mais chef d’une agence de publicité) et reconnaît avoir besoin d’une opération cardiaque. La décision a déjà été prise : Lessine et son équipe de Video International iront travailler dans l’Administration présidentielle et y créeront un service chargé des relations publiques. Cette équipe filmera Eltsine, réélu, et distribuera ensuite les enregistrements6 : l’image sera sous contrôle. Un autre vivier de recrutement pour l’Administration présidentielle est l’équipe d’Anatoli Sobtchak, qui vient de perdre les élections à Saint-Pétersbourg : c’est ainsi que Vladimir Poutine arrive à Moscou.

Lessine est donc, à partir du 14 septembre 1996, officiellement chargé des « relations avec l’opinion publique » du président Eltsine et, en 1997, il est nommé premier adjoint du président de la structure qui supervise toutes les télévisions et radios de Russie (VGTRK). Plusieurs sources prétendront que, dans ses fonctions à VGTRK, Lessine avait bien des possibilités de détourner de l’argent et de l’envoyer à l’étranger sans risquer d’être bloqué par les services du Ministère de l’intérieur ni ceux des impôts. Le Fonds de lutte contre la corruption de Navalny estimera lui aussi que c’est à cette époque que Lessine a acquis la maîtrise des moyens de faire passer de l’argent en Occident, mais ce Fonds considérera qu’une grosse partie de cet argent venait des énormes bénéfices de Video International, presque pas contrôlés par l’État. Sur le papier, Lessine n’était pourtant pas copropriétaire de cette entreprise mais, d’après Gleb Pavlovski, il était déjà multimillionnaire lorsqu’il travaillait à la campagne présidentielle de Eltsine en 1996.

Parce que Mikhaïl Lessine se montre utile, il est nommé « ministre de la Presse, de la Diffusion télévisée et radio et des Moyens de communication de masse » le 6 juillet 1999, et il occupera ce poste jusqu’au 9 mars 2004. Lors des élections parlementaires de 1999, puis des présidentielles de 2000, il est donc un élément capital des états-majors travaillant pour le parti Unité et pour Vladimir Poutine, et il collabore directement avec Vladislav Sourkov et Gleb Pavlovski. Sourkov et Lessine ont un vrai pouvoir de décision, contrairement à Pavlovski qui n’est que conseiller et prestataire.

Lessine et Poutine en 2002
Lessine et Poutine en 2002 // kremlin.ru

Museler les médias et contrôler l’image de Vladimir Poutine

Une « « purge » idéologique » commence juste après l’arrivée de Poutine au pouvoir et cible notamment, selon la journaliste Elena Tregoubova, les journalistes accrédités au Kremlin : ceux-ci sont triés, voire écartés, par « la nouvelle équipe de RP de Poutine »7. Puis Lessine supervise la prise de contrôle de NTV et Media-Most, même si Koch est poussé en première ligne. À l’époque déjà, l’entourage proche de Lessine évoque ce dernier, derrière son dos, comme « l’homme au bon visage de tueur d’enfants »8. Le ministre gagnera rapidement un autre surnom, pour avoir muselé des critiques anti-Poutine : « le bulldozer ». Et la plupart des journalistes l’ayant approché le considèrent comme un grossier personnage.

De fait, Lessine va être pendant plusieurs années le numéro un dans cette entreprise qui, engagée au lendemain de l’élection de mars 2000, va se poursuivre pendant des années pour mettre au pas, acheter et contrôler les médias russes. En outre, il veille à l’image du nouveau président ; c’est Lessine qui, dès 1999-2000, aurait encouragé la diffusion, dans la presse russe, de photos de Poutine torse nu, tout en évitant d’en rendre destinataire la presse occidentale : « Les [images] de sport et de biceps de Poutine, on les laissera au peuple et au tiers monde »9. Le ministère dirigé par Lessine prend aussi une part active dans l’élaboration de programmes « pour créer une image positive de la Russie en Occident » et « pour donner une éducation patriotique à la population »10. Interviewé à ce sujet par Tregoubova (avant, donc, le début de l’année 2003), Lessine dit avoir été, dans sa jeunesse, très sensible au patriotisme soviétique, y compris aux « jeux militaro-patriotiques ». Il appelle au « respect de son pays, du drapeau national, de l’armée », et à « la défense de la Patrie », et ajoute :

