Le bouleversement que vivent les États-Unis après l’élection de Donald Trump et ses premières annonces sur la politique qu’il mènera ont pris l’Europe de court. Selon l’autrice, le régime que veut imposer Trump aux Américains a des ressemblances avec celui de Poutine et, dans les deux cas, la complaisance des oligarques y joue un rôle important. S’agit-il d’évolutions parallèles qui expliqueraient le rapprochement structurel entre les deux pays ? Dans quelle mesure le Kremlin a-t-il encouragé ces changements dans la société américaine et dans l’entourage de Trump à travers l’infiltration des élites conservatrices ? Telles sont les questions cruciales posées dans cette analyse sans concession.
Pouvez-vous vous dissimuler que la faction jacobite [jacobine] a causé tous les désordres ?… Organisée comme un empire dans sa métropole et dans ses affiliations, aveuglément dirigée par quelques chefs ambitieux, cette secte forme une corporation distincte au milieu du peuple français, dont elle usurpe les pouvoirs, en subjuguant ses représentants et ses mandataires […]. Chaque jour affaiblit les autorités constituées, substitue l’esprit d’un parti à la volonté du peuple ; l’audace des agitateurs impose silence aux citoyens paisibles, écarte les hommes utiles ; le dévouement sectaire tient lieu des vertus privées et publiques, qui, dans un pays libre, doivent être l’austère et unique moyen de parvenir aux premières fonctions du gouvernement…
Adresse de La Fayette aux Français en juin 17921
La deuxième révolution américaine
Les idéologues du mouvement MAGA n’ont jamais caché leur intention de faire une révolution aux États-Unis. Elon Musk l’a proclamé : « Ce gouvernement sera le plus révolutionnaire que l’Amérique ait connu depuis la guerre d’indépendance. » À l’annonce de la création du DOGE (Department of government efficiency), l’organisme de purge des fonctionnaires qui lui est confié, il martèle : « This won’t be business as usual. This is going to be a revolution. »
Depuis la réélection de Trump, les Américains ont le sentiment d’être pris dans un engrenage qu’ils ne maîtrisent pas : « “Secousse” — le terme est faible. Il faudrait dire “bouleversement”. Ou plutôt “révolution”, peut-être. Moins de deux semaines après sa réélection, Donald J. Trump s’est lancé dans une nouvelle campagne visant à briser les institutions de Washington comme aucun nouveau président ne l’a jamais fait durant son office », écrit Peter Baker, le correspondant en chef du New York Times à la Maison-Blanche.
Avant même l’investiture de Trump, on observe aux États-Unis tous les symptômes caractérisant une révolution en marche. L’état d’esprit des démocrates américains ressemble fort à celui des libéraux français dépassés par les événements en 1788-89. Écoutons le marquis de Bombelles évoquant la France de novembre 1788 : « Nombre de nos amis deviennent fols ; quiconque ose élever la voix en faveur des anciennes formes est regardé avec dédain […]. Comme des insensés nous courons à notre perte. Nous secouons un joug qui a été habituellement doux et, pour réprimer des abus passagers, […] nous lâchons la bride à des passions qui nous soumettront à des malheurs bien plus durables, bien plus incurables2… » Deux ans plus tard, un révolutionnaire repenti, l’abbé Raynal (mai 1791), alors âgé de 78 ans, tient ce discours devant l’Assemblée : « J’ai entendu ces voix insidieuses […] qui vous inspirent de funestes défiances, pour vous faire abattre successivement tous les appuis du gouvernement […]. J’ai frémi surtout lorsqu’en observant […] ce peuple qui veut être libre, je l’ai vu, non seulement méconnaître les vertus sociales, l’humanité, la justice, seules bases d’une liberté véritable, mais encore recevoir avec avidité les nouveaux germes de corruption […]. La France entière présente deux tribus très prononcées, celle des gens de bien, des esprits modérés, classe d’hommes muets et consternés maintenant, tandis que des hommes violents s’électrisent, se serrent et forment un volcan redoutable qui vomit des torrents de laves capables de tout engloutir […]. »
Beaucoup de démocrates sont stupéfaits du comportement irrationnel de leurs compatriotes et peuvent dire, comme l’historien Salluste, témoin du naufrage de la république romaine : quand les Romains avaient tout ce que les mortels peuvent souhaiter, « la paix et les richesses, il se trouva pourtant des citoyens pour travailler obstinément à leur perte et à celle de la république3 ».
Le constat est amer : « Près de la moitié des Américains ont fait une croix sur la démocratie. Ils veulent le retour de leur Amérique, ils croient que seul un homme fort peut y parvenir. Plus Trump se montrera autoritaire, plus il sera populaire », constate Joe Walsh, un ancien congressman républicain. Certains démocrates se livrent à une douloureuse introspection, cherchant à comprendre les causes de leur débâcle et réfléchissant aux moyens de limiter les dégâts d’une administration Trump. Ils sentent que l’abandon du wokisme est la condition de l’émergence d’une coalition anti-Trump avec les républicains modérés.
