La propagande de guerre russe et la construction d’une violence légitimée en Ukraine

Le politologue allemand étudie dans cet essai les récits, ou « narratifs », de l’armée russe qui déforment grossièrement la réalité actuelle, mais aussi le passé, et notamment l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, afin de justifier la guerre d’agression contre l’Ukraine. Ce texte est un nouveau volet du projet du Centre pour l’intégrité démocratique (Vienne), « Russia’s Project “Anti-Ukraine” », dont Desk Russie est le partenaire francophone.

Introduction

Toute guerre a besoin d’être justifiée afin d’insuffler un but aux combattants, de convaincre le public d’une cause juste, de vendre une histoire au monde extérieur et de délégitimer la résistance parmi les objets de la violence, en l’occurrence la population ukrainienne. L’armée russe et ses groupes armés auxiliaires tuent, détruisent et anéantissent en Ukraine, et une partie de la violence discriminatoire et aveugle consiste à transformer une guerre d’anéantissement en un acte de salut personnel et collectif, et à transmettre les « leçons à enseigner » aux publics nationaux et étrangers. Ce chapitre reprend les principaux thèmes et stratégies discursives du récit de l’armée russe, en relève les contradictions et en identifie les lacunes. Quels sont les arguments de vente de la propagande de guerre russe et existe-t-il des indices de son succès ? Ces récits tiennent-ils la route ?

La guerre est une forme de communication : soit vous abandonnez, soit vous êtes tué. D’un côté, le public russe a besoin d’être dépolitisé, d’être calmé — une « opération spéciale » est menée sur un territoire lointain, ne vous inquiétez pas, allez faire vos courses, promenez votre chien, achetez des produits made in Russia, regardez la télévision et profitez de votre vie — c’est le message de la marginalisation. D’un autre côté, la guerre contre l’Ukraine est présentée comme un choix existentiel : soit nous gagnons l’Ukraine, soit la Russie s’effondre. Intuitivement, la machine de propagande russe présente la guerre comme une lutte pour la survie du régime en place. Les récits de guerre des siloviki russes, c’est-à-dire des représentants des ministères et des organes du pouvoir, servent donc à préserver leur position centrale dans le régime politique russe.

Pratiquement aucune violence organisée n’est imaginable sans un récit justificatif, une transformation du meurtre et de la destruction en un « service » pour un objectif supérieur. Les récits principaux sont rarement inventés par le personnel militaire ou les propagandistes militaires eux-mêmes. L’armée se contente de simplifier et de populariser des visions du monde et des idéologies développées ailleurs en tant que « multiplicateurs de force ». L’objectif spécifique est de déshumaniser l’objet de la violence, c’est-à-dire l’Ukraine en tant qu’État-nation et ses citoyens, et de donner un fondement moral à l’agression ou de la rendre invisible. Les stratégies de légitimation transforment ainsi la violence en un épiphénomène de comportement normatif1.

Ainsi, la violence elle-même semble disparaître derrière un écran de fumée de récits. Une fonction élémentaire de la légitimation de la violence consiste donc à déplacer le discours de la violence vers des déclarations normatives. La propre violence doit être minimisée, marginalisée ou réduite à des fins défensives. Certains auteurs considèrent l’évaluation normative de la violence, c’est-à-dire les actes de discours et les actes performatifs visant à justifier la violence, comme une émanation indivisible de la violence elle-même2. La « violence normative » et la violence physique se co-constitueraient donc l’une l’autre. Les récits de guerre de la Russie sont des actes de discours violents, sont des annonces d’intentions et sont aussi leur mise en œuvre, c’est-à-dire des intentions en action.

Pour éviter tout malentendu, les stratégies de légitimation de la violence ne sont pas seulement de nature normative ou discursive. En Russie, toute remise en question ou tout mécontentement à l’égard du récit de guerre officiel est poursuivi par les forces de l’ordre comme un manque de respect à l’égard de l’armée3. Les narrateurs de guerre russes n’abordent pas leurs opérations destinées à gagner la confiance des citoyens comme un débat d’idées, mais imposent violemment leur récit comme un dogme fondamentaliste. Aucune expression d’opinions divergentes n’est autorisée. La militarisation de l’esprit, qui commence avec les enfants dans les jardins d’enfants et les élèves à l’école et qui est mise en œuvre via les programmes scolaires, la mémoire et la politique en matière de médias, fait partie d’une guerre intérieure contre toute forme de dissidence. L’information et la désinformation sont considérées par le régime russe comme des éléments d’un effort de guerre global. La politique n’est pas considérée comme une alternative à la guerre, mais comme une forme de conduite de la guerre : la politique est la guerre et la guerre est la politique. La logique de guerre s’applique également aux récits de guerre.

L’histoire de l’humanité a développé un répertoire standard de légitimations de la guerre. Ainsi, la cause de toute chose a toujours une origine divine (« Dieu est avec nous »). Notre État est saint, tandis que l’ennemi est cruel, barbare et moralement inférieur. La menace contre notre propre groupe est universelle, les ennemis conspirent, ils sont aux portes, l’encerclement est imminent. La pureté de notre groupe (défini en termes de nation, de religion, de sang, de culture, etc.) doit être défendue contre les atteintes empoisonnées. Notre chef est prétendument choisi par le destin, c’est un sauveur et un messie. Enfin, les sacrifices sacrés du passé commandent de ne pas redevenir une victime. Le passé oblige à ne jamais laisser une agression se reproduire. L’auteur d’une agression doit renvoyer de lui une image de victime. Les justifications de l’entrée en guerre varient presque toujours en fonction de ces archétypes de causes « saintes ». 