« Nous avons été confrontés au fait que, actuellement, tout un travail est mené de façon systématique en Occident pour former une image négative de la Russie. C’est pourquoi il ne faut plus hésiter à faire la propagande de notre pays. »

Son fils au moins est en Suisse… La journaliste demande au ministre si, selon lui, le patriotisme consiste à « louer l’armée russe, malgré la corruption de ses cercles dirigeants, malgré le bizutage massif, malgré les crimes », malgré la Tchétchénie. Lessine accuse alors son interlocutrice de haïr l’armée : « Et comment aurions-nous gagné la Grande Guerre patriotique, si, dès le début, nous avions haï notre armée ? » Ce à quoi elle aurait répondu : « Et combien de sang versé aurions-nous pu épargner dans cette guerre si, sous Staline, on n’avait pas dès le début loué aveuglément l’armée soviétique et les généraux ? »11

Deux groupes s’affrontent déjà, y compris dans leur rapport à l’histoire soviétique, et Lessine au moins reste marqué par la pratique soviétique de dire une chose, d’en faire une autre et d’en penser une troisième. D’ailleurs, lorsque Tregoubova lui demande s’il souhaite que son fils unique fasse son service dans l’armée russe, le ministre répond avec une fausse légèreté : « Je ne sais pas, on verra. S’il veut étudier, il étudiera. S’il veut faire son service, il fera son service… »12 Il ne le fera pas. Et, dès le lendemain de cette interview, des proches de Lessine auraient tout mis en œuvre pour que celle-ci ne soit pas publiée. Elle le sera quand même, mais réécrite par eux.

Peu après, Elena Tregoubova publie son premier livre, rédigé en janvier 2003, et montre, sans mâcher ses mots, que Vladimir Poutine a déjà pratiquement détruit le journalisme politique indépendant en Russie. Désormais, presque tous les journalistes accrédités au Kremlin ont pris l’habitude — pour reprendre l’expression russe — de parler du président Poutine comme d’un mort : soit ne rien en dire, soit en dire du bien13. Ce livre aurait suscité « la fureur » de Poutine et de son entourage : la jeune femme perd son poste à Kommersant, et Lessine lui fait savoir que, pour elle, c’est « la fin de sa carrière ». Peu après, un attentat aura lieu dans l’immeuble de la journaliste14, qui obtiendra en 2008 l’asile politique en Grande-Bretagne.

Lessine continue sur sa lancée : le 6 avril 2004, après la réélection de Poutine, il est nommé non plus ministre, mais conseiller du Président russe, et il le restera jusqu’au 18 novembre 2009. C’est dans ce cadre qu’en 2005, il conçoit et fonde Russia Today, qui deviendra RT et est censée contrer les narratifs occidentaux. Lessine est alors au plus haut de la machine de propagande poutinienne, une machine qu’il a conçue.

Entre fêtes, blessures et jeux de pouvoir

Pourtant, le 18 novembre 2009, l’ancien ministre est écarté de son poste par un décret de Dmitri Medvedev, alors président. Officiellement, il a demandé à partir. Dans la pratique, on parlera de « non-respect des règles du service d’État et de l’éthique des fonctionnaires ». Certains évoquent des conflits d’intérêts : Lessine aurait trop ouvertement soutenu Video International, ce qui aurait donné à cette entreprise un quasi-monopole sur le marché russe de la publicité. Sans doute était-il aussi trop associé à l’image de Vladimir Poutine, alors que Medvedev tentait, avec Vladislav Sourkov, de séduire les artistes et de donner à la Russie une image plus créative. En tout cas, la carrière de Lessine au Kremlin semble terminée.

L’ancien ministre se lance alors dans ce qui semble être une fête sans limites. Il parcourt le monde, dépense à tout-va, s’achète — pour 40 millions de dollars, dit-on — un yacht nommé le Serenity — et l’un de ses associés dira que Lessine avait « bourré son yacht de filles » et buvait de plus en plus, l’excès d’alcool semblant avoir été son point faible depuis longtemps. Margarita Simonian, principale propagandiste de RT, est invitée sur ce yacht, mais ni elle ni ses médias n’évoqueront le mode de vie de nabab de l’ancien ministre. Ce dernier ou, plus exactement, des sociétés liées à lui achètent aussi des biens immobiliers, pour au moins 28 millions de dollars. Pas n’importe où : à Los Angeles, dans les quartiers prestigieux de Beverly Hills et Brentwood. De fait, son fils, Anton Lessine, élevé en Suisse, et sa fille, Ekaterina Lessina, vivent aux États-Unis où Lessine passe également de plus en plus de temps.