Mais la démoralisation des gens raisonnables qui se sentent impuissants à aller à contre-courant prédomine : « Nous sommes comme les Allemands en janvier 1933 en train de nous demander si les institutions démocratiques tiendront le coup », observe le psychologue John Gartner. Et comme les monarchistes français en 1791, les adversaires du trumpisme se prennent à espérer « que l’ordre finira par renaître de l’excès du mal4 ». Certains penchent même pour une politique du pire, escomptant que la révolution trumpienne sera victime de ses débordements et que « le retour de la raison sera hâté par le mécontentement public5 ».
Trump « a montré comment un candidat bestial peut changer l’ambiance du pays », remarque l’éditorialiste George Will. Selon lui, l’équilibre madisonien entre les branches du pouvoir était compromis depuis longtemps : le Congrès n’avait que trop souvent consenti à déléguer à l’exécutif ce qui était constitutionnellement de son ressort, abandonnant peu à peu ses pouvoirs au président. Dans cette optique, la dérive trumpienne ne ferait que couronner un processus à l’œuvre depuis plusieurs décennies, processus que George Will estime réversible.
En revanche, Steve Bannon, un des idéologues du nouveau régime, est persuadé que les États-Unis ont déjà franchi un point de non-retour : « Quelque chose a changé au cours des dernières 48 heures dans cette ville, dans la capitale impériale. On a le sentiment qu’il y a eu un tremblement de terre dans la culture politique. Et je pense qu’on sait qu’il n’y aura pas de retour en arrière. » Toute révolution cherche à créer l’irréversible. En France ce fut le régicide, en URSS la collectivisation, dans l’Allemagne nazie ce fut la Shoah. Trump a convaincu une grande partie de ses concitoyens que le gouvernement était leur ennemi, que le peuple américain, tout comme lui-même, en étaient des victimes et qu’il y avait une immense revanche à prendre. L’heure est à la démolition.
La revanche du politique
La grande question qui se pose à nous est celle-ci : dans quelle mesure la dynamique révolutionnaire qui balaie l’Amérique est-elle endogène ? Dans quelle mesure des évolutions parallèles ont-elles eu lieu aux États-Unis et en Russie, qui expliqueraient le rapprochement structurel entre les deux pays, (v. infra) ? Dans quelle mesure le Kremlin a-t-il eu une influence directe ?
L’histoire nous fournit des exemples de républiques qui succombent en se transformant en empires. On pense au précédent d’Athènes : victorieuse des Perses, entourée d’alliés recherchant la protection de sa flotte, Athènes est devenue un empire maritime opulent qui, en quelques décennies, se rendra odieuse à ses alliés, leur extorquant sans scrupules des fonds qu’elle s’approprie ; Athènes livrée aux démagogues, convertie à la loi du plus fort, va s’engluer dans la fatale guerre du Péloponnèse pour ramener sous sa férule ses alliés insurgés. L’analogie est encore plus frappante avec Rome, où les institutions républicaines n’ont pas résisté à l’afflux des richesses de l’Asie, à la disparition de l’ennemi carthaginois et à l’affermissement de l’empire.
Relisons Salluste : « …Quand les plus puissants rois furent domptés, les peuplades barbares et les grandes nations soumises par la force, Carthage, la rivale de l’empire romain, détruite jusqu’à la racine, lorsque mers et terres s’ouvraient toutes au vainqueur, la fortune se mit à sévir et à tout bouleverser. […] D’abord la soif de l’argent s’accrut, puis celle du pouvoir ; ce fut là pour ainsi dire l’aliment de tous les maux. La cupidité détruisit la loyauté, la probité, et toutes les autres vertus […]. Le progrès de ces vices fut d’abord insensible […]. Puis, lorsque la contagion se fut répandue comme une épidémie, la cité changea ; le plus juste et le meilleur des gouvernements se transforma en un empire cruel et intolérable6. » L’illusion de la puissance militaire a eu un effet délétère : « Gardez-vous de croire que c’est par les armes que nos ancêtres ont fait d’un petit État notre grande République. […] Ce sont d’autres qualités qui firent leur grandeur, qualités que nous n’avons plus : au dedans l’amour du travail, au dehors une autorité fondée sur la justice ; dans les conseils un esprit libre, exempt de remords comme de passion. Au lieu de cela nous avons l’amour du luxe et de l’argent, la ruine des finances publiques, l’opulence des particuliers. Nous vantons les richesses, nous suivons la paresse7… »
Ces précédents nous incitent à nous demander si les États-Unis ne sont pas emportés par une lame de fond, si la désagrégation des institutions démocratiques n’est pas, entre autres, une conséquence à retardement de la fin de la guerre froide. Après l’effondrement de l’URSS, les dirigeants américains n’ont pas seulement cru à la fin de l’histoire, ils ont cru à la fin du politique. La main invisible du marché allait se charger de tout régler, pensait-on. Les dirigeants démocrates s’imaginaient que leur rôle consistait à apporter de légers correctifs à la dynamique créatrice des marchés. Le champ politique paraissant s’être atrophié, ils se lancèrent dans le sociétal, dans la défense des groupes minoritaires, s’aliénant une grande partie du peuple américain, y compris les soi-disant minorités qui ne se reconnaissaient nullement dans les fantasmes idéologiques déversés par les campus. Il y a actuellement dans les démocraties une aspiration non à l’homme fort, comme veut nous le faire croire la propagande poutinienne, mais à l’homme d’État, c’est-à-dire à un dirigeant qui ne soit pas un gestionnaire déboussolé aux yeux rivés sur les sondages, mais un chef capable de prévoir, de faire prévaloir l’autorité, de mettre les intérêts communs au-dessus de ses intérêts personnels, tout en respectant les lois.