Les récits

Depuis le début de l’invasion à grande échelle, le site du ministère russe de la Défense diffuse quotidiennement des informations sur le nombre d’armements ukrainiens détruits et de forces ukrainiennes vaincues — un flot ininterrompu de victoires, sans jamais mentionner leurs propres pertes. Les actions militaires des forces ukrainiennes sont généralement qualifiées de terrorisme. Il est étonnant de constater que le but et les objectifs de l’« opération spéciale » en général, ainsi que les stratégies et tactiques militaires concrètes, sont rarement mentionnés par les organes de presse de l’armée russe. Selon les bulletins d’information, l’industrie russe de l’armement fournit constamment à l’armée les armes nécessaires les plus récentes, tandis que des avantages sont accordés aux volontaires de guerre, aux vétérans, aux blessés et à leurs proches4.

Un mois après le début de l’escalade de la guerre russo-ukrainienne en février 2022, le chargé de communication militaire Ivan Egorov a publié 13 réponses à des questions sur l’« opération spéciale » en Ukraine, qui ont été affichées sur le site du journal gouvernemental officiel russe Rossiïskaïa gazeta et étaient en partie basées, comme l’a affirmé l’auteur, sur ses conversations avec des siloviki5. Ces 13 réponses représentent les actes de langage prédominants des bellicistes russes. D’après ce récit militaire magistral d’Egorov, la Russie a tenté d’empêcher la guerre en proposant un accord à l’Occident en décembre 2021. L’Occident a refusé l’offre de la Russie, qui n’a pas voulu répéter l’erreur de l’histoire de la « Grande guerre patriotique » en essayant d’apaiser l’agresseur — l’Occident est ainsi implicitement lié au manque de fiabilité d’Hitler (l’Ukraine et l’Occident en général sont assimilés aux préparatifs de guerre du Troisième Reich contre l’Union soviétique). L’Occident ne s’est pas contenté de manquer de respect aux intérêts de la Russie, mais a représenté une menace existentielle pour la survie de la Russie en tant qu’État. La guerre de la Russie contre l’Ukraine est donc présentée comme la prévention d’une guerre d’anéantissement par l’Occident collectif.

Viatcheslav Volodine, président de la Douma d’État (Parlement russe), a confirmé ce point de vue dans une interview : « Si l’opération spéciale russe n’avait pas été lancée, une opération de l’OTAN aurait été lancée le lendemain. Nous les avons devancés, ce qui signifie que nous avons sauvé des centaines de milliers de vies. Et aujourd’hui, nous devons tout faire pour que l’Ukraine devienne un pays pacifique, indépendant, autonome et démocratique, et qu’elle ne fasse partie d’aucun bloc6. »

Pendant huit ans, des dizaines de milliers de soldats ukrainiens ont prétendument exterminé les habitants des républiques de Donetsk et de Louhansk, a poursuivi M. Volodine. « Et maintenant, les réfugiés arrivent, nous commençons à leur parler, les enfants posent des questions : qu’est-ce qu’un théâtre, qu’est-ce qu’un cirque ? Pendant ces huit années, ils sont restés dans les sous-sols pratiquement 24 heures sur 24. Mais en même temps, la communauté internationale reste sourde et muette », a déclaré le président de la Douma d’État7. Dans l’étrange logique de Volodine, la guerre est donc menée pour pacifier l’Ukraine. La rhétorique de Volodine renvoie une image de l’armée russe de libératrice des Ukrainiens démunis, opprimés et réprimés face à une communauté internationale ignorante.

La menace de l’Occident a été maximisée à l’extrême dans la saga guerrière d’Egorov, qui a dépeint la Russie comme un pays tentant d’empêcher la répétition du traumatisme prétendument le plus monstrueux de son histoire. Sur les territoires « historiques » de la Russie, poursuit le sermon, une « anti-Russie » a été établie, sous le contrôle total de l’OTAN. Le récit pose donc trois postulats : premièrement, l’Ukraine voisine fait historiquement partie de la Russie, c’est-à-dire qu’elle est illégitime en tant qu’État souverain ; deuxièmement, une « anti-Russie » inquiétante a été créée dans ce pays, c’est-à-dire que la dé-russification est imminente ; troisièmement, c’est l’OTAN, et non l’Ukraine, qui est responsable de la dé-russification de l’Ukraine. Enfin, l’OTAN, et non l’Ukraine, est l’ennemi juré qui contrôle l’Ukraine (qui attend donc d’être libérée de l’oppression étrangère).

Les États-Unis et l’OTAN n’étant pas intéressés par un règlement négocié, la Russie devait donc empêcher une guerre planifiée par ces ennemis jurés. Grâce à cette « opération spéciale », la Russie a évité le déclenchement de la troisième guerre mondiale, affirme Egorov. D’un point de vue rhétorique, le coupable est ainsi transformé en victime et en sauveur ultime. Invoquant l’image de la « Grande Guerre patriotique », l’« opération spéciale » est, par analogie, présentée comme la leçon indiscutable de l’histoire : « plus jamais ça ». Une fois que l’assimilation d’une menace imminente au crime d’agression nazi est fermement établie, remettre en question le sens de l’« opération spéciale » revient à trahir un « Saint Graal ». La performance rhétorique établit une logique en chaîne : une fois que vous êtes contre le fascisme, vous devez soutenir l’« opération spéciale » de la Russie comme une forme d’antifascisme.