Mais, vers 2010, il se blesse grièvement en faisant du ski. Opéré en Suisse, il est cloué au lit pendant plusieurs mois.

Et voilà que, le 1er octobre 2013, un peu plus d’un an après la réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe, Mikhaïl Lessine est nommé président et directeur général de la holding Gazprom-Media. C’est un « retour triomphal », considérera Forbes. Un retour qui ne durera pas.

Dans les mois qui suivent, Gazprom-Media achète à l’oligarque Vladimir Potanine ses médias, dont trois chaînes de télévision (TV-3, 2х2 et Vendredi !), quatre stations de radio, des sites Internet et la compagnie de cinéma Central Partnership. Gazprom-Media acquiert aussi une compagnie de production, Good Story Media, qui produit des séries populaires, ainsi que le groupe Red Media qui crée des chaînes thématiques. Forbes fait remarquer dès 2014 que, dans ces deux cas, les propriétaires des compagnies absorbées ont été mis devant le fait accompli : celles-ci passaient dans Gazprom-Media. Mais Lessine évoque des « mythes » : « Cela plaît ou ne plaît pas, mais cela s’est fait ainsi », et c’est presque la formule que Vladimir Poutine utilisera avant d’attaquer l’Ukraine en 2022.

Interviewé par Forbes en août 2014, Lessine déclare avoir occupé tous les postes possibles dans des structures étatiques et vouloir désormais « faire des affaires et gagner de l’argent ». Mais il s’exprime aussi en homme chargé de contrôler les médias qu’il dirige. Il se déclare ainsi « mécontent de la politique rédactionnelle » de la radio Écho de Moscou, dont Gazprom-Media possède la majorité des actions. Cette radio ne serait toutefois pas un énorme problème, ajoute Lessine. Si c’était le cas, elle deviendrait une « chaîne musicale » : « Ils chanteraient, et c’est tout. Où est le problème ? »

Pour lui, il n’y en a pas.

La question de ses biens aux USA

D’autres questions l’inquiètent bien davantage. En effet, le sénateur américain Roger Wicker a appris que Lessine achetait des propriétés aux États-Unis et, en juillet 2014, il a demandé une enquête au ministère américain de la Justice. Le sénateur voudrait notamment comprendre comment un fonctionnaire russe peut avoir assez d’argent pour acquérir deux propriétés à Los Angeles, estimées à 28 millions de dollars. D’autant que, affirme-t-il, Lessine aurait enregistré des comptes offshore aux îles Vierges britanniques et acheté, grâce à ces comptes, des « actifs de plusieurs millions » en Europe, lorsqu’il était encore fonctionnaire de l’État russe. Le 1er août 2014, Radio Liberté a listé, dans un article détaillé, les investissements immobiliers de la famille Lessine aux États-Unis et rappelé les propos anti-américains tenus par l’ancien ministre. Il dit une chose et en fait une autre. Comme tant d’autres en Russie.

Cette fois, Lessine s’avoue « inquiet » : certains essaieraient, prétend-il, de s’en prendre à sa famille. Il tente donc de se justifier dans Forbes : sa fille a 35 ans et dirige un bureau de Russia Today (il ne dit pas où, mais c’est aux États-Unis). Son fils a 31 ans et est en stage à l’académie du cinéma (il ne précise pas laquelle, mais c’est aux États-Unis aussi). Se disant indigné que Radio Liberté ait publié des adresses, il affirme, sans répondre clairement, que les biens immobiliers évoqués ne sont pas les siens : « Mes enfants font leur vie, ils ont pris des crédits à la banque. Il est clair que [cette publication de Radio Liberté] est une commande [politique] et, dans quelque temps, je trouverai qui en est l’initiateur. » Il rappelle qu’aux États-Unis certains ont voulu l’inclure sur la liste Magnitski, une liste de personnes impliquées, à un degré ou un autre, dans la mort en prison du juriste Sergueï Magnitski et sanctionnées pour cela. « Mais ils n’y sont pas arrivés, puisque vous allez constamment voir votre famille », fait remarquer Forbes. Lessine rétorque ne pas y aller si souvent et n’avoir rien à voir avec Magnitski. Il prétend aussi ne pas avoir d’affaires en propre.