La Russie post-communiste fut aussi victime de l’illusion du « consensus washingtonien ». Au lieu de s’attacher à la mise en place d’une démocratie représentative, les Occidentaux crurent que l’émergence du marché résoudrait tout. Ils négligèrent les institutions en se focalisant sur les privatisations. Ils crurent que le KGB était une sorte d’ENA à la russe et prirent Poutine pour un modernisateur. On voit aujourd’hui le résultat de cet aveuglement.
Chassez le politique, il revient au galop : c’est ce que montre l’évolution des États-Unis avec le phénomène Trump. Le basculement final a lieu avec le ralliement à Trump de poids lourds de la crypto et de géants de la Big tech tel Elon Musk. Ici l’analogie avec la Russie saute aux yeux. Ce sont de grands oligarques qui ont propulsé Poutine au pouvoir et pour les mêmes raisons : démanteler l’État et ses institutions, les remplacer par une « verticale du pouvoir » coiffée par un simulacre d’ « homme fort » avec lequel les magnats pourront conclure des accords « d’homme à homme ». Les oligarques « cherchent à échapper aux lois comme des enfants cherchent à échapper à leur père8 », observe Platon. Aux États-Unis, les magnats du numérique voyaient d’un très mauvais œil les tentatives de l’administration Biden en matière de régulation des cryptomonnaies et son approche prudente à l’égard de l’intelligence artificielle (un récent décret oblige les entreprises à se conformer aux normes gouvernementales de sécurité en matière d’IA). Que ce soit dans la Russie d’Eltsine ou aux États-Unis, les grands oligarques perçoivent l’État comme une entrave inadmissible à leurs ambitions, et un ennemi à abattre ; le peuple comme une masse manipulable à volonté et les lois comme un dispositif mis en place par les faibles pour mettre des bâtons dans les roues des forts. Ils ont en commun la mégalomanie et l’indifférence à l’éthique. Un exemple sidérant : Trump vient de nous expliquer que l’Ukraine aurait perdu « de façon ridicule » 400 000 soldats et « bien plus de civils » (8 décembre). Que l’on puisse se faire tuer pour être libre ne l’effleure même pas. Que la Russie mène contre l’Ukraine une guerre génocidaire n’entre tout simplement pas dans l’horizon étriqué de la famille Trump et de la secte MAGA.
Le téléguidage russe
Cette convergence profonde explique l’influence que la Russie, pionnière dans cette évolution, a pu acquérir outre-Atlantique. Mais on est aussi en droit de se poser la question d’un téléguidage russe délibéré. Certes, toute révolution engendre le complotisme et s’en nourrit, comme l’a montré Edmond Dziembowski dans sa magistrale étude sur le complotisme dans la Révolution française9. Si dans la France de 1789-1794 les fantasmes conspirationnistes ne reposaient sur rien, dans le cas des États-Unis le dossier de l’ingérence russe en faveur de Trump est déjà bien étoffé, et le rôle de la main de Moscou est attesté non seulement par les rodomontades de la propagande du Kremlin, mais par la nature des transformations en cours.
Il est un moyen facile de distinguer ce qui dans le programme d’action de la secte MAGA part d’une aspiration autochtone et ce qui est inspiré par la nébuleuse kremlinophile. Pour cela, il suffit de partir des objectifs russes concernant les États-Unis. Depuis l’été 1945, les dirigeants du Kremlin veulent chasser les Américains d’Europe pour avoir la haute main sur le continent. Ils travaillent à saper tous les instruments de la puissance américaine, les alliances, la force militaire, « l’hégémonie du dollar », l’attraction idéologique qui s’incarnait dans « le rêve américain ». En 1987, selon Gueorgui Arbatov, l’un des conseillers de Gorbatchev, l’URSS ambitionnait de faire des États-Unis « un paria de la communauté internationale10 ». Après la chute de l’URSS, les élites russes proches du Kremlin et des siloviki rêvent du démembrement des États-Unis, voire d’une guerre civile. Le journaliste influent Maksim Chevtchenko avait ainsi commenté sur la radio Ekho Moskvy l’inauguration de Trump en 2017 : « Je veux que ces quatre années voient un raz-de-marée de la confrontation politique aux États-Unis […]. Je veux voir l’élite des États-Unis s’affronter à un nouveau Gettysburg. […] Je veux qu’au Vermont, de nouveaux confédérés et des militants populaires se soulèvent contre le pouvoir fédéral. Je veux que les Afro-Américains de Ferguson se souviennent des policiers blancs qui ont tué les leurs. […] Voilà pourquoi l’arrivée au pouvoir de Trump m’inspire beaucoup d’espoir. Voilà pourquoi je l’ai soutenu et je soutiendrai tous ceux dans l’establishment américain qui iront à la confrontation, la division et la scission. […] Tous contre tous — voilà mon scénario pour l’Amérique11. »
Les hommes du Kremlin ont entrepris, d’une part, de rendre les États-Unis haïssables dans le monde entier ; de l’autre, d’inciter les Américains à démanteler eux-mêmes leur État, en ciblant particulièrement les instruments de leur puissance : le Pentagone et les services spéciaux, et « l’hégémonie du dollar » (« devise satanique » selon Alexandre Douguine). On peut penser que la plupart des mesures allant dans ce sens, adoptées par la secte MAGA, sont impulsées par les agents conscients ou inconscients du Kremlin.