L’analogie directe avec le début de la guerre de l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique pouvant paraître trop radicale, il a fallu construire une deuxième ligne d’argumentation, selon laquelle les États-Unis s’étaient préparés à lancer une guerre contre la Russie avec 60 000 soldats, 200 chars et 150 avions de combat. Le danger était apparemment imminent et ne pouvait être évité que par une action préventive. Cette argumentation vise à contrer les critiques selon lesquelles la Russie aurait déclenché la guerre. L’histoire ressemble à la fausse nouvelle d’une attaque polonaise contre la station de radio de Görlitz à la fin du mois d’août 1939, que la propagande nazie a utilisée comme prétexte pour déclencher la guerre contre la Pologne : notre patience est à bout, nous ripostons, disait la propagande nazie.

Pendant huit ans, la Russie aurait tenté de résoudre le problème du Donbass par des moyens diplomatiques, mais l’Europe n’a pas réussi à forcer Kyïv à mettre en œuvre les accords de Minsk II, selon le prochain point de discussion. La reconnaissance de la « République populaire de Donetsk » et de la « République populaire de Lougansk » est donc restée la seule option pour la Russie. La justification de l’annexion ultérieure des régions de Kherson et de Zaporijjia est toutefois absente de ce récit.

Mais pourquoi la Russie a-t-elle lancé cette « opération spéciale » tout en niant avoir eu l’intention de le faire, même peu de temps auparavant ? La Russie aurait reçu des informations sur l’imminence d’une attaque ukrainienne contre le Donbass et la Crimée, et sur l’utilisation prévue par l’Ukraine d’armes nucléaires contre le cœur de la Russie. L’Ukraine ne disposant pas d’armes nucléaires, ce raisonnement militaire semble déplacé ou destiné uniquement à des personnes mal informées. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait toutefois déclaré à la conférence de Munich sur la sécurité, deux jours avant le début de l’« opération spéciale », que l’Ukraine pourrait quitter le mémorandum de Budapest de 1994 (qui garantissait la souveraineté de l’Ukraine en échange de l’abandon de ses armes nucléaires8).

En fait, Zelensky avait déclaré que depuis 2014, l’Ukraine « a tenté à trois reprises d’organiser des consultations avec les États garants du mémorandum de Budapest. Trois fois sans succès. Aujourd’hui, l’Ukraine le fera pour la quatrième fois. En tant que président, je le ferai pour la première fois. Mais l’Ukraine et moi-même le faisons pour la dernière fois. Je lance des consultations dans le cadre du mémorandum de Budapest. Le ministre des Affaires étrangères a été chargé de les convoquer9. »

Selon Zelensky, si ces consultations ne se reproduisaient pas ou si leurs résultats ne garantissaient pas la sécurité de l’Ukraine, le pays aurait « le droit de penser que le mémorandum de Budapest ne fonctionne pas et que toutes les décisions du paquet de 1994 sont remises en question10 ».

Le discours de Zelensky a été grossièrement déformé. Mais qui allait vérifier ce que Zelensky avait réellement dit ? Le refus de la Russie de respecter le mémorandum de Budapest a été présenté comme si l’Ukraine se préparait à acquérir des armes nucléaires.

Le récit militaire russe devient assez flou à ce stade. D’une part, une guerre préventive était sans doute nécessaire ; d’autre part, la guerre était légitimée par la prévention de toute acquisition future d’armes nucléaires par l’Ukraine. Les missiles « tactiques » Tochka-U de l’Ukraine avaient déjà été lancés contre le territoire russe, selon l’histoire. Le 14 mars 2022, le gouvernement russe a accusé les forces ukrainiennes d’avoir lancé un missile Tochka OTR-21 sur Donetsk — territoire ukrainien déclaré territoire russe11. Cette allégation a été utilisée pour justifier le début de l’« opération spéciale » le 24 février 2022 — c’est donc un événement ultérieur qui sert à expliquer le début de la guerre. De toute évidence, la cohérence ou la plausibilité n’était pas une préoccupation pour l’élaboration du récit militaire russe.

Outre la menace nucléaire, l’Ukraine aurait également travaillé sur des armes biologiques, selon les premiers arguments russes en faveur d’une entrée en guerre. Ces armes biologiques auraient pu provoquer la peste, l’anthrax, la tularémie et le choléra. La Russie ne voulait donc mener qu’une opération limitée contre des objectifs purement militaires et les nationalistes. Les références aux armes biologiques ou chimiques sont un vieux relent de préjugés antisémites depuis l’époque médiévale — l’ennemi empoisonne les innocents, l’arme est invisible, mais elle menace tout le monde. Aucune preuve n’a jamais été présentée par les autorités russes depuis lors12.

heinemann2
Le général Igor Kirillov, commandant des forces de défense radiologique, chimique et biologique de l’armée russe, lors d’un briefing où il accuse les États-Unis de développer des armes biologiques sur le territoire ukrainien. Le 17 décembre dernier, Kirillov a été tué à Moscou dans l’explosion d’une trottinette. // Ministère de la Défense russe

L’« opération de rétablissement de la paix » de la Russie avait pour but de forcer Kyïv à faire la paix, selon l’affirmation suivante. Cependant, les forces ukrainiennes n’ont pas répondu à l’appel de Poutine. La Russie a lancé l’opération spéciale afin d’empêcher une attaque ukrainienne sur Donetsk et Louhansk, qui devait commencer le 8 mars 2022 — aucune preuve n’a été apportée à cette affirmation, mais elle a servi à instiller l’image d’une action préventive de la part de la Russie.