Mais l’ancien ministre sait que les informations de Radio Liberté et du sénateur américain sont exactes, et il devine que le début de sa chute est proche. Il signale donc connaître depuis des années la moitié de ceux qui travaillent dans l’Administration présidentielle, et pouvoir contacter n’importe qui dans les médias.

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Photo : Marat Saytchenko, Izvestia

Par ailleurs, il affirme ne pas être gêné par le fait que la plupart des chaînes russes sont sous le contrôle de l’État — et, de fait, c’est le résultat de son action à lui — et, lorsque Forbes lui demande si « les tendances à la propagande dans les informations télévisuelles » ne le choquent pas, il répond par deux questions : « Et où n’existent-elles pas dans le monde ? Est-ce qu’elles n’existent pas aux États-Unis ou au Royaume-Uni ? » Le whataboutism habituel. En outre, continue-t-il, « tout dépend de la société, de ce qu’elle veut consommer » ; c’est pourquoi, selon lui, la chaîne d’opposition Dojd’ est peu regardée. Ce dernier point n’est pas entièrement faux, mais c’est un grand classique chez les soutiens russes de Poutine : la société russe demanderait ce que Poutine et ses équipes lui apportent.

Le scandale va-t-il être étouffé ? Non : le 12 décembre 2014, Lessine démissionne abruptement de son poste à Gazprom-Media. À moins que, selon d’autres sources, il n’ait été forcé d’en partir. En effet, suite à la demande d’enquête formulée par le sénateur Roger Wicker, l’adjoint du procureur général des États-Unis a, le 3 décembre, donné l’ordre au FBI d’enquêter et en a informé le sénateur. Sans compter que d’autres services s’intéressent aux fortunes des Russes richissimes et qu’en Espagne aussi, une enquête est lancée sur les fonds de Lessine et leurs possibles liens avec du blanchiment d’argent.

L’ancien ministre disparaît alors de Russie. Selon une source des services secrets américains, il aurait, craignant d’être tué, passé l’été 2015 dans les Alpes suisses. Selon des rumeurs non prouvées, c’est parce qu’il craignait pour sa vie et celle de ses enfants qu’il aurait… contacté le FSB et le département américain de la Justice.

D’autres versions de cette disparition existent. Depuis son départ de Gazprom-Media, Lessine avait entamé une liaison avec une très belle Sibérienne, Viktoria R., mannequin et hôtesse de l’air. Tous deux auraient voyagé à travers le monde — en Suisse, mais aussi en Grèce, à Bali, en Italie et en Californie où Viktoria rêvait d’habiter —, et la jeune femme postait des photos de ces voyages et de leur yacht sur les réseaux sociaux. En septembre 2015, une fille, Tamara, leur est née, et Lessine en aurait été très heureux. Il voulait, dit-on, divorcer de sa femme Valentina — ce qui impliquait un partage des propriétés immobilières.

Mort aux États-Unis

Mikhaïl Lessine est retrouvé mort au matin du 5 novembre 2015, à 57 ans, dans sa chambre du Dupont Circle, un hôtel très moyen de Washington DC (États-Unis), pas du tout conforme au train de vie dispendieux de l’ancien ministre. Celui-ci disposait d’ailleurs d’une autre chambre, depuis le 2 novembre, au bien plus luxueux Four Seasons de Georgetown. On parle d’abord d’un AVC ou d’une crise cardiaque, d’autant que l’ancien ministre aurait passé les trois jours précédents à boire. Mais, et cela ne sera rendu public qu’en mars 2016, il avait d’après les autorités américaines de nombreuses blessures, notamment à la tête et au cou, et des côtes cassées : comme s’il avait été frappé avec une batte de baseball.

Mikhaïl Lessine, concepteur et créateur de Russia Today, a été enterré avant ces révélations. À Moscou ? Non, à Los Angeles, au cimetière Hollywood Forever, boulevard Santa Monica : là où sont enterrés de nombreux acteurs et des personnalités ayant participé à la création et au fonctionnement du cinéma américain.