Un calque du système poutinien
Au fond, les dirigeants russes ont compris que le meilleur moyen de détruire les États-Unis était de les poutiniser. La première étape consistait à trouver un homme capable de mettre en œuvre cette politique, un homme dont la motivation profonde était la même que celle de Poutine, un homme exclusivement mu par la vanité, la cupidité, le ressentiment et la soif de vengeance. Trump cochait toutes les cases. Le gourou était trouvé, restait à façonner la secte. Grâce aux réseaux sociaux, le Kremlin eut la possibilité d’appliquer aux masses américaines les recettes qui lui avaient permis de décérébrer les Russes : peinture apocalyptique de l’état de choses existant, désignation de l’ennemi (le deep state, les élites), rhétorique de la haine et du ressentiment, accoutumance à la bassesse et à l’avilissement. Les « spin doctors » du Kremlin ont trouvé aux États-Unis des adeptes de talent, tel Steve Bannon qui a fort bien résumé sa tâche : « Il ne s’agit pas de persuasion : il s’agit de désorientation. » En effet, celui qui veut persuader s’adresse à la raison. Ici, il s’agit du contraire : faire appel aux affects et s’appuyer sur la bêtise. La cible principale n’est pas l’opposition, explique encore Bannon. « Les démocrates n’ont pas d’importance », déclare-t-il à l’écrivain Michael Lewis en 2021. « La véritable opposition, ce sont les médias. Et la façon de s’en occuper, c’est d’inonder la zone de merde. » Recette sortie tout droit de l’arsenal poutinien. La propagande russe a contribué à pousser les États-Unis dans le monde de la post-vérité. Elle a popularisé la campagne antivax qui joue dans l’essor de la mouvance MAGA le même rôle que le mesmérisme en vogue à Paris de 1778 à 1785 dans la genèse de la Révolution française. Mesmer prétendait guérir les maladies grâce à un fluide magnétique. L’engouement qu’il suscita popularisa une pensée subversive, car Mesmer contestait les instances scientifiques officielles dénonçant l’imposture, ce qui encouragea la « cristallisation d’un radicalisme fruste12 », comme le montre Edmond Dziembowski dans l’ouvrage mentionné plus haut. La mouvance pro-russe semble systématiquement attirer les cinglés. Ainsi le très pro-Poutine Tucker Carlson, un journaliste adepte fervent de Trump, affirme avoir été attaqué et griffé par un démon dans son lit. À force de fréquenter Douguine, il s’est persuadé que « Satan lui-même » dirige la Maison-Blanche du président Joe Biden. L’importance de cette composante de charlatanerie décomplexée et de croyances délirantes dans la nébuleuse pro-russe est aussi attestée par l’ascension foudroyante de Calin Georgescu, le candidat pro-russe à la présidence de la Roumanie. Antivax fanatique, ce personnage affirme que Fanta et Pepsi contiennent des puces électroniques qui s’infiltrent dans le cerveau, que l’homme n’a pas marché sur la Lune, et critique les naissances par césarienne qui « brisent le fil divin ». Georgescu a préfacé la traduction en roumain de The Real Anthony Fauci, le best-seller antivax de Robert Kennedy Jr., futur ministre de la Santé publique dans l’administration Trump. Le même Kennedy se plaignait il y a quelques années que le seul media où il pût s’exprimer était Russia Today.