Après le Maïdan en 2014, des néonazis auraient dominé le Parlement ukrainien et obtenu des postes au sein du gouvernement et de l’administration présidentielle. Ces néonazis auraient mené une guerre contre leur propre population. Au cours des 30 dernières années, depuis l’indépendance de l’Ukraine, le pays s’est transformé en un camp de concentration pour les russophones — l’accusation de génocide souvent répétée par la Russie. La guerre menée par le gouvernement ukrainien contre son propre peuple ressemblerait à la politique d’occupation des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Les civils ont été utilisés par l’Ukraine dans des villes comme Marioupol en tant que boucliers humains, à l’instar des tactiques de l’État islamique terroriste en Syrie. L’analogie avec les nazis ne semblant pas suffisante, une comparaison avec l’État islamique devait également être faite. Aucune analogie n’a donc été épargnée pour renvoyer l’image d’Ukrainiens diaboliques.

En outre, les Russes d’Ukraine craindraient surtout que les forces russes ne quittent l’Ukraine un jour après la destruction réussie de l’infrastructure militaire ukrainienne. Les Russes d’Ukraine devraient alors vivre avec les nazis et les « banderovtsy » (Banderites13) sans la protection de la Russie. Mais la Russie, assuraient les Russes, ne quitterait pas l’Ukraine avant que tous les nazis ne soient tués ou traduits en justice. En fin de compte, l’armée et les forces de police russes resteraient en Ukraine dans le cadre d’une mission de maintien de la paix au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective, l’alliance militaire dominée par les Russes et regroupant plusieurs États post-soviétiques. Le récit donnait ainsi un aperçu de l’avenir de l’Ukraine, qui serait un protectorat russe avec l’aide ou l’approbation d’autres États post-soviétiques. Des régimes de facto comme ceux de l’Abkhazie, de l’Ossétie du Sud ou de la Transnistrie pourraient servir de modèles à la future Ukraine.

On peut toutefois se demander pourquoi la Russie n’a pas commencé l’« opération spéciale » dès 2014. La réponse apportée est qu’il a fallu huit ans pour préparer l’économie russe à contrer les sanctions occidentales. Cet argument contredit la version antérieure d’une attaque ukrainienne imminente. Implicitement, la Russie s’était donc préparée à la guerre indépendamment d’une attaque imminente. Le récit est contradictoire, plein de constructions auxiliaires, passant constamment d’un niveau d’argumentation à l’autre. La cohérence n’est pas recherchée.

Une question reste néanmoins en suspens : pourquoi les Ukrainiens accueilleraient-ils les suzerains russes ? Aucune réponse concluante n’est apportée, mais le « changement d’avis » de l’éminente ancienne pilote, prisonnière de guerre et plus tard députée ukrainienne Nadiya Savtchenko14 est présenté comme un indice — même les Ukrainiens les plus intransigeants peuvent être retournés, est-il sous-entendu.

L’avenir de l’Ukraine est vaguement décrit comme un État qui s’émancipera de tous les collaborateurs du régime criminel actuel. Les Ukrainiens pourraient élire leur gouvernement, mais seulement parmi ceux qui ne sont pas « entachés de sang ». Cette rhétorique rappelle au public les anciens États satellites soviétiques d’Europe de l’Est, qui étaient formellement indépendants, mais dont les dirigeants avaient besoin de l’approbation de Moscou. Une dernière stratégie rhétorique consiste à faire du « whataboutism » : une liste de crimes de guerre commis par les États-Unis, comme si une référence aux États-Unis minimisait la « culpabilité » de la Russie ou validait la Russie pour qu’elle commette des crimes similaires, ou que la Russie empêchait les États-Unis de commettre des crimes similaires sur le sol russe.

heinemann3
Diapositive de la conférence de presse du général Kirillov en 2023 // Ministère de la Défense russe

L’armée russe, gardienne de l’histoire

L’État russe a lancé tout un programme, comprenant le cinéma, le théâtre, les productions télévisées, la littérature, la vulgarisation scientifique, les productions Internet, afin de « sauver » sa mémoire historique et ses « valeurs spirituelles et morales15 ». Ce que l’on appelle la « mémoire historique » est en fait une politique de la mémoire, c’est-à-dire une tentative délibérée de construire un modèle officiel et dogmatique de ce qui doit être mémorisé : la réalité doit correspondre à la forme préconçue.

En juillet 2018, le président Poutine a rétabli la Direction militaro-politique principale des forces armées de la Fédération de Russie, la GVPU, dissoute à la fin de l’URSS. Cette direction a pour mission de propager les valeurs militaires et de renforcer le prestige de l’armée dans la société, ainsi que de servir de pilier moral et idéologique au sein de l’armée. La GVPU est chargée de la propagande au sein des forces armées, de la publicité de leurs activités, du renforcement du prestige du service militaire et de la préservation des traditions patriotiques.

Les commentateurs critiques de la presse russe ont comparé la résurrection de la Direction aux tristement célèbres « politrouki », ou commissaires politiques, de l’époque soviétique, qui étaient alors chargés de l’endoctrinement communiste et patriotique16. La réactivation des modèles soviétiques d’endoctrinement a été explicitement justifiée par une nouvelle hostilité à l’égard de l’Occident et de la guerre de l’information. Le premier chef de la Direction militaro-politique, le colonel général Andreï Kartapolov, a déclaré que son objectif était de former des guerriers d’État, imprégnés d’étatisme, de spiritualité et de patriotisme17.