Le 11 mars 2016, au lendemain des annonces des autorités américaines, Kommersant publie une interview de Sergueï Vassiliev, ami de Lessine depuis vingt ans et directeur général de Video International. Selon Vassiliev (et il faut prendre ce témoignage avec précaution), Lessine avait passé deux semaines à Moscou, avant de partir aux États-Unis — « sa famille vit à Los Angeles ». Il aurait été invité à Washington par l’oligarque Piotr Aven — l’un des co-auteurs d’Alfred Koch — qui, le 3 novembre, y recevait le prix du Wilson Center pour le développement des relations russo-américaines. Les deux hommes souhaitaient se voir, mais Lessine ne s’est pas rendu à cette soirée. Aven a également pris part, le 4 novembre, à une rencontre privée organisée par un autre think tank de Washington, l’Atlantic Council. Là encore, il semblerait que Lessine ait voulu être présent, mais les organisateurs auraient refusé de l’inclure parmi les invités. À Washington, l’ancien ministre aurait néanmoins revu de vieux amis — que Vassiliev dit connaître —, trop bu, quitté ses amis et atterri dans le premier hôtel venu.

Pour les journalistes d’investigation Andreï Soldatov et Irina Borogan, Lessine a été brutalement battu près de son hôtel. Il a réussi à rejoindre sa chambre et y est mort. Ceux qui l’ont battu n’ont jamais été retrouvés, et la rumeur à Moscou souligne qu’il avait perdu la faveur du Kremlin juste avant cet incident15.

Comme si la situation n’était déjà pas assez énigmatique, Alexeï Navalny signale, toujours en mars 2016, que, selon le site américain du service des frontières, un homme ayant un passeport russe au nom de Lessine a quitté les États-Unis le 15 décembre 2015, soit quarante jours après la mort de l’ancien ministre. L’information est reprise par différents médias, tandis que Vassiliev souligne avoir vu le corps de son ami dans son cercueil. Dès novembre 2015, Navalny avait lancé l’hypothèseque la mort de Lessine ne soit qu’une mise en scène dans le cadre d’un programme pour protéger un témoin, prêt à raconter ce qu’il savait de Poutine.

Mais un officiel américain signale que cette date de départ a été inscrite pour clore le visa du défunt, selon une procédure standard, et ne témoigne pas d’un réel départ. Les rumeurs d’une disparition organisée pour permettre à l’ancien ministre de changer de vie continueront toutefois à courir.

Le 28 octobre 2016, le parquet fédéral américain déclare que Lessine est mort seul dans sa chambre après une série de chutes due à une consommation excessive d’alcool pendant plusieurs jours. Ce serait donc « un accident », et l’affaire est close. Toutefois, en juillet 2017, dans le cadre d’une série sur des meurtres impliquant peut-être les services secrets russes, le site Buzzfeed revient sur la mort de Lessine et affirme que, contrairement à la version officielle, beaucoup, dans les services secrets et les services d’ordre américains, soupçonnent une action russe. Buzzfeed News a porté plainte afin d’avoir accès au dossier et à l’ensemble de l’enquête.

Deux agents du FBI affirment dans cet article que « l’ex-tsar des médias de Vladimir Poutine » a été battu à mort, alors que, le lendemain, il avait un rendez-vous au département américain de la Justice. Celui-ci aurait payé la chambre au Dupont Circle et voulait interroger Lessine sur RT. D’après l’un de ces agents, « tout le monde pense qu’il a été tabassé, et que Poutine ou le Kremlin était derrière cela ». Du coup, des officiels américains s’inquiétaient : le Kremlin va-t-il commencer à tuer sur le sol américain, comme il l’a fait, abondamment semble-t-il, en Grande-Bretagne ?