Comme la propagande communiste, la propagande poutinienne sait repérer les points sensibles des démocraties, s’en emparer et, en leur conférant une explication complotiste, les transformer en boules de démolition. Dans les années 1930, l’ « antifascisme » fut l’un de ces thèmes exploités par l’URSS stalinienne pour séduire une grande partie de l’intelligentsia et de la classe ouvrière occidentales et se créer de puissants réseaux d’influence dans les élites. En réalité, ce slogan servait à dresser les masses contre leur gouvernement, accusé de complicité « de classe » avec le fascisme. Dans les années 1950, ce fut « la lutte pour la paix » qui permit de saper les gouvernements, accusés de bellicisme pour leur soutien à l’OTAN, et d’élargir aux Églises la mouvance soviétophile. Aujourd’hui « l’antiwokisme », le slogan des « valeurs traditionnelles », remplissent la même fonction : monter les masses contre les élites, discréditer les médias et faire passer un programme de paralysie ou de démantèlement des États. Ce pilonnage de propagande vise systématiquement au rétrécissement du monde et à l’atrophie morale, de manière à inciter chaque citoyen à oublier le bien commun et à se concentrer sur ce qui lui est présenté comme son intérêt immédiat. Le chauvinisme, l’esprit de clocher, le provincialisme, l’égoïsme national à courte vue et la xénophobie sont cultivés par le Kremlin dans tous les pays qu’il veut faire passer sous son influence. Un exemple parmi des milliers, cette déclaration de Pete Hegseth, choisi par Trump en tant que futur chef du Pentagone : « L’Ukraine est importante, mais tout cela pâlit comparé à la criminalité dans nos rues, le woke dans notre culture […]. »
Les choix faits par Trump depuis son élection, les mesures annoncées rappellent de manière frappante les transformations opérées en Russie par Poutine en 2000, durant les premiers mois de son règne. Le président américain est en train de se constituer une « verticale du pouvoir » à l’image de celle mise en place par Poutine. Comme le président russe, il s’appuie sur un clan d’oligarques à sa botte. Le critère de ses choix est le même que celui de Poutine : il ne veut autour de lui que des yes men, des hommes dociles qui ne dépendent que de lui. Comme Poutine, il a une prédilection pour les personnalités ayant eu maille à partir avec la justice, entachées de kompromat, que ce soient des affaires de mœurs ou des affaires de corruption. Déjà Salluste pointait la redoutable solidarité de ceux qui ambitionnent l’impunité pour leurs délits : « Des gens couverts de crimes […] se sont emparés de la République […]. Plus ils sont coupables, plus ils sont à l’abri ; la crainte que devraient leur inspirer leurs crimes, c’est à vous qu’ils l’inspirent, par votre lâcheté. La conformité de leurs désirs, de leurs haines, de leurs craintes, les a fondus en un seul bloc13 […]. »
Les personnalités promues par Trump à des postes gouvernementaux ont deux points communs : la soumission absolue à sa personne et la télégénie. Il n’y a aucune cohérence idéologique dans son équipe. Comme Staline, comme Poutine, Trump préfère les carriéristes sans scrupules et fuit les hommes de conviction, car ils ne sont pas manipulables. Selon Rick Wilson, ancien stratège républicain et co-fondateur du Lincoln Project, un comité de républicains opposés à la réélection de Trump, aucune des personnalités sélectionnées par Trump n’a les compétences nécessaires pour occuper son poste. Leur seule expertise consiste à manier la brosse à reluire. Ainsi Michael Waltz, le futur conseiller en Sécurité nationale, s’est distingué en proposant de rebaptiser l’aéroport Dulles en aéroport Trump. Sebastian Gorka, son adjoint, un protégé de Steve Bannon, a été traité d’ « escroc » par John Bolton qui réclame une enquête du FBI sur ses antécédents. Un charlatan antivax comme Robert Kennedy est en charge de la santé publique, un délinquant sexuel devait se voir confier la Justice, la Défense échoit à un présentateur de télévision qui a défendu les criminels de guerre, la Marine à un oligarque ayant fait une importante donation à la campagne de Trump ; le FBI doit être dirigé par Kash Patel, un complotiste qui hait cette agence au point que dans une interview en septembre, il a appelé au démantèlement de son siège à Washington, et à sa « transformation en musée du deep state » ; dans une interview en 2023 avec Steve Bannon, Patel avait annoncé que le ministère de la Justice sous Trump « donnerait la chasse aux conspirateurs, non seulement au sein du gouvernement mais dans les médias ». La coordination du renseignement est confiée à Tulsi Gabbard, dite « le perroquet du Kremlin », autrefois une adhérente de la secte Science de l’Identité dirigée par un gourou sulfureux14. Matt Whitaker, un avocat féru de football « qui serait incapable de nommer les pays membres de l’OTAN », est catapulté ambassadeur auprès de l’OTAN.