Le Voïenno-istoritcheski journal (journal militaro-historique, fondé en 1939) est le principal outil du ministère de la Défense pour inculquer la fierté du passé russe. Raconter des histoires d’héroïsme devrait susciter l’amour de la Russie. Tout d’abord, la Russie est présentée comme l’unique héritière morale des souffrances et de la victoire du peuple de l’Union soviétique, alors que l’ « Europe » dans son ensemble et l’Ukraine, la Pologne ou la France en particulier nieraient leur collaboration avec le Troisième Reich ou falsifieraient l’histoire18.

L’un des principaux différends entre le point de vue officiel de la Russie et les positions ukrainiennes concerne le pacte Hitler-Staline d’août 1939. Le 30 novembre 2020, le représentant permanent de l’Ukraine auprès des Nations Unies, Serhii Kyslytsya, a dénoncé le pacte entre Hitler et Staline. L’Ukraine et la Pologne ont été parmi les premières victimes de ce pacte et les troupes soviétiques ont tué des Ukrainiens. Remettre en cause l’exclusivité morale de la Russie s’apparente pour les historiens militaires russes à un blasphème. Les historiens militaires russes dénoncent toute complicité de l’Union soviétique dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale comme une « falsification », qui devrait être punie par des moyens judiciaires. Un expert du Voïenno-istoritcheski journal a exprimé son inquiétude au sujet des Ukrainiens qui ne rejetteraient pas la falsification de l’histoire par leurs dirigeants19.

Vladimir Kiknadze, rédacteur en chef adjoint du Voïenno-istoritcheski journal, a eu recours à une sinistre « vérité historique » pour justifier l’« opération spéciale » contre l’Ukraine20. Le récit militaire de légitimation de la guerre est ainsi historicisé et l’histoire de la Russie racontée comme celle d’une défense héroïque. Les amendements à la loi russe adoptés en juillet 2021 rendaient déjà punissable toute falsification de l’histoire, et seule une version officiellement « vérifiée » était donc autorisée21. Toute comparaison des actions de l’URSS avec celles du Troisième Reich est considérée comme une infraction pénale22. La stratégie d’argumentation implique la prévention de la falsification présumée ainsi que les mesures correspondantes. La perte d’influence de la Russie en Europe de l’Est depuis la dissolution de l’Union soviétique est perçue comme un renversement de l’ordre d’après-guerre. Cet ordre avait établi la domination soviétique en Europe de l’Est et clairement délimité les sphères d’influence entre le bloc soviétique et les puissances occidentales, telles que l’OTAN et la Communauté européenne (plus tard l’Union européenne). Une tactique rhétorique consiste à assimiler toute révision du contrôle soviétique à la collaboration nazie.

Kiknadze affirme que la force de la Russie repose sur la vérité historique23. En se référant à une vérité révélée, la Russie n’a plus besoin de légitimer concrètement sa guerre contre l’Ukraine. La défense de la « vérité historique » est une justification suffisante en soi. La guerre contre l’Ukraine apparaît comme une défense de la « Grande Victoire » de la Seconde Guerre mondiale, et donc plutôt comme une guerre sainte pour défendre l’image collective de soi que comme une guerre pour atteindre des objectifs définis. Le récit est fondamentalisé et essentialisé, élevé au rang d’obligation religieuse.

Les références à l’histoire pour justifier la guerre remplissent plusieurs fonctions. Elles transforment la guerre en un combat pour la pérennité de la Russie, comme si l’essence même de la Russie était en jeu. L’histoire devient une religion fondamentaliste. La défense du récit se transforme en guerre de religion et, par voie de conséquence, toute résistance devient une hérésie. Une guerre sainte justifie tous les moyens et tous les sacrifices, et les objectifs sont absolus et non relatifs. La guerre n’est pas une prolongation de la politique par d’autres moyens, selon Carl von Clausewitz24, mais une affirmation de soi, un conflit « tout ou rien », un jeu à somme nulle sans place pour le compromis.

Le choc des civilisations

Le 13 avril 2022, la page Facebook officielle du commandement des forces d’assaut aérien des forces armées ukrainiennes a publié un rapport sur la destruction du poste de commandement mobile du 4e bataillon du groupe tactique de la 201e base de l’armée du district militaire central de l’armée russe25. Le rapport mentionnait des documents officiels et du matériel de propagande trouvés dans le poste de commandement détruit. Au moins l’un de ces documents de propagande était un document en langue russe intitulé « Toute la vérité sur les crimes de l’Ukraine dans le Donbass ». Ce document de 48 pages a été initialement publié par la chaîne Telegram russe « La blanchisseuse du Kremlin » le 26 février 202226, et l’analyse du texte du document et de ses métadonnées montre qu’il aurait été finalisé les 24 et 25 février 202227.

Si l’auteur du document est inconnu, le lieu de sa publication originale peut fournir des informations indirectes sur sa source. La chaîne Telegram « La blanchisseuse du Kremlin » était gérée par Mikhaïl Poliakov, colonel à la retraite du Service fédéral de sécurité russe (le FSB), qui, avant 2022, avait apparemment dirigé l’un des services de l’Office de protection de l’ordre constitutionnel du FSB à Moscou28. Selon un rapport, déjà en tant qu’ancien officier présumé du FSB, Poliakov supervisait un certain nombre de chaînes Telegram pro-Kremlin en coordination avec le premier chef adjoint de l’administration présidentielle russe, Sergueï Kirienko29.