Alexeï Venediktov, le rédacteur en chef de la radio Écho de Moscou, est interviewé peu après sur les affirmations de Buzzfeed. Ayant longtemps fréquenté Lessine, il assure avoir immédiatement compris que l’ancien ministre avait été victime d’une mort violente, et non d’une crise cardiaque, « comme nous l’affirmait le Kremlin et nous le disait Margo Simonian au nom de la famille ». Mais, curieusement, c’est au rachat forcé de NTV (voir l’épisode sur Alfred Koch) que Venediktov renvoie : Lessine était le « témoin principal » pour « l’annexe numéro 6 », au cas où un procès aurait lieu un jour. Le journaliste dit donc suivre avec attention l’enquête de la police de Washington. Il ne croit pas, en revanche, que Lessine ait bénéficié d’un programme de protection de témoins. Selon lui, deux versions demeurent : soit Lessine s’est battu avec quelqu’un dans la rue ; soit il a été tué. Pour l’instant, aucune réponse claire ne pourrait être apportée :

« Je ne sais pas qui avait intérêt à cette mort. Mikhaïl Iouriévitch Lessine était un homme avec qui il était difficile de communiquer, quelqu’un de très abrupt. […] On peut dire que j’avais intérêt à sa mort même si ce n’est, bien sûr, pas le cas. Au contraire, je le répète, nous avons perdu un témoin. »

Il faudrait, ajoute-t-il, « comprendre ce que [Lessine] négociait avec le gouvernement américain » — Venediktov semble ainsi valider cette hypothèse. Mais il ajoute que l’ancien ministre s’apprêtait à divorcer et « avait beaucoup de relations compliquées » : « À qui cela profite-t-il ? À tout le monde et à personne. » En tout cas, si Lessine a été enterré aux États-Unis, c’est parce que « toute sa famille » y vit : ses enfants Anton et Ekaterina, ses petits-enfants, mais aussi son épouse Valentina. « Lui-même vivait aux États-Unis, il avait quitté la Russie, c’est cela qu’il faut comprendre », souligne Venediktov.

Ce qui donne l’exacte mesure du « patriotisme » de ceux qui, dans la Russie poutinienne, créent des chaînes de propagande et des programmes d’éducation patriotique.

En décembre 2017, la police de Washington DC rend publiques 58 pages de son enquête sur la mort de Lessine. Mais des passages sont noircis, et ce rapport ne révèle rien sur les coups, ni même les chutes. Puis c’est le FBI qui, le 26 janvier 2018, dévoile une partie de son enquête : 56 pages qui n’apportent pas grand-chose de nouveau. Le 27 mars 2018, BuzzFeed rapporte ce que Christopher Steel, agent secret britannique et auteur d’un rapport sur les liens entre Trump et certains Russes, aurait déclaré au FBI : Lessine aurait été tué par des voyous recrutés par un oligarque proche de Poutine, parce qu’il avait de mauvaises relations professionnelles avec cet oligarque. Les « voyous » auraient toutefois eu pour instruction de battre l’ancien ministre, de l’intimider, pas de le tuer, et, selon certaines sources, ils seraient des agents des services russes. Trois autres sources, indépendantes les unes des autres, auraient confirmé les affirmations de Steel, mais le FBI refuserait d’en tenir compte.

Un an plus tard, le 16 mars 2019, Radio Liberté signale avoir eu accès au rapport du principal médecin légiste de Washington. Il y est dit que Lessine a pu subir une fracture du cou avant sa mort, mais aussi lors de l’autopsie. Les autorités américaines considèrent toujours ce décès comme un accident, mais « des médias ont déclaré que l’ancien ministre pouvait avoir été tué car il avait accepté de témoigner sur la corruption en Russie ». Son fils, Anton, « qui vit à Beverly Hills, a dit aux enquêteurs que Lessine se saoulait toujours pendant ses voyages d’affaires ». Voulait-on interroger son père sur RT ? Sur la corruption en Russie ? Et/ou sur ses relations avec Vladimir Poutine, le Kremlin et Iouri Kovaltchouk, directeur de la banque Rossia, comme certains médias l’écriront ? Officiellement, rien ne confirme que Lessine s’apprêtait à témoigner sur quoi que ce soit devant des autorités américaines.

Mais, c’est un fait, il savait tout — et de l’intérieur — sur le système Poutine.