Trump semble possédé « par un désir nihiliste de détruire les institutions », constate le philosophe Damon Linker. Ce substrat nihiliste en fait l’instrument rêvé de ce « groupe de gens animés par une sorte de ferveur révolutionnaire […] qui vont lancer un assaut jacobin contre nos institutions démocratiques ». Presque toutes les personnalités choisies par Trump représentent en quelque sorte la négation de l’administration qui leur est confiée, renchérit l’éditorialiste Rob Tracinski. « C’était comme une déclaration explicite : “Je vais tout casser”. » Tracinski observe aussi que Trump aime humilier ceux qui le servent, voir jusqu’où ils iront dans l’avilissement. « C’est comme s’il disait : “Je peux vous faire avaler n’importe quoi parce que je vous ai corrompus petit à petit. Je peux faire de vous ce que je veux”. » Bref, résume le blogueur Michael Popok : « Ce cabinet, notamment la Défense, la Santé publique, le Renseignement, la Justice, tous ces gens semblent avoir été sélectionnés par Poutine. On ne voit pas en quoi une liste Poutine et une liste Trump peuvent différer. Même dans ses rêves, Poutine n’aurait jamais pu imaginer un pareil résultat en Amérique. Voilà qu’un président élu aux États-Unis choisit lui-même ceux que Poutine souhaitait voir occuper ces postes. C’est à croire qu’il est un cheval de Troie, que c’est Trump et pas Gabbard, l’agent russe […]. » Conclusion : « Donald Trump est en train de démolir notre sécurité nationale en plein jour. » Du côté russe, c’est l’extase : « Quelle fantastique équipe », se félicite Soloviov. « Si on les laisse faire, ils vont démolir l’Amérique en une demi-heure, brique par brique. » C’est surtout Kash Patel à la tête du FBI, ce « pilier de l’État profond », et Hegseth à la tête du Pentagone qui suscitent l’enthousiasme à Moscou. Kash Patel, « ce type aux yeux un peu fous, organisera à coup sûr une lustration au FBI », se réjouit un invité de Soloviov. Trump donne la priorité à l’ennemi intérieur et il comprend que s’il choisit l’affrontement avec la Russie, il devra « remettre au pouvoir ses ennemis politiques […]. Nous devrons en tenir compte au moment des négociations. » Les propagandistes poutiniens se félicitent de ce qu’il n’y aura plus personne pour dire à Trump : « Ça, il ne faut pas le faire » et que tous lui diront en chœur : « Excellente décision ! C’est ainsi qu’il faut agir ! » Dans son récent discours à Astana, Poutine se délecte de la « déchéance du système politique des États-Unis ».
Pour installer sa « verticale du pouvoir », le président russe a vidé toutes les institutions de leur contenu. Les médias ont été mis au pas par la corruption, l’intimidation et le contrôle des oligarques proches du pouvoir, le Parlement est devenu une chambre d’enregistrement, les partis sont devenus des avatars du parti du pouvoir, Russie unie ; les régions ont été mises en tutelle par des commissaires politiques imposés aux gouverneurs.
Quand Trump annonce son intention d’en finir avec ce qu’il appelle l’État profond (deep state), c’est-à-dire l’élite bureaucratique et financière qui domine la vie politique aux États-Unis depuis les années 1980, il poursuit exactement le même objectif, consistant à évider les administrations afin de faire place nette à sa « verticale du pouvoir ». Certes, Trump n’est pas un idéologue, pas plus que Poutine. Il poursuit contre les différentes administrations une vendetta personnelle. Mais une vendetta peut mener très loin, on le voit aujourd’hui à l’exemple de Poutine et de l’Ukraine. Les méthodes sont identiques à celles de Poutine : intimidation et corruption. Trump a déclaré que le « vrai pouvoir » est la capacité d’engendrer la peur. En nommant Elon — « notre Musk », comme disent les propagandistes du Kremlin — pour diriger le fameux DOGE, Trump s’est donné le moyen d’exercer le contrôle sur les bureaucrates de l’État en suspendant sur leur tête une épée de Damoclès toujours prête à tomber. Musk « c’est la Tchéka », déclare à la télévision russe un invité de la présentatrice Skabeïeva, « et maintenant ça va chauffer ». Déjà, Elon Musk accuse le colonel Vindman de haute trahison, car il serait « à la solde des oligarques ukrainiens », faute pour laquelle « il paiera la sanction appropriée ».
Le Sénat est dans le collimateur. En effet, il examine et confirme par un vote, d’abord en commission, puis en séance plénière, les nominations des ministres, de leurs adjoints, mais aussi des ambassadeurs, des responsables militaires, des directeurs des multiples agences fédérales et des juges, notamment ceux de la Cour suprême. Cela implique des enquêtes minutieuses, notamment celle du FBI. Donald Trump exige des sénateurs qu’ils renoncent à cette pratique et approuvent ses candidats sans y regarder de trop près. Marjorie Taylor Greene, qui représente la Géorgie à la Chambre et a été l’auxiliaire la plus zélée du Kremlin pour torpiller l’aide à l’Ukraine, ne se prive pas de menacer le Sénat au cas où il s’opposerait à la nomination de certaines personnalités choisies par Trump. Sa conception du Sénat est identique à l’idée que les poutiniens se font de la Douma : « Le mandat que Trump a reçu du peuple américain lui permet de nommer qui il veut. Votre boulot est de dire “À vos ordres” et de vous exécuter fissa. Quoi que Trump ait décidé de faire, nous trouverons un moyen de le mettre en œuvre. » Marjorie Taylor Greene semble avoir le talent d’anticiper les désirs du Kremlin lorsqu’elle déclare que les États bleus (gouvernés par les démocrates) sont des « traîtres » et qu’il faudrait penser à un « divorce national ». Le rêve d’un éclatement des États-Unis semble désormais à portée de main.