Dès la publication du document « Toute la vérité etc. », des dizaines de chaînes Telegram directement et indirectement liées à l’État russe ont amplifié la publication et, à la mi-mars 2022, le message correspondant de Telegram avait été vu 1,1 million de fois30. L’une des chaînes Telegram qui a amplifié le message de « La blanchisseuse du Kremlin » était celle de l’un des principaux propagandistes russes, Vladimir Soloviov, qui était alors suivi par plus d’un million d’abonnés31. Il ne fait guère de doute que la création du document, ainsi que ce qui ressemblait à un effort d’amplification coordonné, était une opération organisée par des acteurs de l’État russe.

Comme il a manifestement été distribué au personnel militaire russe, ce document était destiné à donner un sens à la guerre contre l’Ukraine et à présenter les avantages accordés aux participants à la guerre. Le document présente le conflit, de même qu’à l’époque soviétique, comme un affrontement entre l’Occident méchant, impérialiste et colonial et la Russie qui se défend contre les incursions de l’Occident32. L’histoire de la concurrence impériale, de l’équilibre des pouvoirs, du partage du pouvoir et de la coexistence est recadrée comme un conflit « Russie contre Occident », sollicitant ainsi implicitement le soutien du « Sud global » contre ses anciens maîtres coloniaux.

L’expansion impériale de la Russie, la destruction des peuples non dominants ou indigènes et sa mission « civilisationnelle » sont totalement niées dans ce récit, comme si la Russie ne faisait que défendre son mode de vie contre les incursions d’un Occident hostile. Cette approche se caractérise par le déni, la projection et l’externalisation. C’est l’Occident qui doit faire face à son passé, et non la Russie, qui s’auto-proclame comme un pays-civilisation de haute moralité. Après la fin du colonialisme, l’Occident ne pouvait survivre qu’en exploitant les ressources du camp socialiste et des pays riches en ressources tels que l’Irak. L’Occident voudrait dépouiller la Russie de ses ressources et planter les graines du chaos à leur place, poursuit le mémo, à l’instar de ce qu’il a fait en Afghanistan, Irak, Libye et Syrie. Les objectifs de l’« opération spéciale » sont énumérés comme suit : « défense des peuples des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk », « défense contre un génocide », « démilitarisation » et « dénazification » de l’Ukraine, et « poursuite des criminels de guerre ukrainiens ». L’existence même de la Russie serait en jeu, et elle gagnerait parce que la « justice » et la « vérité » seraient de son côté.

L’explication est assez grossière et générale. Elle recycle la propagande soviétique anti-impérialiste et anti-occidentale, réduit l’Ukraine à une tête de pont de l’expansionnisme occidental et réactive la prétention à la vérité absolue de la propagande communiste — le parti communiste a toujours eu raison et, aujourd’hui, la Russie détient la seule et unique « vérité ». La prétention à la vérité absolue n’a pas besoin de participer à une quelconque entreprise de légitimation, elle est totalitaire dans sa portée.

Il est déclaré que l’Ukraine fait partie du territoire russe, à l’exception de l’ancienne Galicie. La Novorossia, c’est-à-dire tous les territoires formellement annexés par la Russie depuis février 2022, est déclarée territoire russe. Le document affirme — sans fournir aucune preuve — qu’environ la moitié de la population ukrainienne était pro-russe, mais même dans ce cas, la question reste de savoir ce que les soldats russes doivent faire de ceux qui préfèrent une identité ukrainienne. Le statut prévu pour le « reste » de l’Ukraine n’est pas précisé dans le document. De toute évidence, on ne sait pas très bien pourquoi les soldats se battent en fin de compte : pour la liquidation de l’Ukraine en tant qu’État souverain, pour celle de sa population pro-ukrainienne ou simplement celle de son gouvernement ? Le document a finalement peur du défaitisme et des retraites, et tente donc d’instiller la croyance en une victoire comme sur l’Allemagne nazie — un triomphe de la volonté est invoqué. Cette « croyance » est soulignée par des rappels des sanctions draconiennes staliniennes en cas de défection ou de lâcheté. En fin de compte, c’est le règne du choc, de l’effroi et de la peur qui devrait maintenir les soldats sur la ligne de front.

Conclusion

Les justifications de la Russie pour sa guerre contre l’Ukraine réactivent les clichés sur l’héritage spirituel de la Russie, sa mission historique sacrée et sa suprématie ethnoculturelle, ainsi que le déni impérialiste de l’autonomie nationale de l’Ukraine. La propagande russe reconstitue cognitivement, comme dans un film pris pour la réalité, une guerre antifasciste et projette l’image d’un encerclement total par un Occident collectif antagoniste. Les théories du complot, la désinformation, les « mesures actives », les mensonges et la répression systématique des protestations et du mécontentement dans la politique intérieure font partie de cette guerre contre l’Ukraine. L’armée russe est un narrateur de guerre à part entière.

La propagande de guerre russe donne l’image d’une Russie en guerre défensive permanente contre l’Occident. La guerre permanente nécessite une vigilance permanente contre les ennemis intérieurs et un récit de victoire permanente. L’armée russe prétend être le défenseur de la vérité historique, en particulier le gardien d’une lecture incontestable et dogmatisée de la Seconde Guerre mondiale. La lecture russe canonisée de la Seconde Guerre mondiale est transformée en une question de sécurité nationale et internationale. L’histoire est spiritualisée, sécurisée et transformée en question de droit pénal.