Conclusion : Biens immobiliers et succession

Entre-temps, la succession a commencé à être réglée. Le 25 juillet 2017, Ria Novosti a ainsi signalé qu’un hôtel particulier à Brentwood, Los Angeles, était mis en vente. Il avait été acheté en 2012 pour 9 millions de dollars par la société Dastel Holdings qui, sur les papiers, appartient à Anton Lessine, et il a été mis en vente en 2017 à 23 millions de dollars. Ce bien, d’environ 980 m2, comporte sept chambre et onze salles de bains, un ascenseur, un sauna et une cave à vins. La compagnie Dastel proposait aussi, pour 28 millions de dollars, un hôtel particulier d’environ 1 200 m, situé à Beverly Hills, dans un lieu gardé en permanence où habitent aussi l’acteur Samuel L. Jackson et le joueur de basket Magic Johnson. La société Dastel y était domiciliée.

Ria Novosti a souligné que, de son vivant, Lessine avait toujours nié posséder des biens immobiliers aux États-Unis où sa famille vivait. Il prétendait que ces propriétés appartenaient à ses enfants, mais il avait perdu son poste de conseiller du président en 2009 pour « activité excessive dans le business, provoquant un conflit d’intérêts ».

Dans un article très documenté, publié le 8 août 2017 sur le site pas forcément très fiable La Russie criminelle, selon la journaliste Evguénia Albats — fiable, elle —, on peut lire que les capitaux de « l’empire commercial gris » (ni légal, ni illégal) de Lessine pourraient être estimés à un milliard de dollars. Certaines sources — dont l’ancien député Konstantin Borovoï qui vit désormais aux États-Unis — estiment qu’une partie importante des actifs de Lessine a été détournée des centaines de millions de dollars attribués à Russia Today. Les propriétés en Californie ne seraient que la pointe de l’iceberg : l’ancien ministre aurait laissé des millions de dollars en actifs d’entreprises, en Finlande, voire en Suisse.

Il aurait — c’est à vérifier — blanchi certains de ses capitaux en aidant son fils à produire des films. Ceux dans lesquels ont joué Brad Pitt et Arnold Schwarzenegger ? Quant à la fille de Lessine, on ne trouve rien sur elle sur Internet alors qu’elle a dirigé le bureau de RT aux États-Unis. S’agissait-il, dans son cas, d’un vague titre et d’un emploi fictif ? Ou Internet aurait-il été nettoyé ? Bien des mystères demeurent autour de la vie et de la disparition de Mikhaïl Lessine, cet homme « au bon visage de tueur d’enfants ».

La suite au prochain numéro…

Politologue, historienne, slaviste, professeure à l'université Rennes II, directrice du département de russe de Rennes II, chercheuse au CERCLE (Nancy II). Travaille essentiellement sur les relations pouvoir-société-culture dans la Russie des XXe et XXIe siècles, et sur les questions d'influence de 1920 à aujourd'hui. Ses derniers ouvrages : Le Clan Mikhalkov. Culture et pouvoirs en Russie (1917-2017), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019 ; Les Réseaux du Kremlin en France, Paris, Les Petits Matins, 2016 ; La Fabrique de l’homme nouveau après Staline. Les arts et la culture dans le projet soviétique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2016.

Notes

  1. M. Zygar, Vse svobodny. Istoriia o tom, kak v 1996 godou v Rossii zakontchilis vybory, Moskva, Alpina, 2021, p. 17-18.
  2. Ibid., p.128, p. 193.
  3. Ibid., p. 196-197.
  4. Ibid., p. 198-199.
  5. Ibid., p. 311-314.
  6. Ibid., p. 395, p. 379.
  7. Elena Tregoubova, Baïki kremlevskogo digguera, Moskva, Ad Marginem, 2003, p. 243.
  8. Ibid., p. 366.
  9. KRASTEV Ivan, Eksperimentalnaïa rodina. Razgovor s Glebom Pavlovskim, Moskva, Izdatelstvo Evropa, 2018, bookmate, p. 93 / 222.
  10. Elena Tregoubova, op. cit., p. 367.
  11. Ibid., p. 368.
  12. Ibid., p. 369.
  13. Ibid., p. 16.
  14. Elena tregoubova, Prochtchanié kremlevskogo digguera, Moskva, Ad Marginem, 2004, p. 56, p. 167.
  15. Andreï Soldatov et Irina Borogan, The Compatriots. The Brutal and Chaotic History of Russia’s Exiles, Émigrés, and Agents Abroad, New York, PublicAffairs, 2019, e-book, p. 2 / 365.

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