L’isolationnisme et l’unilatéralisme complètent le dispositif d’autodestruction inspiré du modèle poutinien. George Will estime que la réalisation du programme économique de Trump va provoquer « une récession telle que nous verrons l’herbe pousser dans les rues des villes américaines ». À l’en croire, si Trump tient ses promesses électorales, il ruinera le commerce, il cassera les chaînes d’approvisionnement. Tout cela serait pain bénit pour le Kremlin qui rêve de mettre les États-Unis au ban des nations. Un président qui en un tweet nocturne se met à dos les deux voisins et partenaires de Washington, le Mexique et le Canada, qui dit mieux ? Aujourd’hui, Trump menace de taxer à 100 % les BRICS. Du coup la Russie et la Chine se frottent les mains, ravies de pouvoir montrer que les États-Unis sont un acteur irresponsable.
L’empreinte russe
Poutine est-il en mesure de faire chanter Trump ? L’extraordinaire insolence du Kremlin le laisserait entendre. Comment interpréter l’exhibition de photos de Mélania fort dénudée sur la première chaîne de la télévision russe ? Le toupet de Poutine niant qu’un entretien avec Trump ait eu lieu alors que celui-ci venait d’affirmer le contraire ? En tout cas, Trump revient à la pratique funeste des canaux secrets avec Moscou, l’un des instruments favoris de l’ancien KGB pour arracher des concessions aux dirigeants occidentaux en les cachant aux opinions publiques. Orban et Tucker Carlson assurent ces canaux secrets, et on imagine les messages apportés par ces deux hommes dévoués à Poutine.
On peut aussi s’interroger sur les étranges propos de Nikolaï Patrouchev, un intime du président russe, ancien secrétaire du Conseil de sécurité, selon lequel « pour l’emporter dans les élections, Donald Trump s’est appuyé sur certaines forces envers lesquelles il a des obligations. Et en tant que personne responsable, il sera obligé de les remplir. » Et de rappeler significativement que des présidents américains ont fini assassinés, que Trump ferait bien de prendre des mesures de sécurité… Quelques jours plus tard à Astana, après avoir évoqué les vilenies commises contre Trump par les tenants du deep state, Poutine en remet une couche : « Trump n’est pas en sécurité […]. Malheureusement, dans l’histoire des États-Unis, divers incidents se sont produits. Je pense qu’il [Trump] est intelligent et j’espère qu’il est prudent et qu’il comprend cela. » Cette insistance des dirigeants du Kremlin est pour le moins étrange. La plupart des observateurs l’ont interprétée comme une menace à peine voilée adressée à Trump pour le cas où il serait rétif à exécuter les ordres de Moscou. Les propos de Poutine à Astana incitent à formuler une deuxième hypothèse : le président russe, se posant en défenseur des intérêts de Trump et de sa famille, veut jouer sur sa paranoïa et lui souffler qu’il ne peut faire confiance à personne aux États-Unis. Le plus sûr pour Trump serait alors de confier sa protection au FSB. On sait que traditionnellement les services soviétiques/russes assurent la protection des dirigeants étrangers qui leur sont acquis. N’est-ce pas ce que Poutine et Patrouchev avaient à l’esprit en invitant Trump à prendre les bonnes mesures pour assurer sa sécurité ? La même logique a peut-être suggéré à Margarita Simonian, l’as de la propagande du Kremlin, de proposer quelques jours plus tard à Trump d’autoriser le retour aux États-Unis de Russia Today, en rappelant que cette chaîne a servi d’incubateur à nombre des futurs membres de son administration, invités fréquents sur ses plateaux. Trump n’avait-il pas intérêt à ce que des professionnels expérimentés fassent sa propagande pour lui?
On comprend que le Kremlin veuille préserver Trump à tout prix. Certaines mesures prévues par la nouvelle administration semblent littéralement soufflées par ses réseaux et permettent de mesurer la profondeur de la pénétration russe. Boris Epshteyn, un proche favori de Trump, éclaboussé désormais par un scandale de trafic d’influence, déclarait à qui veut l’entendre que les sanctions contre la Russie allaient être levées. Déjà Trump laisse entendre qu’il envisage de briguer un troisième mandat, bravant ouvertement la constitution, en bon émule de Vladimir Poutine. Marchant dans les pas du président russe, il joue avec l’idée de faire du Canada le 51e État américain. À Moscou, on est aux anges. Écoutons Adalbi Chkhagochev, un député de la Douma : « Les républicains sont au pouvoir pour longtemps […]. Tout indique qu’ils veulent rester au pouvoir. Il n’est pas question de se contenter de 4 ans […]. Nous devons lui [à Trump] offrir la possibilité de diriger la construction d’un monde multipolaire. » Là, il va trop loin et est sévèrement repris par le présentateur Evgueni Popov : « Non ! Nous ne le laisserons plus rien diriger. »
Mais surtout, les « siloviki » ont toujours été la cible prioritaire de Moscou dans la politique de subversion des démocraties. Les services russes essaient systématiquement d’infiltrer les services spéciaux et les forces armées des pays visés et d’en prendre le contrôle. Si Tulsi Gabbard n’est pas retoquée par le Sénat, Moscou aura un droit de regard sur les 18 services de renseignement existant aux États-Unis. L’inféodation ostensible à la Russie isolera le renseignement américain de la plupart de ses sources à l’étranger et le neutralisera durablement. Le FBI sera cantonné à la persécution des ennemis du président et de sa clique. Pour l’armée, les choses sont encore plus simples. Trump hait les généraux. Il est prévu de faire passer la haute hiérarchie devant une commission dont la tâche sera de purger l’armée. Des colonels et des généraux à une étoile devront juger des généraux à quatre étoiles et décider s’ils doivent conserver leur poste ou être mis à la retraite. Tous ceux qui ont critiqué Trump ou sont soupçonnés de ne pas être lui être dévoués seront limogés. Cette mesure, consistant à introduire la lutte de classe dans l’armée, est inspirée des pratiques bolchéviques, tout comme l’emploi de l’armée pour la répression intérieure. Trump sait qu’il peut s’appuyer sur nombre d’hommes du rang séduits par la perspective d’un homme fort. Tout cela détruira la discipline militaire pour le plus grand bonheur du Kremlin.