Le récit militaire revendique la continuité de l’État russe et du peuple russe sur un territoire qui inclut l’Ukraine. Au lieu de parler de personnes vivantes et de leurs préférences, l’histoire devient un souverain imaginé, un juge ultime et un pouvoir de décision. L’histoire est l’autorité justificatrice plutôt que des personnes vivantes avec des préférences tangibles ou des institutions légitimes. La légitimité découle d’un récit canonique. La lecture officielle de l’histoire devient une autorité légitimante, qui échappe ainsi au contrôle de la souveraineté du peuple. Les peuples ne sont pas des acteurs de l’histoire, mais l’histoire imaginée les transforme de mandants en rouages de l’histoire — l’histoire est le mandant. La guerre contre l’Ukraine n’est donc plus un moyen de parvenir à une fin définie, mais une déclaration sanglante sur une identité collective.

La propagande de guerre russe a pour but de présenter une mission historique plus grande que nature, de projeter un choc éternel des civilisations avec un Occident impérialiste et colonialiste, d’exploiter le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, de réduire la guerre à une décision concernant « la guerre contre l’Ukraine ou la dissolution de la Russie », de supprimer toute empathie pour les victimes de l’agression russe en déshumanisant les Ukrainiens, et de fournir un cadre « unique » qui supprime toute dissonance cognitive entre les faits et la fiction. La fiction l’emporte sur les faits. Les récits de guerre représentent un constructivisme social appliqué : La guerre n’est plus la guerre, mais ce que la propagande russe en fait. Le sens est plus important que l’acte.

En fin de compte, les légitimations militaires de la guerre contre l’Ukraine ne peuvent pas fournir d’objectifs tangibles à atteindre par l’effort de guerre, si ce n’est d’éviter la défaite de la Russie. Le récit de guerre de la Russie est donc dans les limbes. Les soldats russes ne sont pas accueillis comme des libérateurs, mais perçus comme des criminels de guerre par les Ukrainiens — cette expérience doit être couverte par une vérité creuse et des déclarations de victoire.

La propagande semble avoir fonctionné au point que l’écrasante majorité de la population russe approuve les interprétations fournies, même si ce n’est que pour des raisons opportunistes. La génération la plus âgée (55 ans et plus) est la plus attirée par la propagande officielle, mais seulement huit à onze pour cent de la population russe n’était pas d’accord avec les « actions » de l’armée russe en 2022, selon les sondages d’opinion du centre Levada33. Les récits se maintiennent parce que les délibérations publiques sont supprimées et parce qu’un mélange d’Homo Sovieticus paternaliste, d’Homo Russicus impérial, de cynisme, d’opportunisme et d’un profond manque d’empathie caractérise la mentalité russe hégémonique. Les craintes de dé-russification, de perte de contrôle sur l’empire extérieur et intérieur, les préjugés staliniens persistants et les complexes d’infériorité profondément ancrés s’entremêlent. La transformation de l’histoire en une religion fondamentaliste, et de la guerre en un service religieux, rappelle les mouvements clérico-fascistes de l’entre-deux-guerres.

La propagande de guerre russe doit combler le décalage flagrant entre l’image collective que l’on veut donner de soi et les résultats réels. La seule raison d’espérer réside dans l’opportunisme de la plupart des Russes. Ils quitteront le navire dès qu’ils ne percevront plus la guerre comme un ticket gagnant. La vision du monde peut changer, mais l’opportunisme demeure, comme le disait une célèbre blague soviétique. Tant que la plupart des Russes jouiront de leur vie quotidienne sans être dérangés et considéreront la guerre comme une série d’événements lointains, les bellicistes et l’entourage cynique de Poutine ne reculeront pas, mais ressasseront leur ragoût de triomphe de la volonté et de politique de la peur. Seule une défaite imminente permettra aux Russes de hisser le drapeau blanc — et c’est ce qui effraie le plus les bellicistes.

Traduit de l’anglais par Desk Russie. Lire la version originale.

heinemann bio

Andreas Heinemann-Grüder est un politologue allemand spécialisé dans les régimes post-soviétiques, le fédéralisme comparé, les relations civilo-militaires et les groupes armés irréguliers. Il est chercheur senior au Centre pour les études avancées en sécurité, stratégie et intégration (CASSIS) et chercheur principal au Centre international de Bonn pour les études sur les conflits (BICC).

Il a étudié l'histoire, les sciences politiques et la littérature allemande à l'Université libre de Berlin et a suivi un programme de troisième cycle à l'Université Lomonossov de Moscou. Il a obtenu son doctorat à l'Université libre de Berlin en 1989 et son habilitation à l'Université Humboldt de Berlin en 1999.

Heinemann-Grüder a enseigné dans plusieurs universités prestigieuses, notamment l'Université libre de Berlin, l'Université Duke et l'Université de Pennsylvanie. Il a également conseillé diverses institutions gouvernementales et internationales, telles que la Chancellerie allemande, le ministère des Affaires étrangères, l'OSCE et l'OTAN. Il est également membre du Conseil consultatif du gouvernement fédéral allemand pour la prévention des crises civiles et la consolidation de la paix.

Parmi ses publications notables figurent Lehren aus dem Ukrainekonflikt - Krisen vorbeugen, Gewalt verhindern (Leçons du conflit en Ukraine : Prévenir les crises, éviter la violence) (2021) et Osteuropa zwischen Mauerfall und Ukrainekrieg (L'Europe de l'Est entre la chute du Mur et la guerre en Ukraine) (2022).

Notes

  1. Trutz von Trotha, “Soziologie der Gewalt”, Kölner Zeitschrift für Soziologie und Sozialpsychologie, N° 37 (1997), pp. 10-56.
  2. Walter Benjamin, Zur Kritik der Gewalt, édition Suhrkamp, Francfort-sur-le-Main, 1999.
  3. Russian Lawmakers Approve Punishments for Criticism, ‘Fake’ Info on Mercenaries”, The Moscow Times, 14 mars 2023.
  4. Voir les messages quotidiens sur le site du ministère russe de la Défense consacré à la guerre (1), ainsi que (2).
  5. Les stratégies rhétoriques se trouvent dans le document suivant : Ivan Egorov, « 13 otvetov na voprosy o pritchinakh spetsoperatsii na Ukraine », Rossiyskaya gazeta, 23 mars 2022.
  6. « Viatcheslav Volodine : Esli by ne natchalas rossiïskaïa spetsoperatsia, na sledouïoushi den natchalas by operatsia NATO », Gosoudarstvennaïa douma, 3 mars 2022.
  7. Ibid.
  8. « Mémorandum relatif aux garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Budapest, 5 décembre 1994 », Traités et accords internationaux enregistrés ou classés et inscrits au Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies, Vol. 3007, Nos. 52234-52254 (2014), pp. 167-182.
  9. « L’Ukraine entame des consultations dans le cadre du mémorandum de Budapest. Volodymyr Zelenskyy à la conférence de Munich sur la sécurité », Président de l’Ukraine, 19 février 2022.
  10. Ibid.
  11. Lorenzo Tondo, “Russia Accuses Kyiv of Deadly Missile Attack on Donetsk”, The Guardian, 15 mars 2022.
  12. Olga Robinson, Shayan Sardarizadeh, Jake Horton, “Ukraine War : Fact-Checking Russia’s Biological Weapons Claims”, BBC, 15 mars 2022.
  13. Voir l’analyse du terme « banderovtsy » dans Alexeï Levinson, « Comment les Russes perçoivent l’Ukraine et les Ukrainiens », Desk Russie, 27 janvier 2024.
  14. ‘War Hero’ Savchenko Accused of Terror Plot, Levels Own Accusations in Ukraine”, Radio Free Europe/Radio Liberty, 15 mars 2018.
  15. Ivan Popp, Ilia Shakhnovitch, « Gosoudarstvennaïa politika po sokhraneniou istoritcheskoï pamiati grajdan Rossiïskoï Federatsii : normativno-pravovoï aspect », Pedagoguitcheskoïe obrazovanie v Rossii, N° 12 (2018), pp. 42-48 ; Daria Snegova, Anastasia Mayer, « Poutin podpisal oukaz o sozdanii Natsionalnogo tsentra istoritcheskoï pamiati », Vedomosti, 2 novembre 2023.
  16. « Ekspert nazval zadatchou voïenno-polititcheskogo oupravlenia Vooroujennykh sil », RIA Novosti, 30 juillet 2018).
  17. « Zamministr oborony nazval osnovnye zadatchi novykh voïenno-polititcheskikh organov VS RF », TASS, 1er septembre (2018).
  18. Voir l’interview du général russe Anatoli Koulikov dans « Nikto tak ne jelaet mira, kak voïennye », Izdatelstvo Derjava.
  19. Lioubov Stepouchova, « Ukraina rastchelovetchivaet rousskikh s tribuny OON », Voïenno-istoritcheski journal, 4 décembre 2020.
  20. Vladimir Kiknadze, Spetsoperatsia. Ukrainski front voïny protiv Rossii, Prometeï, Moscou, 2023.
  21. Putin unterzeichnet umstrittenes Gesetz gegen Geschichtsfälschung”, NZZ, 1 juillet 2021.
  22. « RF zapretila sravnivat deïstvia SSSR i natsistskoï Germanii », DW, 1 juillet 2021.
  23. Vladimir Kiknadze, Rossiïskaïa politika zachtchity istoritcheskoï pravdy i protivodeïstvia propagande fachizma, ekstremizma i separatizma, Prometeï, Moscou, 2021.
  24. Voir Carl von Clausewitz, On War, Penguin, Harmondsworth, 1968.
  25. « Ukrainski desantnyky spilno z pobratymamy… », Compte Facebook du Commandement des troupes d’assaut aéroporté des Forces armées ukrainiennes, 13 avril 2022.
  26. « Vsia pravda o prestoupleniakh Ukrainy na Donbasse », Kremliovskaïa pratchka, 26 février 2022.
  27. Pour en savoir plus sur les aspects techniques du document : Sopo Gelava, “Telegram Channels Amplified Document Falsying Russian Invasion”, Digital Forensic Research Lab, 16 mars 2022 ; Elise Thomas, “Explainer : The Anti-Ukraine ‘Report’ Spreading on Telegram”, Centre for Information Resilience, 28 avril 2022.
  28. « Istotchnik “Vajnykh istorii” : arestovanny polkovnik FSB Poliakov rabotal v Oupravlenii po zachtchite konstitoutsionnogo stroïa UFSB po Moskve i oblasti », Vajnyïe istorii, 15 juillet 2023.
  29. Ibid.
  30. Thomas, « Explainer : Le “rapport” anti-Ukraine qui se répand sur Telegram».
  31. Voir (1).
  32. « Pamiatka voïennosloujachego vooroujennykh sil Rossiïskoï Federatsii, outchastvouïouchego v spetsialnoï voïennoï operatsii na territorii Oukrainy, Louganskoï i Donetskoï narodnykh respoublik »
  33. Conflict with Ukraine : November 2022”, centre Levada, 12 décembre 2022. Voir également Levinson, « Comment les Russes perçoivent l’Ukraine et les Ukrainiens ».

Abonnez-vous pour recevoir notre prochaine édition

Deux fois par mois, recevez nos décryptages de l'actualité.