Mais ce n’est pas tout. La Chambre des représentants des États-Unis a adopté un projet de loi qui permettrait à Donald Trump de supprimer le statut d’organisation à but non lucratif d’un simple trait de plume sous couleur de « lutte contre le terrorisme » : encore un procédé ayant fait ses preuves en Russie.
En somme, l’Amérique de Trump risque fort de ressembler à ce tableau de la France en mai 1791 brossé par l’abbé Raynal : « Que vois-je autour de moi ? Des troubles religieux, des dissensions civiles, la consternation des uns, la tyrannie et l’audace des autres […], le sanctuaire des lois environné d’hommes effrénés qui veulent alternativement ou les dicter, ou les braver ; des soldats sans discipline, des chefs sans autorité, des ministres sans moyens […]. » Ainsi le malware MAGA peut faire crasher le puissant organisme de l’État américain. On a vu comment le régime de Poutine a poussé la Russie dans une spirale d’autodestruction. L’expérience russe devrait guérir à temps les Américains des illusions de « l’homme fort » et les pousser à stopper la machine infernale.
Mais si l’Amérique bascule et se joint à la meute des prédateurs, la fragile Europe se retrouvera seule dépositaire de l’héritage des humanités qui ont fondé l’Occident. Les Européens pourront alors se rappeler ce que le diplomate George Kennan, théoricien de la doctrine de l’endiguement de l’URSS, écrivait à ses compatriotes en juillet 1947 dans Foreign Affairs15 pour les dissuader de céder à l’isolationnisme et d’abandonner l’Europe aux appétits de Staline. La politique à mener face à l’URSS, affirmait Kennan, « est par essence une mise à l’épreuve de la valeur globale des États-Unis en tant que nation parmi les nations. Pour éviter la destruction, les États-Unis n’ont qu’à se montrer dignes de leurs meilleures traditions et dignes de se conserver en tant que grande nation. Certes, on ne saurait trouver de test plus juste de notre qualité nationale que celui-là. À la lumière de ces circonstances, l’observateur réfléchi des relations russo-américaines ne trouvera aucune raison de se plaindre du défi jeté par le Kremlin à la société américaine. Il va plutôt éprouver une certaine gratitude envers la Providence qui, en lançant au peuple américain ce défi implacable, a fait en sorte que toute sa sécurité en tant que nation dépende de sa capacité à se ressaisir et à accepter les responsabilités politiques et morales du leadership que l’histoire veut clairement qu’il assume. » Aujourd’hui ces mots s’appliquent à l’Europe. Le premier test est la survie de l’Ukraine.
Études de lettres classiques, a séjourné 4 ans en URSS en 1973-8, agrégée de russe, a enseigné l'histoire de l'URSS et les relations internationales à Paris Sorbonne.
Notes
- Cité in : Pierre-Louis Roederer, Un été d’espoir et de sang, Perrin 2019, p. 35-6.
- Marquis de Bombelles, Journal, t. II, Droz, Genève 1982.
- Conjuration de Catilina,XXXVII, 4
- Duchesse de Tourzel, Mémoires, Mercure de France 2016, p. 189.
- Marquis de Bombelles, Journal, t. III, Droz, Genève 1993, p. 255.
- Conjuration de Catilina, X, 1-6.
- Conjuration de Catilina,LII, 21-2.
- République, VII, 548 b.
- Edmond Dziembowski, La main cachée, Perrin, 2023.
- New York Times, 8/12/1987.
- V. Françoise Thom, Poutine ou l’obsession de la puissance, Litos 2022, p. 173.
- Edmond Dziembowski, La main cachée, Perrin, 2023, p. 272.
- Guerre de Jugurtha,XXXI, 12-14
- Christine Gralow, « My Battle with Tulsi Gabbard’s Cult Followers in Hawaii », Spytalk 4/12/24.
- « THE SOURCES OF SOVIET CONDUCT » by X.